L’opposant Dillo dénonce et lance un ultimatum au gouvernement

Fév 03, 2023

Le président du Parti du Parti Socialiste Sans Frontière (PSF) Yaya Dillo Djerou Betchi a animé une conférence de presse ce jeudi 02 février au siège son parti dans le 7e arrondissement de la ville de N'Djamena. Il a dénoncé la répression du 20 octobre, la mauvaise gestion de la transition, et a donné un délai d'un mois aux autorités pour libérer les manifestants arrêtés le 20 octobre dernier. Reportage.

C’est en présence de plusieurs journalistes et des militants de son parti que la conférence a démarré à 12h30 par des mots durs de M. Dillo. « La répression sanglante du 20 octobre 2022, appelé « jeudi noir », a endeuillé et continue d’endeuiller l’ensemble du peuple tchadien, touché dans son tréfonds par l’ampleur et l’inhumanité de ce génocide, de cette tuerie des masses par une junte brutale et sauvage ».

Selon M. Dillo, plus de 300 de ses camarades ont été massacrés de manière lâche, des milliers des personnes ont été séquestrées et torturées chez elles sauvagement, plusieurs centaines des personnes ont été jetées dans le fleuve, plus de 1500 personnes ont été portées disparues, Il donne des chiffres en appui à sa dénonciation, 1230 personnes ont été déportées vers les geôles de la junte de manière extrajudiciaire contrairement au chiffre de 600 personnes annoncé par les officiels de la junte. 47 personnes parmi les prisonniers transférés à Korotoro sont mortes en cours du trajet à cause des tortures, de la soif et de la faim volontairement imposées, a-t-il déploré.

Parmi toutes les personnes arrêtées ou portées disparues, nombreux sont des enfants mineurs. Voilà la vraie version de la tragédie humaine du jeudi noir, dit-il.  « C’est un génocide planifié, organisé et exécuté selon un plan machiavélique pour diviser, opposer le Nord et le Sud, les musulmans et les chrétiens ». Cette épuration régionaliste visait essentiellement les populations chrétiennes ressortissantes du Sud du pays. « Nous ne devons pas avoir peur de dire cette vérité », a-t-il dit. Il poursuit, « les renseignements généraux, l’Agence Nationale de Sécurité (ANS) et la direction générale de la Garde Nationale et Nomade du Tchad (GNNT) sont les principaux instigateurs de ces massacres odieux ».

Aussi, M. Dillo a dénoncé ce qu’il appelle parodie de justice. « Le PSF demande la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers » a-t-il affirmé. Il donne un délai maximum d’un mois à la junte pour libérer ces victimes injustement arrêtées, de les dédommager. Il demande d’arrêter et de traduire devant la justice internationale les vrais auteurs de ces crimes odieux. « Passé ce délai, le PSF s’activera à organiser de nouvelles contestations sur l’ensemble du territoire national. Le peuple tchadien ne doit pas lâcher devant l’injustice », dit M. Dillo

Il doigte les organisations et institutions africaines, notamment la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et le Conseil de Paix et Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA), et affirme qu’ils sont dérobés de leurs responsabilités.

Sur le chapitre des détournements, M. Dillo va plus loin en soutenant que c’est seulement un infime pourcentage des recettes des produits de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) arrive au Trésor public. La majeure partie est transférée sur des comptes comme des fonds privés. Le principe de l’unicité des caisses est allégrement violé, a-t-il déclaré.

Selon M. Dillo, la junte aurait conclu une convention secrète d’exploitation de la Douane tchadienne par l’entreprise de transit international BOLLORÉ. Cette convention prévoirait l’exploitation de cette principale régie financière du pays pendant au moins 5 ans contre le paiement par anticipation des recettes prévisionnelles de la Douane en deux ans.

Enfin pour Dillo, il est insolent et inhumain de prétendre soutenir un régime qui terrorise et tue sa population au nom de la lutte contre le terrorisme. « Le plus grand terroriste, c’est celui qui utilise les moyens de l’État pour massacrer sa population civile non armée. Tous ceux qui cautionnent et soutiennent cette junte criminelle sont en réalité les vrais ennemis du Tchad. Le protecteur du criminel est plus nuisible que le criminel lui-même ».

Noël Adoum

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