L’aliment thérapeutique prêt à l’emploi (ATPE) est connu sous le nom de « plymplym ». C’est l’un des types d’aliments thérapeutiques utilisés dans le traitement des formes simples de malnutrition, aiguës sévères chez les enfants. Curieusement il est vendu sur les marchés de la capitale tchadienne, N’Djamena. Comment cet aliment censé ne pas être vendu au marché se trouve sur les étals des vendeuses ? Nos reporters ont fait le tour des marchés.
Ce mercredi, le soleil a reparti très tôt ses rayons sur la ville de N’Djamena. Il est 10 h, nous sommes dans les couloirs du marché à mil. Sur les étals des femmes et de loin, nous apercevons l’Aliment Thérapeutique Prêt à l’Emploi (ATPE). Sa couleur rouge raillée de blanc est facilement identifiable. C’est vendu au prix de 250F CFA le sachet de 92 g. Zenaba Fadoul, vient d’acheter dix sachets, elle refuse de se faire photographiée. Mais elle déclare : « écoutez, mes enfants ne sont pas des malnutris, mais ils aiment beaucoup plymplym. Quand je viens au marché c’est leur « ziguégué » (cadeaux en Arabe locale) qu’ils attendent à mon retour. » Plus connu sous l’appellation commune de plymplym, cet aliment est distribué aux mères ayant des enfants qui souffrent de la malnutrition. Le plymplym est détourné de sa cible principale, les enfants malnutris pour atterrir aux différents marchés de la ville. Ils sont vendus à toute personne comme tout autre aliment.
Pourtant, le gouvernement du Tchad et ses partenaires ont mis cet aliment à la disposition des unités nutritionnelles dans les différents hôpitaux et centre de santé de la capitale. Les unités nutritionnelles distribuent gratuitement aux mères pour la consommation de leurs enfants malnutris. Cela pour combler le déficit en énergie macronutriments, micronutriments et acides gras essentiels pour le bien-être de l’enfant. Pour une vendeuse rencontrée au marché central et qui accepté de parler sous le sceau de l’anonymat, le plymplym, dit-elle, n’a pas de pied pour se rendre sur les étals du marché. « L’histoire de la vente de plymplym est trop complexe parce que c’est toute une chaîne qui est concernée. D’abord, ceux qui sont chargés de distribuer aux mères, ensuite les mères des enfants malnutris elles-mêmes viennent pour nous le vendre ici », affirme-t-elle.
Selon cette vendeuse, la vente de plymplym génère suffisamment de bénéfice, des personnes de tout âge en achètent. Toujours selon la vendeuse, il existe des mères qui souhaitent que leurs enfants ne sortent pas de la malnutrition simplement parce qu’elles se font d’argent avec la vente de cet aliment. S’il fallait sanctionner, il faut commencer par la tête, ceux qui vendent de cartons de 150 sachets aux marchands avant de venir à nous, dit d’un air taquin la vendeuse.
Kouladoum Mireille Modestine