La coordination pour l’action citoyenne dénommée Wakit Tama vient d’achever sa marche pacifique ce 29 juillet comme prévu à N’Djamena, capitale, tchadienne. Du point de départ, rond-point Hamama au lieu du rendez-vous le Palais du 15-janvier. Les forces de l’ordre et de la sécurité ont bien quadrillé les manifestants. Reportage !
Il est 8h 00, les marcheurs de Wakit Tama se rassemblent au Rond-point Hamama, dans le 8e arrondissement de N’Djamena. Les forces de sécurité se déploient tout le long de l’itinéraire. Le point de départ de la marche est le Rond-point Hamama et le point d’arrivée le Palais du 15-Janvier. La grande avenue est dégagée pour l’occasion. Les marcheurs, les journalistes et les forces de sécurité l’ont conquise. La mobilisation est forte, les marcheurs sont venus nombreux, de tous les horizons et quartiers de la ville. L’ambiance était joyeuse. Chansons, coup de sifflets, pancartes en mains avec différentes mentions, les manifestants avancent lentement mais sûrement. On peut lire par exemple, « France hors du Tchad. Réviser la charte de transition. Arrêter de voler le peuple. Non à la succession dynastique. CMT ou sont nos indemnisations » entre autres.
A chaque 200 mètres, les marcheurs s’arrêtent. Soit ils entonnent l’hymne national, soit ils lancent un message. Assis sur le bitume face au palais de Justice de N’Djamena, ils observent une minute de silence puis réclament une véritable justice au Tchad. Chose impressionnante, Wakit Tama semble mieux organisé pour cette marche. En dehors de la police, tout autour des marcheurs, se trouve une haie des jeunes chargés de la sécurité. Ils quadrillent les autres. L’itinéraire est bien suivi et les manifestants après un bref arrêt non loin de l’aile gauche de l’échangeur de Diguel, sont enfin entrés au palais du 15-janvier. Les leaders de Wakit Tama se tiennent tous debout pour accueillir les marcheurs qui avancent vers eux en chantant la Tchadienne. Une ambiance stupéfiante se dessine avec des cris et youyous. Le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar invite ses camarades à paraphraser un couplé du musicien ivoirien Tiken Djafa Koli. « Aller dire au CMT qu’ils enlèvent nos noms dans leurs business, on a tout compris. Ils nous mènent souvent en bateau vers des destinations qu’on ignore, ils allument le feu et ils activent. Et après ils viennent jouer au pompier. On a tout compris », répètent-ils.
Pour Mahamat Nour Ibedou, cette marche est un début de libération du peuple tchadien. « Nous disons non au CMT et non à la France. Notre pays est souverain et indépendant. Nous avons la vérité et nous arriverons à notre but. C’est un grand jour aujourd’hui, parce que c’est pour la première fois qu’on nous autorise à marcher ».
Dr Yombatnan Sitack, estime pour sa part qu’il faut que justice règne dans ce pays. « Il n’y a pas la paix sans la justice, sans le pardon et la réconciliation. C’est la raison de notre marche. Chaque jour que Dieu fait, nous ne savons pas dans quelle destination le CMT nous mène », dit-il. Selon lui, la charte doit être révisée pour donner des garanties, avant de préciser que c’est l’exigence du peuple, de l’UE, et de l’UA. Dr Sitack rajoute par ailleurs que Wakit Tama dit non à la méthode actuelle du CMT. Il souligne que la plateforme a besoin d’un gouvernement civil et non militaire. Ce dernier estime que les militaires devraient plutôt assurer la sécurité des citoyens.
Toutefois, il plaide pour l’indemnisation des victimes de l’ancien président Hissène Habré, la revue des situations des personnes handicapées, des diplômés sans emplois et des retraités. « Un pays normal ne peut former les jeunes et les laisser au quartier. Nous ne sommes pas contre les activités de la transition, mais il faut impliquer tous les Tchadiens. Car la justice élève une nation », dit Dr Sitack.
Le président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), Barka Michel, affirme que Wakit Tama ne demande pas trop au CMT. « On lui demande d’organiser dans les 18 mois, il ne reste plus que 15 mois, un dialogue national inclusif et garantir des élections libres et transparentes. Ce qui permettra également de constituer des institutions étatiques sérieuses », précise-t-il.
Le coordonnateur de Wakit Tama Me Max Loalngar soutient que la plateforme est une organisation sérieuse, responsable et intelligente. Elle ne cédera pas à la machination. « Votre détermination montre qu’on doit continuer. Et j’ai le plaisir de vous dire que la prochaine marche est prévue pour le 07 août 2021 ».
Moyalbaye Nadjasna