La saison de pluie tarde à s’installer dans la capitale tchadienne, N’Djamena et ses environs. À Toukra, dans le 9e arrondissement, les paysans sont désespérés. Reportage.
Mercredi 21 juillet 2021. Il est 11 heures passées. Et le mois de juillet tend vers sa fin sans qu’une grosse pluie tombe sur N’Djamena et ses environs. Ce qui inquiète les cultivateurs.
Sur les espaces rizicoles de Toukra, un quartier de la commune du 9e arrondissement de N’Djamena, le sol est bien sec. Normalement, en cette période, la nature devrait être verdoyante. C’est tout le contraire ; aucune herbe n’a poussé. Conséquence d’une absence de pluie abondante. Malgré cela, certains cultivateurs s’activent. Le cas de Matchanga Hervé. Élève en terminale, il laboure du riz depuis trois saisons. Avec son cousin, ils préparent le champ en espérant la tombée éventuelle de la pluie. D’après lui, cette année, la pluie traîne. « On est vraiment en retard cette année. D’habitude en mai et juin, on prépare le champ. Et dès juillet, on commence avec le repiquage », fait-il savoir. Mais force est de constater que la plupart des cultivateurs sont encore à la première phase, la préparation du champ. « Ceux qui ont des moyens utilisent des motopompes pour irriguer leurs champs », dit Matchanga Hervé.
Sur les zones rizicoles près du fleuve, la culture contre saison est au rendez-vous. Grâce à des motopompes, l’eau est drainée pour alimenter les champs. Avocksouma André arrose ses pépinières. Il déplore le retard que connaît la saison pluvieuse de cette campagne agricole. « Logiquement en cette période, on devrait repiquer avec les eaux de pluie. Mais là on le fait avec l’eau du fleuve. Aussi ça devrait être la période de sarclage. Mais on est là encore avec le repiquage », fait-il la remarque. Dans leur secteur, il y a un groupement qui est mis sur pied. Mais le problème que relève Avocksouma André est le nombre des motopompes que compte le groupement. « Il n’y a qu’une motopompe pour 100 carrés. Et le programme n’est jamais respecté. Cela pose tous les jours des problèmes ».
Ibrahim Nangasou et ses copains sont en pleine opération de repiquage. Ils donnent un coup de main à un membre de leur chorale. Dans une ambiance bon enfant, ils piétinent la boue çà et là. Ils plongent les mains sous les eaux retenues par une petite digue pour repiquer les pépinières. Soudain, un serpent. Il est rapidement mis hors état de nuire. « C’est ça aussi les risques que nous courons », lâche Ibrahim.
« Il nous faut de la pluie sinon la récolte de cette année ne sera pas comme celle de l’année passée », soutient Matchanga. Il s’inquiète que la famine ne sévisse cette année. Toutefois, rassure le jeune agriculteur, « si en août la pluie tombe régulièrement, il n’y aura pas de problème. »
Le riz est le céréale la plus cultivée dans cette zone. Il joue un rôle non négligeable dans l’alimentation et le revenu des milliers des Tchadiens. « Grâce à la culture du riz, je paie ma scolarité. Beaucoup de familles s’en sortent grâce au riz. Sans cette culture, la vie nous sera difficile », dit Lassou Grégoire, un élève de la Seconde au Lycée de Malo, localité qui jouxte le quartier Toukra.
Christian Allahadjim