Après des audiences avec le ministre des Postes, le Premier ministre et le Directeur général de la poste qui n’ont rien donné, le personnel de la poste a décidé de passer à une vitesse supérieure. Il observe depuis ce jeudi 09 juin, une grève d’une semaine allant du 09 au 15 juin. Le personnel revendique 7 mois d’arriérés de salaire, proteste contre le recrutement de 15 nouvelles personnes et la réforme des véhicules qui est interdite par la junte au pouvoir par décret. Reportage.
La grève à la Poste a plusieurs raisons, disent les syndicalistes. La plus choquante selon eux, c’est, « le Directeur général sortant s’est endetté au nom de la Poste à hauteur de presque 700 millions FCFA. Alors dès que les subventions de 250 millions arrivent dans le compte, la banque retient en se payant et c’est nous, le personnel qui ramassons les pots cassés. Nous travaillons 4 mois pour avoir 1 mois de salaire », se lamente M. Addalil Abakar qui rumine sa colère tout en retenue.
Dans la cour de la poste, c’est le désert ce matin du vendredi 10 juin. Aucun agent n’a pointé présent. Le personnel respecte une grève nationale sèche d’une semaine. Elle revendiquer 7 mois arriérés de salaire, plus d’autres choses. Le président du Syndicat National des Agents des Postes et Télécommunication SYNAPOSTEL Addalil Abakar affirme que la poste est en train de souffrir d’une maladie provoquée par les responsables du ministère des Postes et de l’Économie numérique. Il soutient ne pas comprendre comment une société de l’État comme la Poste ne vit que d’assistance depuis plus de 20 ans. « Les sociétés implantées au Tchad donnent au ministère des Postes et de l’Économie numérique 9% de leur budget annuel comme redevance. Le ministère envoie 3% à Société des télécommunications SOTEL, 1% à l’agence de développement des technologies de l’information ADETIC, 1,5% à ARCEP, 1% à la STIC, 1% au ministère des Finances et du Budget et 1% la Présidence. On refuse à la poste qui fait partie intégrante du ministère la part de redevance donc difficile de gérer le personnel que nous sommes », explique-t-il. Il ajoute que la poste recevait auparavant une subvention 1 milliards par an pour payer le salaire qui équivaut à 50 millions par mois et plus certaines activités. Mais cette somme est réduite chaque année jusqu’à revenir à 250 millions. Donc toutes les conditions sont réunies pour que la poste meure, a-t-il souligné.
La poste attend depuis plus de deux décennies la relance des activités, mais en vain. Les ministres passent, mais les problèmes de la poste restent sans être réglés. Selon Addalil Abakar les gens s’intéressent beaucoup plus à leur intérêt que l’intérêt de la Poste et ont plongé la Poste dans l’agonie. Le président du syndicat affirme également que le ministre actuel a rencontré le personnel et a présenté le plan de relance. Il a promis qu’on ne parlera plus d’arriérés de salaire et tout le personnel le croyait, mais depuis lors les choses ne font que s’empirer. Le directeur ripou selon les grévistes a recruté plus de 15 nouveaux agents dont son fils à qui il a donné un contrat à durée indéterminée. « Avec quel argent il va payer les nouveaux agents ? », s’interroge M. Addalil.
La rédaction a tenté d’avoir la version des faits et l’accusation du syndicat au sujet de l’ardoise de 700 millions laissée par l’ex-directeur mais l’administration n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Kouladoum Mireille Modestine