Depuis le 23 juillet 2021 le marché Central de N’Djamena, capitale tchadienne, n’est plus alimenté en électricité. Les couloirs du marché sont sombres, les commerçants sont en colère. 72 heures de préavis de fermeture des boutiques sont lancées à l’endroit de la Mairie centrale et la Société nationale d’électricité (SNE). La SNE promet de donner deux semaines d’électricité. Reportage.
28 juillet. 12 heures. C’est sous une fine pluie que nous nous rendus au marché Central surnommé Soukh Khabir, grand marché. Nous rencontrons des commerçants fâchés suite au délestage de la Société nationale d’électricité SNE. Selon une source de la SNE, le courant devrait être rétabli pour deux semaines au grand marché, ce 28 juillet. Adoum Boukar est commerçant et vendeur des appareils électroniques. Il estime que c’est une insulte à l’égard des commerçants. « Je trouve que deux semaines d’électricité promises par la SNE est peu. Nous n’avons pas d’arriérés et ils vont nous donner seulement la lumière pour deux semaines, c’est une farce », dit-il. Selon lui, chaque fin du mois les boutiques collectent l’argent pour la facture de la SNE. Il rajoute que tous les commerçants étaient étonnés lorsqu’ils ont appris que la SNE a coupé l’électricité du marché pour non-paiement. « C’est étonnant lorsqu’on apprend que le grand marché a des arriérés qui sont montés à 245 millions de francs CFA. Or, les délégués viennent de payer 4 millions pour la facture du mois écoulé ».
M. Adoum Boukar, note que leur préoccupation actuellement, c’est le rétablissement de l’électricité. Les arriérés engagent ceux qui les ont entretenus. D’après lui, les conséquences sont un manque à gagner. « Les vendeurs produits périssables sont pénalisés. Ils ont perdu tous leurs produits. Qui va les dédommager ? Actuellement, ils achètent de la glace pour conserver leurs marchandises », affirme-t-il. Mahamat Tahir, un autre commerçant est inquiet. « Sans l’électricité, c’est vraiment piteux. Voyez comment c’est obscur. Ce n’est pas intéressant. Nous n’arrivons même pas à vendre nos articles. C’est l’obscurité à l’intérieur de nos boutiques. En toute sincérité, nous ne sommes pas motivés à faire le marché », lance-t-il.
Un autre commerçant qui requiert l’anonymat est exaspéré qu’un grand marché soit plongé dans l’obscurité, « ce marché est le marché central. Regardez dans quel état les commerçants se trouvent. La nuit par exemple, si un étranger arrive et qu’on lui dit que c’est un marché central, que dira-t-il ? Je crois qu’on ne fait pas seulement du mal aux commerçants, mais à l’image du pays », affirme-t-il. D’après lui, si rien n’est fait comme ils l’ont promis, ils vont fermer leurs boutiques. « Je vous assure que nous n’avons pas d’arriérés de la SNE. J’ai tous les reçus et je peux même vous les montrer, la vérité est bonne à dire. Il y a des boutiques qui payent 10 000 f, d’autres 7500f, 5000f et 2500f. Ceux qui ont des réfrigérateurs ne payent pas moins de 25 000F », renchérit-il.
Pour découvrir la vérité, certains commerçants que nous avons rencontrés proposent, au ministère des Mines et de l’Énergie, d’instruire une enquête auprès de tous les commerçants du grand marché. Cette vérification leur permettrait de voir si les commerçants payent ou pas leur facture d’électricité.
Moyalbaye Nadjasna