Le domaine de l’art est vaste. Il regorge plusieurs spécificités, dont les arts plastiques. En 1976, Daribé Barandaya Brevet d’études du premier cycle tchadien (BEPCT) en poche, entre à l’école normale des instituteurs de Sarh. Il choisit la filière d’Art, puis se spécialise en art plastique. Qui est-il ? Ialtchad l’a rencontré à Sarh. Portrait.
Daribé Barandaya est un enfant issu d’une famille nombreuse. Il est l’avant-dernier des 21 enfants de son père, un ancien combattant. Il est Day, une ethnie du Sud Est du Tchad. Entré à l’école en 1960, il est le seul à réussir dans la famille. « Vous savez les études avant sont difficiles il faut être courageux. Les cours se déroulent le matin et le soir. Je me suis vraiment engagé et j’ai obtenu mon CEPET en 1966 et le BEPCT en 1971 », dit-il. Après le BEPCT, le fils de l’ancien combattant est admis à l’école normale des instituteurs de Sarh. « J’ai opté pour la section artistique. Cette section regroupait les jeunes venant de quatre coins du Tchad. Nous étions sept à être retenu par un couple blanc, Mme et Mr Duchêne ». Daribé Barandaya une fois les études terminées , passe son service militaire à Moussoro, dernière phase de formation, de 45 jours. Aussitôt, il est intégré, en 1976, à la fonction publique. « Entre temps lorsque vous sortez, dans le même mois on vous intègre à la fonction publique. D’abord, on vous affecte avant que votre intégration ne sorte. Je suis ensuite affecté au lycée de Dikoua Garandi de Doba et trois mois plus tard, j’ai eu mon intégration », affirme-t-il. Au Lycée de Doba, il enseigne et suit en même temps les cours avec les élèves de la terminale. Il obtient son baccalauréat série A4 en 1984. Il s’inscrit à l’université de N’Djamena. « Mon ministère m’a accepté et de surcroît j’étais bénéficiaire d’une bourse de perfectionnement en Art en Allemagne. Et je me suis spécialisé en art plastique. À mon retour, j’ai été remplacé. Je suis reparti enseigner les Arts plastiques à l’école normale de Sarh en 1986 », dit-il. Daribé Barandaya, repart à Sarh à l’école Normale d’instituteurs pour enseigner cette fois, la couture de 1986 à 2012, année de sa retraite.
« Lorsque j’étais en service, je me disais qu’il fallait préparer l’avenir de mes enfants. Mais comment ? Alors j’ai projeté avoir un terrain et construire une école des arts et des métiers. Le projet je l’ai conçu et aussitôt s’en est suivi ma retraite et le ministère de la Formation professionnelle, des métiers et d’Art m’a autorisé à fonctionner. À l’heure où je vous parle, j’ai créé une école des arts et des métiers ». Le technicien d’art plastique affirme qu’au Tchad, s’il fallait vérifier, à leur époque, il serait le seul à continuer ses études supérieures en art. selon lui, avec le BEPCT, certains ont abandonné l’art, d’autres sont devenus des surveillants d’écoles sans ambitionner de continuer dans leur métier. Ce fonctionnaire retraité de l’État a depuis 2012 une école privée d’Art et de métiers à Sarh. « J’ai un local à Kissimi dans le 6e arrondissement. L’école a démarré bel et bien en 2014-2015. Deux ans après, j’ai connu un accident qui a freiné un peu les choses. Cependant, je commence à me remettre déjà de ma santé, je préfère reprendre avec cette école. Tous les métiers du Tchad que vous connaissez sont enseignés dans mon établissement ».
« Le premier plaidoyer c’est dans la tête… »
Pour l’artiste plasticien, le plaidoyer se trouve d’abord dans la tête. « La main et le cerveau sont suffisants. Ce sont les premiers niveaux de plaidoyer à mon avis. Attendre quelque chose de quelqu’un retarde toujours les projets. Mais tout seul on n’aboutit à rien », dit le retraité. D’après lui, s’il fallait s’approcher des gens, il verra plutôt ceux qui s’y connaissent dans le métier d’art et qui peuvent lui être utiles. « C’est une école sérieuse avec plusieurs filières notamment, l’informatique bureautique, mécanique automobile, l’auto-école, la menuiserie, froid et climatisation, la couture, construction métallique, le bogolan (impression, décoration et teinture, c’est-à-dire des dessinateurs de textiles), l’élevage des petits ruminants, la culture maraîchère, la cinématographie, la danse et la musique ». Selon lui, le Tchad regorge de milliers de danses qui peuvent valoriser nos cultures. L’artiste dit suivre de près les jeunes recrûs de son école. « S’ils ont des problèmes, je les réoriente aussitôt pour leur donner une chance de réussite dans la vie », mentionne-t-il. Il y a également l’art culinaire (la cuisine et la pâtisserie). « Je suis marié père de 18 enfants, polygame ».
Très entreprenant, Daribé Barandaya a travaillé aussi comme chef d’arrondissement. « Je dispose tant d’autres projets que j’entends les réaliser si Dieu le veut et qu’il me laisse encore en vie. Il faut apprendre aux jeunes tchadiens les métiers. L’heure est à l’auto-emploi. Le meilleur dans la vie c’est de devenir son propre employeur. Il faut apprendre pour entreprendre », conseille le patriarche d’art plastique tchadien.
Moyalbaye Nadjasna