Il y a tempête au Mouvement patriotique du salut (MPS), ex-parti au pouvoir. Un congrès extraordinaire est attendu du 12 au 13 juin prochain à N’Djamena, capitale tchadienne. Une annonce faite à l’insu du Secrétaire général (SG) du MPS M. Mahamat Zène Bada partit pour des soins à Paris, en France. Il prend une décision et annule le futur congrès. Ses amis politiques maintiennent de facto le congrès. Ialtchad Presse dans un échange avec le Politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé vous propose son analyse de situation.
Selon le politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé, il est toujours inscrit dans les statuts des partis politiques qu’il peut y avoir de congrès extraordinaire lorsque la situation l’impose. Seulement dit-il, on est en droit de s’interroger pourquoi, cette précipitation au sein du MPS ? D’après le politologue, entre l’annonce du congrès et la date de sa tenue il y a juste une semaine. Il se demande ensuite, pourquoi avoir attendu le départ pour la France du SG titulaire pour lancer des invitations aux membres du parti ? Et en fin, Dr Évariste Ngarlem Toldé s’interroge sur les mobiles réels de ce congrès ? « C’est vrai le Maréchal est décédé, mais on aurait pris tout le temps. C’est la précipitation d’organiser un congrès dans ce contexte. Ce qui amène à s’interroger sur les intentions des organisateurs. Mais aussi sur ce qui se cache derrière des ambitions inavouées des uns et des autres en ce moment », dit-il.
Pour le politologue, il ne pouvait en être autrement, le SG n’étant pas mis au parfum de la tenue de ce congrès, est dans son droit de réagir en signant une note pour annuler l’évènement. « En tenant mordicus à aller au congrès, les militants risquent de déterrer la hache de guerre. Parce qu’il y a des ambitions qui ont été longtemps étouffées. Vous savez, le MPS est un parti qui a un seul leader qui a dirigé de sa forte main de Maréchal, président de la République et président fondateur de ce mouvement politique. Et sa disparition laisse ce mouvement orphelin », affirme le politologue. Il soutient que cette disparition subite fait éclater au grand les camps qui apparaissent sur des bases tribales, régionales, ethniques et voire même des courants idéologiques qui traverse le MPS. Toujours selon Dr Évariste Ngarlem Toldé certains caciques ont peur de voir les enfants de Deby récupérer le parti. « Puisque cela ne serait pas nouveau dans ce pays lorsqu’un président fondateur d’un parti décède, les enfants ont tendance a récupérer le parti qui pour eux est le bien de leur père ».
« Un parti politique n’est pas un héritage… »
Le MPS d’après lui, n’est pas un parti comme les autres. C’est un mouvement politico-militaire qui a été une entente entre le colonel Idriss Deby, le colonel Maldome Bada Abbas et le général Nadjita Beassoumal et beaucoup d’autres en 1989. Aujourd’hui Zène Bada de sa position revendique l’héritage de son frère. « Maldom Bada Abbas était le président d’honneur du MPS jusqu’à sa mort. Donc Zène Bada qui est l’un des membres fondateurs de MOSANAT, revendique la paternité du MPS comme les enfants de Deby veulent en faire. Celui qui n’en tient pas trop c’est le GAL Nadjita Beassoumal, un vieux très sage et très silencieux en tant que religieux », rappelle le politologue.
Aujourd’hui, note-t-il, le MPS se trouve sans leader après le décès du Marechal. Dr Évariste indique cependant que, l’impression ou la perception qu’on a, « c’est qu’on veut écarter le SG qui ne semble pas être manipulable et mettre à sa place quelqu’un de plus maniable d’une part, et d’autre part, de trouver aussi un futur candidat aux élections présidentielles. Mais on peut penser également à un renouvellement et à un rajeunissement des cadres du parti, tout est possible avec ce congrès », mentionne-t-il. Il craint que le MPS sorte de ce congrès très affaibli et surtout très divisé.
Pour lui, chaque parti doit se référer à ses textes pour éviter des discordances. Le politologue relève que le MPS attendait un des siens même si ceux qui sont du Conseil militaire de la transition (CMT) sont plus ou moins MPS, il attendait à être associé à la gestion du pouvoir. « Or ce qui se passe aujourd’hui montre qu’on a tenu à l’écart le SG du MPS. En principe en cas de vacance de poste, de décès ou de disparition, les statuts prévoient tout, le vice-président ou le SG du parti ». Un parti politique n’est pas un héritage, surtout que le MPS est un mouvement politico-militaire, affirme Dr Évariste Ngarlem Toldé. À ce congrès il faut s’attendre à tout et à rien, conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna