La grande messe du cinéma africain, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), est dite depuis samedi 23 octobre dernier. Le Tchad était représenté par 2 films. « Lingui » ou le lien sacré de Haroun Mahamat Saleh et « Massoud », un film sur l’islam radical de Emmanuel Mbaidé Rotoubam. Reportage.
Avec les moyens du bord, sans appui financier réel de l’État, les réalisateurs tchadiens font briller le Tchad sous les étoiles du 7e art panafricain. C’est le cas de cette 27e édition du FESPACO qui est clos avec brio le week-end dernier à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Le Tchad était représenté avec 2 films, long métrage, des réalisateurs Haroun Mahamat Saleh et Emmanuel Rotoubam Mbaidé.
Pour le réalisateur documentaliste et SG de l’association des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel (APCA), Allamine Kader, le bilan du Tchad au FESPACO est satisfaisant. Le Tchad a participé avec deux films en compétition. Lingui « le lien sacré », un long métrage de Haroun Mahamat Saleh a obtenu le prix spécial de l’Assemblée nationale (AN) du Burkina Faso, un trophée avec une somme de 7 millions de F CFA. Le second film n’a pas gagné de prix. Le jeune réalisateur documentaliste estime que malgré cela, l’accueil du public a été formidable. Il ajoute que c’est déjà une bonne chose. « L’essentiel c’est de participer. Sur plus de 1000 films proposés, ils ont sélectionné 150 films et le Tchad fait partie des sélectionnés et c’est déjà une bonne chose », souligne Allamine Kader. Selon lui, le film qui a eu le prix par l’Assemblée nationale du Burkina met en exergue la démocratie, les lois, l’application des textes, ça touche l’AN de tous les pays. « Ce genre de prix montre combien l’Assemblée nationale d’un pays est importante, elle donne un prix pour un sujet important. C’est vraiment encourageant et c’est satisfaisant. Je suis satisfait de ce prix. Mes félicitations à mon grand frère Haroun », dit le jeune cinéaste.
Au sujet de financement du cinéma par le gouvernement, Allamine Kader dit avec regret que les autorités ne financent pas le cinéma tchadien. Pas un kopeck de la part des autorités publiques pour le cinéma. Et c’est dommage pour le cinéma au Tchad, dit-il. Selon lui, dans les autres pays, il y a des fonds dédiés au cinéma, le gouvernement appuie le cinéma. Il ajoute que dans ces pays, il y a une politique pour la culture, mais chez nous, il n’y a pas une politique culturelle. Le jeune cinéaste estime que c’est difficile. « Même les partenaires qui financent de temps en temps nos projets de films, de fois ils sont gênés dans la mesure où le pays n’est pas à mesure d’appuyer l’industrie du cinéma », affirme-t-il.
Le manque de salles de cinéma, un handicap pour la diffusion
Concertant le manque de salles de cinéma, le SG de l’APCA ajoute que le problème de diffusion se pose. Pour lui, une fois le film fini et disponible, il faut des salles de cinéma, le festival, les télévisions et le public. Il note par ailleurs qu’on fait un film pour qu’il soit vu, et non pour le ranger dans le tiroir. « Avant, nous avons eu espoir avec le cinéma « Le Normandie », mais maintenant c’est fermé pour des raisons que j’ignore. On n’a pas de salles de cinéma et c’est difficile de faire du cinéma sans que ça soit vu par le public », regrette Allamine Kader. Pour lui, c’est dommage que le public regarde de films dans les cinéclubs, il faut des salles de cinéma comme « Le Normandie ». Il affirme qu’à Ouagadougou, au Burkina, il y a beaucoup de salles de cinéma mais N’Djamena avec 2 millions d’habitants, il n’y a pas une seule salle de cinéma digne.
Le cinéaste propose au gouvernement de construire des salles de ciné dans chaque arrondissement de la capitale. Pour lui, il n’y a pas de miracle, il faut un fonds d’aide au cinéma et que chaque projet cinématographique doit être financé à la hauteur du budget. Il révèle qu’au Sénégal, l’État met 2 milliards de nos francs par an pour les projets de cinéma. Allamine Kader affirme que tant qu’on n’a pas un fonds dédié au cinéma, le Tchad sera à la traîne.
Le réalisateur somalien Khadar Ayderus Ahmed remporte l’étalon d’or, une récompense suprême pour son film « la femme du fossoyeur ».
Jules Doukoundjé