SENAFET : Bourkou Louise et Kemneloum Delphine appellent à la réflexion non aux folklores

Mar 08, 2022

Les femmes sont depuis le 1 mars 2022, dans le mouvement commémoratif de la semaine nationale de la Femme tchadienne (SENAFET). Une semaine qui va s’achever avec la célébration de la journée internationale de la Femme(JIF). La présidente du parti Rassemblement pour la Justice et le Progrès social(RJPS) Mme Bourkou louise Ngaradoumri et l’avocate internationale, Me Kemneloum Delphine estiment que le contexte tchadien n’est pas aux folklores, mais aux réflexions. Reportage.

La Présidente du parti Rassemblement pour la Justice et le Progrès Social (RPJS), Bourkou louise Ngaradoumri affirme être à la base de la signature de la convention pour intégrer le Tchad à la journée internationale de la femme. « J’étais allée en Chine en 1992 d’où les démarches ont été faites pour qu’elle soit connue par la femme tchadienne. On a signé de convention basée sur les matériels agricoles, d’élevage et de couture », rappelle la présidente du RJPS. Selon elle, les femmes ne connaissent pas les travaux difficiles dans notre pays. La plupart des femmes intellectuelles dit-elle, rêvent que du travail de bureau. Or, les travaux techniques peuvent beaucoup rapporter et nous conduire à l’autosuffisance alimentaire, soutient Mme Bourkou Louise. A son avis, la SENAFET ne réussit pas, car les femmes croient que c’est simplement un défilé de mode. « Je pense qu’on doit dépasser l’aspect festif du 8 mars et voir au-delà pour gagner plus. Dans d’autres pays, les femmes voyagent pour aller discuter avec les autres et se partager leurs expériences. Elles obtiennent gain de cause », déclare la politicienne. Elle estime que des cadres ministère de la femme et de la petite Enfance, doivent élaborer un projet global pour toute l’année. Ce qui va d’après elle, permettre aux femmes de se regrouper, mais non pas pour danser, se réjouir et faire des youyous, mais penser et innover. Cette manière de fêter SENAFET-JIF est déjà révolue, constate Mme Louise. « Elles peuvent se regrouper et penser à la création des usines de transformations de nos produits céréaliers par exemple.  On a de maïs qu’on peut en faire de farine semoule de maïs qu’on peut vendre moins cher et à la portée de tous les citoyens. Au lac Tchad par exemple, on peut créer une usine de poissonnerie », suggère-t-elle. Une telle usine démontre la politicienne, va permettre de fabriquer nos propres boîtes de conserve au lieu d’importer des conserves périmées avec de destination douteuse. Mme Bourkou Louise déplore que les autorités n’associent les gens mûrs de réflexions pour donner de bonnes idées. Elle dit qu’elle est déçue, car les femmes tchadiennes résument leur semaine sur les habits et à l’alcool dans les bars. « Il faut que la femme tchadienne saisisse cette occasion pour évoluer dans la technologie industrielle. Les stratégies c’est l’humain qui a créé, nous sommes-là comme des archives. Si le ministère de la femme met sur place un comité de gestion interministériel pour toute l’année et nous invitait, nous aurions dû faire des propositions concrètes », relate la présidente du RJPS. Elle signifie qu’en France par exemple, les femmes discutent de grands projets pour aider leur pays. Aujourd’hui les femmes sont des chefs d’usine. Mme Bourkou Louise témoigne qu’elle a gagné gros à travers la JIF en France. « Grâce à cette opportunité qu’on m’a envoyé faire les études en logistique et transport sans payer un rond. J’en suis sortie nantie diplôme de licence qui fait l’honneur du Tchad. Et c’est ainsi que cela m’a permis de créer une entreprise de transport de livraison de colis ‘’Logone-Transport Express’’ », livre la politicienne.

La présidente du RJPS remarque qu’au Tchad, les gens négligent l’agriculture et l’élevage pourtant deux mamelles de notre économie. A son avis, c’est la base de problèmes intercommunautaires. « Si on met ces deux pôles d’activités en équilibre, tout ira bien et il n’y aura pas de guerre ni de tuerie. Malheureusement les gens ont cultivé la haine qu’ils ont semé dans tous les villages et cantons », argue-t-elle. La femme rurale est reléguée au dernier rang dit-elle. Selon Mme Louise, quand on ne met pas le crayon beauté noir les gens pensent qu’on n’est pas une femme. Or c’est faux souligne-t-elle. C’est la femme rurale qui est le soubassement de développement du pays, affirme la femme politique. Elles précisent que même ici à N’Djamena, les femmes qui ne sont pas fonctionnaires ne sont pas invitées ni calculées et abandonnées à leur sort. « En réalité ce sont ces femmes qui exercent dans l’informel qui apportent plus dans l’économie. Celles qui défilent sous la chaleur, le vent et la tempête. Si on les réunit et on les responsabilise, elles vont rehausser l’économie nationale », lance Mme Bourkou L. Elle indique que c’est un projet qui la tient à cœur en tant chef de parti politique. La politicienne demande à Dieu de lui donner un petit temps pour organiser ses sœurs rurales et toutes les femmes débrouillardes.

La situation de la femme tchadienne est peu reluisante

L’avocate Me Kemneloum Delphine dit que la situation de la femme tchadienne d’une manière générale laisse à désirer. Selon elle, nous sommes dans un contexte où les droits de l’homme sont massivement violés et impunément. Ce qui plonge la femme dans une situation pire, soutient-elle. L’avocate souligne que si nous prenons les derniers évènements dans notre pays, les femmes sont en avant-garde. Me Kemneloum évoque que ces femmes sont directement concernées quand leurs maris et leurs enfants sont purement et simplement assassinés. Elles-mêmes subissent les pires formes de violation de leurs droits, insiste l’avocate. « Je fais ainsi allusion à ce qui s’était produit à Sandana et Abéché ou les vies ont été impunément emportées », précise-t-elle. C’est une situation de male gouvernance et de non-droit qui ne dit pas son nom, a relaté Me Delphine. Pour elle, face à tout cela, la SENAFET-JIF doit être une occasion pour les femmes de réfléchir et poser de bonnes revendications pour l’amélioration de la gouvernance et le changement positif dans notre pays. A son avis, il faut que l’État de droit puisse prévaloir. Elle estime que c’est absurde qu’on leur demande de fêter alors que certaines femmes sont en train de pleurer leurs morts encore à ce moment.

« La chose pour laquelle on pourrait se réjouir c’est le code de la famille et de personne qui souffre dans les tiroirs depuis des décennies. Que voulez-vous que je vous dise de droit de la femme si ce code qui est supposé protéger la femme n’est pas toujours adopté. Et cela pour des raisons inavouées », relève Me Delphine. Elle dit que les femmes tchadiennes sont en deuil et célèbrent la SENAFET sous le signe de deuil. Le contexte selon l’avocate n’est pas aux folklores et à de grandes fêtes, mais à la réflexion. Ce qu’il faut brandir c’est la justice pour Abéché et pour Sandana, insiste-t-elle. Me Delphine conclut que c’est une opportunité de saluer la mémoire des femmes qui ont lutté pour que le droit de la femme soit reconnu.

Moyalbaye Nadjasna

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