La campagne présidentielle d’avril 2021 est à mi-parcours. Sur le terrain comme sur les réseaux sociaux, le combat semble déséquilibré. À N’Djamena, la guerre des affiches est nettement déloyale. Reportage.
Posters géants et mini posters sur des panneaux publicitaires, banderoles et pancartes de propagande sur des édifices publics et privés, N’Djamena est submergé par les affiches des candidats en lice pour la présidentielle d’avril 2021. Si la loi électorale exige que des espaces publicitaires soient répartis de manière équitable entre les candidats, le constat en est tout autre. La concurrence est déloyale et l’autorité régulatrice des élections ne lève pas le petit doigt pour remettre de l’ordre. Celle du candidat du consensus Deby Itno tapisse toute la ville créant un malaise. Du rond-point double voie jusqu’à l’aéroport en passant par les ronds-points Chagoua, palais du 15 janvier, de l’Union, des affiches du président sortant crèvent les yeux.
Les sept candidats en lice devraient être visibles. Mais les affiches du candidat du consensus Idriss Deby Itno bat le record des affichages. Sur le long des grandes artères de la capitale et les espaces publicitaires, les bureaux de soutien au candidat Deby se livrent à une rude concurrence entre eux-mêmes. Et fait régner un désordre indescriptible sur les affiches avec des slogans de leurs choix. Si la direction nationale de campagne du président candidat a utilisé quelques espaces publicitaires stratégiques pour ses affiches, les bureaux de soutien se sont rués sur des lampadaires publics improvisant des espaces publicitaires.
Du côté des partis de l’opposition en lice, c’est presque le désert. Leurs posters ne sont pas du tout visibles. Du moins, on les compte sur les bouts des doigts. Romadoumngar Félix Nialbé de l’Union pour le renouveau et le développement (URD) n’a ses posters que devant le siège de son parti. Pas une seule affiche de lui sur un panneau publicitaire. Les quelques posters de lui avec la mention « un esprit saint dans un corps saint », affichés dans le 6e arrondissement sont objet à raillerie. Félix Nialbé apparaît sur cette photo dans une tenue sportive dans une position accroupie. Relayée sur les réseaux sociaux, certains internautes se demandent si c’est une affiche pour les jeux olympiques ou c’est une photo in memoriam.
Lydie Beassemda du Parti pour le Développement et l’Indépendance intégrale (PDI) n’a aucune affiche officielle dans la ville. Un membre de son équipe de campagne évoque le manque des moyens pour réaliser des supports. « Nous faisons avec les moyens de bord », dit-il. Pour lui, l’idéal est de défendre le programme politique de leur candidate.
Pahimi Padacké Albert du RNDT-Le réveil est le candidat qui dispute les espaces publicitaires avec le candidat du consensus. Même si l’écart est grand, PPA a deux de ses posters géants affichés en face de la direction des Douanes et l’autre au rond-point menant à l’aéroport. Son camp accuse le MPS d’avoir occupé anarchiquement les espaces publicitaires. « Ils ont commencé leur campagne avant la date prévue. En plus ils ont occupé anarchiquement les panneaux qu’il faut louer avec la mairie de la ville », tonne un membre de l’équipe de sa campagne. « Nous avons réussi à louer quelques panneaux. Mais là encore des gens malintentionnés ont vandalisé le poster géant de notre candidat en face de la maison de la culture Baba Moustapha », déplore notre informateur.
Théophile Yombombé Madjitoloum de l’UTPC et Brice Mbaimon Guedmbaye du MPTR et Alladoum Djarma Balthazar du parti ASTRE sont les grands absents des affiches.
Sur les réseaux sociaux, les candidats se font également visibles. La campagne oblige. Et le réseau social le plus utilisé est Facebook. Ainsi, le candidat du consensus a sa page Facebook dénommée IDI 21. Cette page est suivie par 32 794 internautes. Des activités du président candidat sont régulièrement postées et sponsorisées. Les bureaux de soutien aussi sont de la partie. Des pages Facebook créées en leurs noms font la propagande du candidat du consensus.
La candidate du PDI Lydie Beassemda, absente des affiches sur les espaces publicitaires, est cette fois présente. La page dédiée à sa campagne dénommée PDI présidentielle 2021 compte 1 671 abonnés.
Le candidat du changement Pahimi Padacké Albert utilise la page officielle de son parti le RNDT-Le réveil pour relayer ses activités électorales. La page est suivie par 2 665 abonnés. Le candidat de l’UTPC, Théophile Yombombé Madjitoloum, lui, utilise sa propre page pour faire sa campagne. Sa page compte près de 2 000 abonnés. Brice Mbaimon Guedmbaye est, là encore, absent. Du côté du candidat de l’URD, la campagne à l’ancienne est privilégiée. « Nous avons proposé faire de la communication en ligne mais les vieux ont préféré battre campagne sur le terrain », affirme une source. Alladoum Djarma Balthazar, qui jusque-là n’a pas lancé sa campagne, est le candidat le plus populaire sur les réseaux sociaux. Enfin, en termes de raillerie. Dès l’annonce de son investiture par son parti ASTRE, la toile s’est enflammée. Les internautes n’ont pas tardé à lui trouver des surnoms du genre Balthachou, Baltichou, etc. Cela l’a rendu célèbre mais l’opposant est depuis le lancement de la campagne électorale introuvable. Il gère son compte Facebook en relayant quelques messages de campagne.
Christian Allahadjim