La vente du pain à la sauvette aux abords des différentes artères de la capitale tchadienne, N’Djamena, offre aux jeunes désœuvrés des revenus d’appoint. Cette activité pratiquée à la criée depuis belle lurette a le vent en poupe malgré les risques encourus. Reportage.
Chaque matin, dès les premières heures de la journée, les jeunes vendeurs de pain à la sauvette se placent aux carrefours stratégiques à grande circulation comme les ronds-points pour écouler leurs produits. Plastique en main contenant un tas de cinq pains, ils faufilent entre la circulation pour dénicher les clients. La présence d’un client les attire on dirait un essaim d’abeilles ou des mouches. Chacun cherche à brandir et faire valoir la qualité de son pain. Parmi ces vendeurs à la sauvette, il y a des pères de famille qui se battent à tout prix pour subvenir aux besoins de leur famille. Ce métier n’est pas sans conséquence. Ceux qui le pratiquent sont souvent victimes d’accident de voitures ou de motocyclistes. Ils perturbent aussi la circulation, et créent des embouteillages surtout aux ronds-points aux heures de pointe.
En cette matinée du 11 mai au rond-point double voie, les vendeurs ambulants du pain ne sont nombreux. Seulement quelques têtes se servent des tables, juste derrière la chaussée pour vendre leurs pains. Malgré la température très élevée ces derniers temps à N’Djamena, ces vendeurs sont courageux, et endurants. Les vendeurs accostent les clients dans les différentes langues parlées en ville. Cela va du Sara au Ngambaye en passant par l’arabe et le français.
Interrogés, des vendeurs affirment que plusieurs Tchadiens trouvent ridicule ce métier alors qu’il assure la ration familiale. « J’exerce cette activité non pas par suivisme ou encore par désir. C’est par contrainte. Car, après mes études en histoire, je n’avais personne pour m’appuyer. Et de surcroît, j’ai une famille. C’est la raison pour laquelle, depuis 2012, je me suis lancé dans cette activité pour subvenir aux besoins vitaux de ma famille», dit Ngarassem, un diplômé sans emploi rencontré au rond-point double voie. D’après lui, il achète un pain à 75 francs CFA, à la boulangerie Hanana d’Atrone pour les revendre à 100 francs CFA. « Dans le passé, je vendais plus de 200 pains par jour. Mais ces derniers temps, il y a une baisse notable de nos chiffres de vente. Sauf le samedi et le dimanche que j’arrive à vendre 100 pains ».
Ngardjim, est aussi vendeur du pain. Je me débrouille, dit-il. Il rajoute, la vie est difficile. Et tout le monde n’est pas appelé à travailler dans les bureaux. « Débrouiller n’est pas volé, dit-on. Je suis fier de cette activité, elle assure mon quotidien. Il faut créer, lutter par tous les moyens pour se prendre en charge», dit M. Ngardjim en guise de conseil à ceux qui sont oisifs. Selon lui, cette activité lui permet de faire beaucoup de recettes. « Je prends à la boulangerie Hybah d’Atrone, 100 pains à raison de 7000 francs CFA. Sur les 100 pains, j’ai un bénéfice de 3.000 francs CFA. Si c’est 50 pains, j’ai 1.500 franc CFA de bénéfice. C’est mieux que rien », conclut Ngardjim.
Allarassem Djimrangar