Le président du Conseil Militaire de Transition (CMT), Mahamat Idriss Deby Itno a accordé une interview au journal Jeune Afrique il y a quelques. Il a évoqué la possibilité de proroger de la période de transition de 18 mois. Selon lui, pour organiser le Dialogue inclusif et les élections, les Tchadiens doivent s’entendre et il faut une aide financière des partenaires, car le trésor tchadien ne pourra pas supporter seul un tel coût. Pour avoir la réaction de la société civile et l’opposition politique, Ialtchad Presse s’est entretenu avec Mahamat Nour Ahmat Ibédou, fondateur de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH) et le président du parti les Transformateurs, Dr Succès Masra. Reportage.
Il est 12h 45 minutes lorsque M. Mahamat Nour Ahmat Ibédou, fondateur de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH) décroche notre appel téléphonique. Nous échangeons sur la sortie médiatique du président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby Itno dans une interview accordée à l’hebdomadaire « Jeune Afrique ». Selon le SG de la CTDH, le président du CMT annonçait la possibilité de prolongation de la transition en avançant des arguments faibles. « S’il faut attendre que tous les Tchadiens s’entendent avant d’organiser le dialogue, on attendra longtemps. Nous disons que le dialogue est une question de volonté. Et cette volonté doit émaner d’abord de ceux qui ont le pouvoir. Nous avons déjà au niveau de Wakit Tama envoyé un mémorandum au CMT leur demandant d’organiser un vrai dialogue exactement à l’image de la conférence nationale souveraine. Le cadre de ce dialogue doit être souverain et le reste viendra tout seul », déclare-t-il. Ils ne nous ont pas encore répondu, mais comme nous avons donné un ultimatum, nous serons obligés de recommencer les marches, dit Mahamat Nour Ahmat Ibedou.
Pour lui, le CMT bloque délibérément les contacts et montre déjà sa mauvaise volonté. Il rajoute que, la question d’argent pour organiser le dialogue et les élections à venir est un faux problème. « Ils ont la possibilité d’acheter des chars, des recruter des militaires, de procéder a des nominations pléthoriques, fantaisistes et coûteuses, mais pour organiser le dialogue ils disent qu’ils n’ont pas d’argent. C’est ridicule de parler d’aides financières des partenaires internationaux. Les moyens financiers que dispose le CMT sont suffisants pour organiser le dialogue, c’est un manque de volonté manifeste de tenter de confisquer le pouvoir », dit-il. D’après lui, il revient au peuple de voir ce qu’il faut faire et prendre son destin en main.
Dr Succès Masra, « quand il y a un flou, il y a un loup »
« Je voudrais dire à cœur ouvert à mon jeune frère, le Gal Mahamat la même chose que j’ai dit à son défunt père. S’il est tenté de mettre sur pied de superflu pour se maintenir au pouvoir, il va finir comme de la même manière. Tous ceux qui avaient dit à son père à l’époque que tout ce qu’il faisait était bon l’ont enterré. Juste après ils sont passés à autre chose », affirme le président du parti les Transformateurs. Selon lui, si le président du CMT est sage, il faut qu’il arrête avec sa fuite en avant. Il rappelle que le président de la transition a promis une transition non renouvelable. Cela est logique et dans tous les pays, la transition est toujours limitée, renchérit-il.
« Le fait de rejeter la responsabilité financière sur les partenaires à qui on demande de centaines de milliers de dollars est une fuite en avant. C’est aux Tchadiens de trouver les solutions à leurs problèmes », dit Succès Masra.
Selon lui, s’il y a de l’argent pour mettre sur pied un gouvernement de transition pléthorique avec 40 membres avec une distribution de postes à tous azimuts. On peut fusionner et ramener à 20 membres, le Tchad peut organiser le dialogue sans l’aide financière extérieure. « Chercher des alibis autour de cela, il nous verra devant lui. Quand je dis-nous, c’est le peuple. Plus jamais on n’acceptera la conquête du pouvoir par les armes et sa confiscation par la force. S’ils veulent s’aventurer sur ce chemin, je leur dis que le Tchad va se saucissonner et non se diviser. Il faut que cela soit clair pour tout le monde. On doit organiser, cogérer le pouvoir avec tous les Tchadiens suivant les règles d’égalité », s’insurge-t-il. D’après Succès Masra, ils ne boiront pas de ce lait. Il faudra que cela soit compris par tous. Il poursuit en disant que, c’est un avertissement direct sans détour, la transition doit être respectée. « Nous leur avions dit par écrit nous Transformateurs et Wakit Tama, de transcrire ce qu’ils disent oralement dans la Charte de transition qu’eux-mêmes ont écrit. Mais quand il y a un flou, il y a un loup. Les gens qui sont capables de marcher sur la constitution sont capables aussi de ne pas respecter leurs paroles dites oralement », lance-t-il.
Aujourd’hui martèle-t-il, c’est l’exécutif entre guillemets qui veut nommer le législatif, drôle de manière de compromettre la démocratie de manière à commencer par un régime totalitaire. « Je demande au peuple tchadien de garder les yeux ouverts et de se mettre debout. Alors, chacun doit s’asseoir et pour qu’on définisse ensemble les règles de la transition. Nommer quelques Tchadiens pour faire le saupoudrage sans pouvoir réel, nous ne l’accepterons jamais ».
Moyalbaye Nadjasna