Le Président tchadien du Conseil militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby continue de tendre la main à l'opposition politique pour le dialogue national inclusif et souverain. Le Parti Un Nouveau Jour de Dr Nasra Djimasngar et le parti Réformiste de Yacine Abramane Sakine, iront au DNIS. Ils évoquent une décision mûrie et non un revirement politique. Reportage.
Plusieurs partis de l'opposition ont refusé de participer au dialogue national inclusif. Il en est de même du parti "Un Nouveau jour" de Dr Nasra Djimasngar. Finalement, le Secrétaire national du parti Un Nouveau Jour se déclare partant aux travaux du DNIS. Selon lui, leur organisation politique n'a pas contesté la faisabilité du dialogue national inclusif, mais plutôt les mauvaises conditions d'organisation de ces assises nationales. À commencer par le comité d'organisation dans sa composition, ses méthodes de travail et ensuite le quota qui avait été publié, soutient-il. Pour ce leader de l'opposition, ce quota consacre un déséquilibre de participants au DNIS. « Aujourd'hui tout le monde sait qu'au Tchad il existe deux camps. Ceux qui supportent la junte et d'autres qui la contestent et réclament le retour à l'ordre constitutionnel. Ce qui n'est pas un secret pour personne. À notre avis ce sont ces conditions qui peuvent garantir la transparence des travaux », affirme Nasra Djimasngar. Le politique ajoute qu'à côté de cela, ils ont réclamé la souveraineté du dialogue afin que les décisions qui vont sortir de ce dialogue soient exécutoires.
Le leader du parti Un nouveau jour exprime que, le seul point qui a été satisfait dans leur réclamation est la souveraineté consacrée par le décret du PCMT pratiquement à la veille de la cérémonie d'ouverture. « Notre décision d'aller au dialogue après notre rencontre avec le PCMT n'est pas un revirement. Nos documents officiels depuis la création de notre parti sont clairs. Lors du lancement officiel de notre parti, nous avions dit qu'il faut tourner la page sombre du Tchad. Et nous allons travailler à ce que les Tchadiens du nord, sud, est et ouest puisse s'asseoir face à face pour se dire ce qui les a toujours opposés et les conduit à faire la guerre », confie Nasra Djimasngar. Pour lui, un appel au dialogue est ancré dans leur idéologie dès le début.
Il estime que seul le dialogue peut nous aider à tourner la page sombre du Tchad. « Le fait qu'on exige les bonnes conditions de dialogue ne nous exclut pas du dialogue. Le sentiment de chaque Tchadien c'est de voir que ce pays peut changer. C'est le vœu de tout le monde. Lors de notre discussion avec le PCMT, il a relevé qu'il veut que ce pays change. Cela veut dire qu'il n'y a pas de velléité, chacun de nous rêve d'un Tchad nouveau ». Nasra Djimasngar souligne qu'il faut aller dans la salle et lutter pour obtenir le consensus. Seulement il souhaite que le vote soit fait sous bulletin secret afin que chaque Tchadien soit libre de s'exprimer sur la nouvelle orientation qu'il veut donner au Tchad. À son avis, si le consensus y est, il y aura beaucoup d'évolution dans la situation de notre pays. « La satisfaction ne peut jamais être à 100% et cela est une évidence. Mais si nous atteignons 30 à 40% de satisfaction, ce n'est pas rien. Voilà notre motivation que nous sommes allés dire au PCMT qui rassure qu'il va s'investir à ce que les résolutions du dialogue soient respectées », dit-il. Il estime qu'il ne faut pas tourner le dos aux autres et faire la politique d'autruche, telle est la logique du mieux.
Pour le président du parti Réformiste, Yacine Abramane Sakine, son parti n'a pas fait un revirement de la dernière minute. Mais c'est une décision politique mûrement et sérieusement réfléchie. Il reconnaît du moins avoir organisé une Assemblée générale à une semaine pour dire que le parti réformiste n'ira pas au dialogue. « Mais nous avons repensé notre décision pour le simple fait qu'il fallait aller extérioriser ce que nous pensons afin que le peuple soit témoin. Les autorités de la transition nous ont suggéré que c'est à travers le dialogue qu'on peut trouver de solutions d'ensemble à tous les problèmes du Tchad » ,argue le politique. Selon Yacine Abdramane, ceux qui résistent encore, c'est leur choix personnel et c'est le jeu de la démocratie. Toutefois dit-il, en tant que réformiste, il faut dialoguer pour réformer . Il note le dialogue comme le seul moyen pour remettre le pays sur la roulette. « Nous invitons le peuple tchadien de suivre attentivement tout ce qui va se passer et de le juger. Nous participons et cela va rester dans l'histoire du Tchad pour toujours », assure le politicien.
Moyalbaye Nadjasna