vendredi 29 mars 2024

La France prépare la guerre civile au Tchad

Avr 21, 2021

Donc le président Deby Itno est mort. Il est mort, peut-être, comme il le désirait : sur-le-champ de combats. Paix à l’âme de ce fils du pays. Ialtchad Presse salue ici le chef qu’il a été bien que la rédaction n’a pas toujours été d’accord avec sa méthode de gouvernance. Nos traditions tchadiennes nous obligent à jeter à la rivière les divergences après la disparition d’un compatriote. Les mêmes traditions nous obligent aussi à se tenir silencieux durant la période de deuil, mais la situation du pays oblige la rédaction à exprimer son désaccord.

Le chemin emprunté pour assurer la transition n’est pas le bon chemin. Suspension de la constitution, dissolution de l’assemblée nationale et du gouvernement. En lieu et place, les Tchadiens, surpris, ont désormais un Conseil Militaire de Transition composé uniquement des généraux. Durée :18 mois. Pourquoi ce schéma n’est pas bon pour le pays? Pourquoi la France est à la manette? Pourquoi? Pourquoi?

D’abord le rôle complice de la France dans cette boiteuse transition. On attendait que la France républicaine rappelle clairement à ceux qui tentent de garder le pouvoir de respecter la Constitution tchadienne. Non. Les Tchadiens constatent que la « France francafrique » s’embarque dans ses vilaines pratiques et s’autorise à parler pour les Tchadiens. On entend des analyses bidon sur les médias français jouer aux antennes propagandistes : alliés, partenaires, etc. Et cerise sur le gâteau, un communiqué de presse dit en substance « l’attachement de la France à la stabilité et à l’intégrité du territoire tchadien ». Dans le même communiqué, cette maladroite France dit prendre acte de la mise en place du Conseil Militaire de Transition (CMT). En quoi la France est-elle concernée dans le destin du Tchad? Dans cette sortie, la France cautionne non seulement un coup d’État du CMT, mais elle veut imposer aux Tchadiens les mêmes personnes, le même système qui durant plus de 30 ans a asservi le Tchad. Pire, ce CMT n’a aucune légitimité, aucune légalité. Il n’est pas créé et mis en place pour les intérêts des Tchadiens. Il est mis en place pour les intérêts de la France, du clan au pouvoir et de ses obligés. Ce CMT n’est qu’une machine à déclencher la guerre civile. Une guerre civile qui sera dévastatrice. Une guerre civile dont la France sera responsable.

Ensuite le CMT est une mauvaise idée. Les Tchadiens observent toutes ces manigances avec beaucoup de flegme, mais cela n’est que trompe-œil. Déjà les tensions sont constatées ici et là dans les casernes. Et surtout, une chevauchée de l’opposition armée n’est pas à exclure, si le CMT insiste ou persiste à vouloir confisquer le pouvoir. On entend les spécialistes d’un jour parler de l’armée tchadienne, mais les Tchadiens savent entre eux qu’il n’y a pas une armée tchadienne structurée qui pourra jouer son rôle d’arbitre en protégeant la République. Il y a plutôt une bande de guerriers habituée à protéger un système clanique sous les radars de la France. Une armée qui au fil du temps est devenue un supplétif de l’armée française. Tout cela, les Tchadiens en sont conscients. Ils ne veulent plus qu’on leur confisque leur destin par toutes sortes d’entourloupes.

Aussi, ce qu’il faut aux Tchadiens est simple. C’est premièrement que le CMT fasse marche en arrière en permettant un retour à l’ordre constitutionnel. Deuxièmement, former un gouvernement d’union nationale composé des Tchadiens compétents et dévoués à assurer la transition avec pour seule mission la réussite de cette transition. Troisièmement, cette transition convoquera une grande conférence de vérité où tous les Tchadiens viendront discuter de leur avenir. Cette transition aura aussi la responsabilité d’accoucher une nouvelle constitution et d’organiser des élections libres et transparentes. Une des règles de cette constitution consistera à bannir la lutte armée. À sacraliser la démocratie comme seul moyen d’accéder au pouvoir. À protéger la Presse et la consacrer comme chienne de garde de la démocratie. À limiter le nombre des partis à 4 grandes familles politiques, selon les valeurs dominantes socioculturelles du pays. Cela pour éviter l’héritage des myriades des partis politiques qui ne sont des partis que de nom. Et qui n’existent que pour pervertir les mœurs politiques.

Enfin, quelle honte! On entend les « petits caciques » du moribond parti au pouvoir le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) les Zen Bada et les Padaré de ce monde nous sortir la chansonnette de défense de la patrie,  de l’intégrité du territoire pour justifier le coup d’État du fumeux CMT. Le MPS est mort avec son président fondateur, cela il faudra que les dirigeants de cet ex-parti le comprennent, l’assimilent et l’acceptent.

Aux dernières nouvelles, le CMT propose dans sa Charte de transition la mise en place deux organes dénommés : Conseil National de Transition (CNT) qui jouera le rôle du parlement et un gouvernement de transition qui s’occupera des affaires courantes. Une autre manigance de taille est glissée dans l’article 89 de cette charte. Elle dit que la durée initiale de 18 mois peut être prorogée une seule. Bref, 18 mois de plus. Donc, offrir la possibilité au CMT de durer 3 ans.  La majorité des Tchadiens ne veut pas de ces combines qui mèneront le pays dans une aventure sans lendemain. Le Tchad de demain se fera sans ceux-là mêmes qui ont mené ce pays dans le gouffre. À moins d’être entendus et pardonné. Et la France n’imposera rien au pays des hommes libres et fiers.

Bello Bakary Mana

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