Préparatif de Tabaski, casse têtes des familles

Juil 17, 2021

La flambée de prix des denrées de première nécessité rend difficile les préparatifs de la fête de Tabaski. Beaucoup de fidèles musulmans modestes ne savent comment faire pour stopper la flambée des prix. Ils appellent les autorités à l’aide. Reportage.

A quelques jours de la fête de Tabaski, des populations se plaignent de la flambée de prix des denrées de première nécessité. On constate un manque d’engouement dans presque tous les marchés de la commune de N’Djamena, capitale tchadienne. Chaque année, à l’approche de la fête de Tabaski, les marchés se bondaient. Les marchandises étaient exposées çà et là, mais ils sont difficiles à aborder. Et les clients font de va-et-vient. Cette année, à cause de la flambée du prix, les préparatifs de la fête de Tabaski sont moroses. Pour cette dame rencontrée au marché Dembé, dans le 7e arrondissement, qui s’exprime sous couvert de l’anonymat, la situation est critique. Selon elle, ce n’est pas comme les années précédentes, tout a changé, on dirait qu’on n’est pas à N’Djamena. « Je suis deuxième femme, mon mari m’a donné 50.000 F CFA pour acheter les ingrédients de la cuisine, mais je suis surprise, je ne sais que faire. Les commerçants ont presque doublé les prix des ingrédients », se lamente cette jeune dame voilée. Selon elle, les années précédentes, avec 25.000 F CFA, l’on peut acheter de denrées, mais cette année, même avec 50.000 en main, elle ne peut rien faire.

Halimé Zara, vendeuse des bijoux au marché d’Abenna depuis 10 ans. Elle dit n’avoir jamais vécu cette situation. « Avant, nous, nous frottions les mains à l’approche de la fête de Tabaski, mais jusque-là, aucune femme ne s’est approchée de nous pour demander le prix des bijoux », se lamente-t-elle. Pour cette année dit-elle, les préparatifs de la fête de Tabaski semblent durs, surtout pour certaines familles modestes. Pour le gardien du centre social N°7, situé dans le 7e arrondissement, Moussa Barka, il faut attendre un miracle d’Allah, sinon les personnes âgées et démunies ne vont pas faire le rituel de sacrifice de mouton. Raison : l’augmentation de prix des marchandises. Selon M. Barka, père de 7 enfants si les autorités, ne viennent pas en aide aux familles beaucoup de fidèles musulmans, surtout les moins nantis ne vont pas bien fêter la Tabaski.

Pour soulager, les populations, certains couturiers installés à la rue de la grande mosquée Roi Fayçal, lancent une opération dénommée « opération coup de cœur ». Cette opération faut-il le préciser, a pour but de baisser le prix des frais de couture. « Chaque année, à l’approche de la fête de Tabaski, nous étions envahis par les clients, mais cette année, ce n’est pas le cas. A moins d’une semaine de la fête, les commandes se font rares », constatent-ils. Selon eux, cette opération va aussi permettre à certains qui n’ont pas de moyens de déposer leurs tissus.

Toutefois, les commerçants rencontrés dans certains marchés tentent de justifier la hausse du prix des denrées de première nécessité. Hassan Ali, commerçant, affirme que c’est un phénomène qui est général. Il rajoute que, ce sont les importateurs et les grossistes qui sont à l’origine de la flambée des prix. Les détaillants sont contraints de suivre le système. « Si le grossiste augmente le prix, le commerçant détaillant est obligé d’en rajouter, sinon, il n’a pas de bénéfice », précise M. Hassan Ali.

Au marché de Mouton de Karcandjié

Au marché karcandjié, un marché de mouton situé non loin du gouvernorat de N’Djamena, il y a de moutons à la bourse de toutes les couches sociales, du modeste au plus riche. Les prix varient de 35.000 pour les moutons moyens et 75.000F CFA pour les gros moutons.  Malgré les prix relativement accessibles, les clients sont rares. Pour Mahamat Salleh, vendeur de moutons, les clients ne se bousculent pas. C’est inquiétant pour les vendeurs. Selon lui, les temps sont durs. « Avant, nous vendons les moutons à vil prix à l’approche de la fête de Tabaski, de nos jours les prix ont grimpé et c’est indépendamment de notre volonté », dit-il.  Il précise que, ce qui handicape le commerce de moutons, c’est leur alimentation. C’est cela qui coute cher.

La fête de Tabaski, appelée communément fête de moutons est prévu pour le 20 ou le 21 juillet prochain. Les fidèles ont encore quelques jours devant eux pour préparer cette fête qui est l’une de grandes fêtes du calendrier musulman.

Jules Doukoundjé

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