Le syndicat des enseignants du Tchad (SET), sèche les cours pour 3 jours sur toute l’étendue du territoire national pour protester contre l’assassinat du surveillant du complexe scolaire Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo par un élève de la classe de 3e. Le SET appelle l’État à prendre ses responsabilités. Reportage.
Le Syndicat des enseignants du Tchad (SET) n’est pas content de la violence faite sur sa corporation. Chaque année, beaucoup d’enseignants sont victimes de violences, et parfois ces violences conduisent à la mort. C’est le cas du jeune surveillant du Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo, mort poignardé par son élève de la classe de 3e, le 10 novembre dernier. Pour mettre fin à ces tueries macabres, le SET décide de sécher les cours pendant 3 jours, à compter du vendredi 13 jusqu’au lundi 15 novembre dans tout le pays.
Pour le secrétaire général du SET, Mbaïrisse Ngartoïdé Blaise, l’acte posé par cet élève vient s’ajouter au nombre des enseignants qui ont été assassinés par des élèves ou par des parents. « Nous travaillons dans les conditions les plus difficiles, surtout les enseignants du Tchad. Et dans ces conditions, notre sécurité n’est pas assurée par l’État. C’est ce qui explique l’assassinat de notre collègue », dit-il. Selon lui, il faut une grande réflexion, parce qu’on ne peut pas continuer à assassiner les enseignants. Le syndicaliste impute la responsabilité de ces violences aux parents d’élève qui refusent de suivre leurs enfants. Selon lui, au Tchad, les parents méprisent les enseignants. À son avis, ce mépris a fait que les élèves ne respectent pas les enseignants.
Le secrétaire du SET estime que l’école est considérée comme le socle de développement. On doit y porter une attention particulière et à la sécurité des enseignants. « Nous avons décidé d’une grève de 3 jours qui commence déjà à partir d’aujourd’hui sur l’ensemble du territoire pour exprimer notre désolation, notre indignation vis-à-vis d’un pouvoir qui n’assure pas la sécurité de ses agents », explique Mbaïrisse Ngartoïdé Blaise. Il affirme que depuis les évènements de 1979, les parents peinent à donner une bonne éducation pour la cohésion sociale. Le SET compte demander à l’État que cet élève soit condamné à mort pour que les autres élèves comprennent que désormais, ils ne peuvent pas porter leurs mains sur des enseignants.
Au sujet de problème de changement d’établissement, le SG précise qu’à l’époque, si un élève est renvoyé d’une école, il ne pourra pas s’inscrire dans une autre école. Il a par ailleurs déploré que de nos jours, la corruption gangrène le système éducatif tchadien. À son avis, l’assassin du surveillant du lycée Toumaï est un perturbateur récidiviste connu de tous.
Abondant dans le même sens, Baldé Kouagou, formateur, professeur de l’enseignement normal et membre du bureau SET, c’est horrible de voir un de vos fils vous assassiner. Pour lui, les parents doivent éduquer leurs enfants de manière à ce qu’ils soient pacifiques avec les autres. Il exhorte les parents à prendre leur responsabilité. Il évoque la création anarchique des écoles privées qui seraient à l’origine de certaines violences dont sont victimes les enseignants. Selon lui, ces écoles sont à la recherche d’argent et peuvent recruter n’importe quel élève pourvu que l’élève paye. Même son de cloche pour Youssouf Mahamout Dialla, professeur d’arabe. Pour cet enseignant, ce qui s’est passé est indescriptible, on ne peut pas l’imaginer. Le professeur dit qu’un enseignant tué par son élève, c’est ignoble.
L’assassinat du jeune surveillant du lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo est considéré par le syndicat des enseignants du Tchad comme la goutte de trop. Si rien n’est fait par les autorités responsables de l’éducation nationale pour y mettre fin, les enseignants vont prendre des mesures draconiennes pour leur sécurité. Le secrétaire général provincial du SET, du Mayo-Kebbi Est, Boudouna Kadj, que la rédaction a rencontré au siège national du SET à N’Djamena déplore ce douloureux évènement. Selon lui, l’enseignant, c’est le père, ôter la vie d’un enseignant dans un pays qui se veut un État de droit est inadmissible. Le responsable provincial du SET exhorte les hautes autorités à protéger les enseignants.
Jules Doukoundjé