Présidium : le « dimanche des longs couteaux »

Aoû 28, 2022

Le dialogue national inclusif et souverain (DNIS) aura déjà une semaine ce dimanche 28 août. Nous nous sommes séparés vendredi, nous revoilà ce samedi matin dans la même grande salle, les mêmes 1500 personnes.

Je me suis présenté à 9h. C’est 1h avant le rendez-vous prévu pour 10h. Les Tchadiens et le respect de l’heure, c’est compliqué même en haut lieu. La salle a été reconfigurée, chacun cherche sa place, discute, fait la gueule, grogne et fini par accepter. J’ai fait pareil avant de me plier en me disant ces braves hommes et femmes du service du protocole font de leur mieux pour mettre tout ce monde d’accord.

Il est 11h. Les membres du comité d’organisation du dialogue national inclusif (Codni) s’installent. Les travaux démarrent avec quelques annonces sur le fonctionnement.

Cette journée de samedi s’annonce importante parce qu’il est question de la mise en place du présidium. Et surtout de trouver le mode opératoire pour élire ou choisir par consensus.

Il est 11h 30 minutes passé lorsque le rapporteur général Limane Mahamat prend la parole pour faire la synthèse de la veille. Il est magistral, admirable  M. Limane. Sa diction est limpide. Sa voix toujours posée. Il rassure et assure sans rien omettre. Il explique que la règle principale est la recherche du consensus  sans fermer la porte au recours au vote sur des questions majeures.

Il est midi. On reprend où on avait arrêté à la salle 400. Les débats s’enclenchent, mais en mode proposition sur les potentiels présidents du présidium et des membres de cette instance. Certains intervenants accompagnent leur liste par des mises en garde, d’autres passent leur temps à remercier le Codni et bafouent leurs communications.

Subitement les travaux sont interrompus. Une communication gouvernementale va être adressée à l’assistance. Le ministre de la communication Abdramane Koulamallah se lève, saisit le micro et annonce qu’une colonne rebelle d’une dizaine de véhicules est entrée en territoire tchadien, précisément dans la zone du Tibesti. Elle est ressortie selon le ministre. Il affirme que le gouvernement demande à l’assemblée de ne pas s’inquiéter des commentaires sur les réseaux sociaux. Tout serait donc sous contrôle.

Moi et mon voisin, après avoir dit entre nous que cela fait désordre, rajoutions que cette communication n’est justement pas de nature à rassurer.

Les débats continuent. Les propositions pour le présidium redoublent d’intensité. Nous les représentants des médias sont royalement sciemment ou inconsciemment ignorés. Que faire? Surtout que dans les propositions par corporation ou par cooptation individuelle pour le présidium personne ne fait mention des médias. Nous nous concertions, haussions tons et bras pour réussir difficilement à prendre la parole en Arabe et en Français.

Il est 14h passé. Les échanges sur le présidium s’étendent, semble s’éterniser, les divergences se multiplient, chacun veut son présidium et son mode de désignation. Cela annonce des combats épiques. La pause est annoncée. La salle se vide. Une reprise est prévue pour 15h. Elle est finalement reportée pour dimanche 15h. Dimanche? Sacrilège. C’est le « dimanche des longs couteaux » pour le fauteuil du président du présidium.

Bello Bakary Mana

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