Reportage

Reportage (1382)

Déguerpis depuis le dimanche 20 mars dans la matinée de leur ancien site, les vendeurs du marché de Dembé n’ont toujours pas trouvé un site amélioré pour s’installer. Dépassés, ils ont fini par occuper les voies bitumées et les devantures des maisons des particuliers pour vendre leurs marchandises. Nous sommes allés à la rencontre de ces vendeurs qui nous raconte leur vécu quotidien. Reportage.

Les klaxons des engins demandant le passage aux usagers se font entendre toutes les secondes, surtout pendant les heures de pointe. Les vendeurs des différents produits alimentaires occupent la moitié de la voie bitumée qui quitte Dembé jusqu’au magasin de l’ONASA à Chagoua. L’autre voie qui divise une agence de voyages de la capitale est aussi occupée. Assis à même la voie bitumée et sous la chaleur ardente, les vendeurs comme ils disent tiennent le coup malgré eux. Les vendeurs et les vendeuses refusent ce qu’ils appellent « l’arnaque de la mairie municipale ». Ils livrent bagarre à la mairie qui selon, eux, prélève des taxes appelées « patentes » » tous les jours pour rien.

Nodjihassal Émelie est vendeuse de poissons séchés. Elle nous raconte son vécu quotidien avec les agents de la mairie municipale. « Les agents viennent par équipe pour prendre les pièces avec nous. Une équipe prend 250FCFA, 4 autres équipes passent pour prendre 100FCFA par équipe et la dernière équipe prend 50. Au total, nous donnons 650FCFA par jour et par vendeur. Ce qui fait mal dans tout cela, c’est la seule l’équipe de 50F qui nous donne de ticket. Le reste de l’argent on ne sait pas où il va », raconte-t-elle. Elle ajoute que même la voie bitumée qu’elles occupent pour étaler leurs marchandises n’est pas nettoyée. Mais elle ignore au nom de quoi la mairie se fait payer. Une autre vendeuse dame Kadjidja Mahamat elle, se plaint du comportement antisocial des propriétaires des maisons. Pour elle, les propriétaires des maisons les chassent de leur devanture tous les jours. Mais comme c’est la seule activité génératrice de revenus qu’elle sait faire, Kadjidja est obligé de négocier avec les propriétaires.

Si d’un côté on chasse les vendeurs des devantures des concessions, de l’autre côté on fait de cette occupation un vrai business. Mahamat Abakar occupe la devanture d’un particulier ou il vend les habits. Ils ont signé un contrat ou Mahamat doit payer 500 fcfa par jour à son désormais bailleur. Il revendique de revenir sur l’ancien site. « Nous voulons notre site d’avant ou alors qu’on nous donne un nouveau site pour nous permettre de faire des tentes et nous mettre à l’abri su soleil. En plus du soleil, le goudron dégage aussi de la chaleur. Et il y a encore quelqu’un à qui tu dois 500F par jour qu’il y ait marché ou pas. Vraiment nous souffrons trop. Il faut que les autorités nous trouvent une solution urgente », dit-il. Madame Guinanodji Aurélie par contre est tombée dans les mains d’une personne gentille qui ne lui a jamais demandé 5F depuis qu’elle occupe sa devanture. Elle s’en réjouit. « Martine est trop compatissante. Elle comprend nos peines et a mis gracieusement pour nous l’espace que nous occupons maintenant. On utilise, ses toilettes, son eau et quelquefois elle nous donne même à manger. Que Dieu la bénisse » a-t-elle conclut.

Kouladoum Mireille Modestine

Le Tchad célèbre ce 25 avril la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Le thème de cette 15e édition est : « innover pour réduire la charge du paludisme et sauver des vies ». C’est aussi l’occasion pour le Ministère de la Santé publique de faire l’état de lieux de la lutte contre cette maladie qui constitue la première cause de mortalité. La cérémonie de la campagne a lieu en présence de la secrétaire d’État à la santé publique et de la solidarité nationale. Reportage.

Le paludisme est la première cause de la mortalité au Tchad. Ce taux de mortalité et de morbidité le plus élevé en Afrique centrale serait lié aux pesanteurs socioculturelles et au système de santé peu développé. La célébration de cette 15e édition a pour thème « innover pour réduire la charge du paludisme et sauver des vies ». La journée mondiale de lutte contre le paludisme a pour objectif de mettre en exergue les progrès réalisés dans le domaine de la lutte contre cette maladie et d’inciter les pays à accélérer leur intervention visant l’élimination du palu dans le monde.

Pour la secrétaire d’État à la Santé publique et à la solidarité nationale, Mme Mbaidedji Dékandji Francine, ce thème, souligne la nécessité d’élaborer et de renforcer les stratégies adaptées pour une lutte plus efficace contre le paludisme qui demeure toujours un problème majeur de santé publique au Tchad. Selon elle, le palu est le premier motif de consultation et la première cause de décès dans le milieu hospitalier. Elle ajoute que l’année dernière, cette maladie a été la cause de 42 % d’hospitalisation dont 29 % sont des enfants de moins de 5 ans et 18% des femmes enceintes.  La secrétaire d’État à la santé publique et de la solidarité nationale souligne aussi que 31 % de décès étaient dus au palu. « Il faut par conséquent accorder la priorité à la prévention et à la prise en charge médicale de cette maladie, tout en tenant compte de la dimension de l’innovation qui reflète le thème », suggère-t-elle.

Pour ce qui est de la prise en charge à base communautaire, Mme Mbaidedji Dékandji Francine affirme que 81 % des cas suspectés ont fait l’objet des tests rapides du diagnostic et le taux le positivité est de 79%. Alors que le taux des cas confirmés pris en charge est de 97%. Elle estime que ces résultats montrent que les efforts dans le domaine de la prise en charge sont louables.

Rupture des intrants

Les hôpitaux ont enregistré des ruptures et le secrétaire d’État estime que des efforts devraient être fournis pour que ces désagréments soient corrigés. Dans le domaine de la prévention, elle révèle que les formations sanitaires ont distribué 564.393 moustiquaires imprégnées à longue durée d’action en routine dont 235.183 aux enfants, 329.210 aux femmes enceintes, avec un pourcentage de 58%. Concernant le traitement préventif, la Secrétaire d’État à la santé publique et à la solidarité nationale ajoute que la proportion des femmes enceintes qui ont reçu au moins 3 doses est de 34% et pour chimio-prévention du palu, elle dit que, tous les 72 districts éligibles ont été couverts. Au sujet de la distribution des moustiquaires imprégnées, elle affirme que 10 millions de moustiquaires ont été distribués en 2021.

Dans le même sens Dr Ignace Bimenyimana, coordonnateur du projet d’appui antipaludique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Tchad, les efforts restent encore à faire. Il souligne que le plus grand problème reste la lutte contre le palu chez les femmes enceintes. Il soutient aussi que les consultations prénatales qui sont faibles au Tchad et ne permettent pas d’atteindre le maximum des femmes étant les cibles les plus importantes et les enfants. Selon Dr Ignace, l’autre défi concerne l’utilisation des moustiquaires imprégnées, le taux de couverture reste faible et des efforts importants doivent être déployés pour la mise à la disposition de ces groupes vulnérables qui sont les femmes et les enfants. Il estime que la bonne gestion et l’utilisation des médicaments et autres moyens de lutte contre le palu qui sont mises à la disposition des formations sanitaires posent problème. Il suggère que le ministère de la Santé publique veille à tous ces moyens de prévention pour qu’ils parviennent aux bénéficiaires.

Jules Doukoundjé

Le Président du Parti Convention tchadienne pour la paix et le développement (CTPD), Laoukein Kourayo a été désigné par consensus maire de la commune de Moundou, capitale de la province du Logone Occidental. C’est au terme d’une session extraordinaire sur le thème « Paix et réconciliation à la commune de Moundou » qu’il a été désigné en présence du gouverneur de la Province du Logone Occidental. Reportage.

L’opposant Laoukein Kourayo reprend la gestion de la commune de Moundou après 4 ans d’absence. Le président du CTPD était expulsé et envoyé en prison pour une malversation financière. Mais il a toujours clamé son innocence. Au terme d’une session extraordinaire organisée le 22 avril à Moundou sur le thème « paix et réconciliation à la commune de Moundou », que l’ancien maire a été désigné par consensus. Le retour de l’homme politique est le fruit d’un besoin exprimé par les populations du Logone occidental au président du conseil militaire de la transition (PCMT), en visite à Moundou le mois dernier. Les ressortissants de la province du Logone occidental avaient demandé au PCMT d’intervenir pour résoudre le conflit qui oppose les conseillers de cette commune. Le gouverneur de la province, Bachar Ali Souleymane, chargé de conduire des négociations a multiplié des rencontres avec toutes les forces vives de la commune pour trouver un consensus devant permettre de mettre en place une nouvelle exécutive. Il a réconcilié tous les conseillers municipaux et a réhabilité ceux qui étaient suspendus.

Pour le chargé des affaires financières communales du Parti CTPD, Bélemdara Miskine, après 6 mois en prison, le président Laoukein et maire de la commune de Moundou a été arrêté de façon arbitraire et après enquête, il a été innocenté. Il souligne que le retour de l’ancien maire est le fruit d’une tractation dans le but de rétablir le maire dans ses droits, mais aussi ce retour exprime la main tendue et le pardon entre les ressortissants de province pour construire ensemble leur commune. Le chargé des affaires financières estime que la ville de Moundou, après 4 ans d’absence de Laoukein Kourayo, a beaucoup souffert. Pour lui, cette réconciliation est bien tombée. Elle permettra de relancer l’économie de Moundou.

Au sujet de la visite du PCMT à Moundou, Bélemdara Miskine précise que cette visite est inscrite dans la logique de la recherche du dialogue national inclusif (DNI). Selon lui le PCMT est accueilli en tant que président de la transition et non un président appartenant à un parti politique. Il explique que M. Laoukein est clair, son parti va participer au prochain dialogue, mais à une seule condition. Il faut un dialogue franc et inclusif, en vue de redéfinir un Tchad nouveau, sans cela, il claquera la porte. Concernant le soutien de son parti au PCMT, il précise qu’on est en période de transition et la préoccupation majeure de son parti, c’est l’organisation d’un dialogue réussi et accepté par tous les Tchadiens. Pour le moment, dit-il, la CTPD continue son chemin qui est celui de libérer les Tchadiens du joug de la misère et n’entend pas tendre la main aux autorités de la transition. « Nous sommes pour le dialogue et nous participerons au dialogue pour trouver une solution pour sortir définitivement notre pays du spiral des guerres répétitives et de la misère », ajoute M. Miskine.   

La cérémonie de réinstallation de Laoukein Kourayo à la tête de la commune de Moundou aura lieu le lundi prochain.

Jules Doukoundjé

La ville de N’Djamena connaît une pénurie du gasoil qui persiste depuis plus d’un mois. Cette situation a obligé toutes les agences de voyages en partance pour les provinces à garer leurs véhicules hier vendredi 22 avril. Dans l’après-midi d’hier un compromis a été trouvé entre les autorités et les chefs des agences. Elles ont promis de fournir aux agences de voyages une quantité suffisante de gasoil pour le fonctionnement des leurs flottes de véhicules. Nous nous sommes rendus ce matin dans les agences de voyages pour constater. Reportage.

Toutes les agences de voyages aux alentours du marché de Dembé ont  repris leurs trajets ce samedi après une journée d’arrêt de travail. Les guichets des agences Sud Voyage, Abou Hamama, STTL, et Abou Salam sont ouverts ce samedi pour le bonheur des voyageurs.

Abderahim Hassane est le chef d’agence d’Abou Salam. Il donne des précisions par rapport à la journée du 22 avril. Pour lui, les chefs des agences ont décidé unanimement de mettre les bus aux arrêts parce qu’ils sont dépassés par la pénurie du gasoil. Cet arrêt de travail fait également suite aux correspondances que le syndicat des transports interurbains a envoyé à leur ministère de tutelle, le ministère du Transport et celui du pétrole. Des correspondances restées lettre morte jusqu’aujourd’hui. Il déclare que les agences travaillent pour deux jours en attendant qu’une solution soit trouvée. « Aujourd’hui, nous avons décidé unanimement de faire voyager nos clients avec le peu de gasoil qu’on a à notre disposition. Mais jusqu’à lundi si rien n’est fait on va simplement envoyer les véhicules au garage », a-t-il affirmé. M. Abderahim d’ajouter que les autorités leur ont fait une promesse qu’une quantité suffisante de gasoil leur sera fournit. Mais ils n’ont pas encore reçu une goutte de gazole. « Je ne comprends pas pourquoi les autorités ne ravitaillent pas directement les stations-service s’ils ont le gasoil à leur disposition », s’interroge-t-il.

Si d’un côté les stations-service peinent à avoir un litre de gasoil, de l’autre coté chez les détaillants à l’avenue Ngarta Tombalbaye, le gazole ne manque pas. Les fûts et les bidons sont bien remplis. Adoum Ahmat vend du gazole sur cet axe depuis plus de 40 ans déjà. Il est un client fidèle des stations-service qui lui fournissent le carburant même en cas de pénurie. Selon Adoum, dès que le gazole arrive dans les stations-service, on lui réserve sa part. « Le gazole qu’on vend ne provient pas d’ailleurs, c’est la raffinerie de Djarmaya qui fournit les stations-service qui nous ravitaillent à leur tour. Avant la pénurie, on achète le fût à un bon prix. Mais maintenant on nous vend le fût à 110.000 FCFA et on revend à 750f le litre », dit-il. Dans toute chose quand il y a rareté, le prix augmente. C’est pourquoi on a augmenté le prix du litre pour augmenter nos marges de bénéfices, a-t-il affirmé. Les détaillants eux aussi confirment n’avoir reçu aucune information de la part de la raffinerie relatif à la pénurie du gazole. Selon Adoum Hassane, le pays n’a connu aucune pénurie quand le Nigéria lui fournissait du carburant. Mais maintenant avec la raffinerie de Djarmaya on parle encore de pénurie, c’est lamentable, conclut-il.

Kouladoum Mireille Modestine
Haoua Adoum Ibeth

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en collaboration avec le gouvernement tchadien lance le programme Youth Connect Tchad. La cérémonie a eu lieu ce 22 avril à l’hôtel Radisson Blue. Le programme en question vise à renforcer les capacités des jeunes et les connecter à diverses opportunités socio-économiques, civiques et politiques. Reportage

Le Programme Youth Connect Tchad est conçu afin d’offrir de multiples opportunités à la jeunesse tchadienne qui représente aujourd’hui plus de 50% de la population tchadienne. Ainsi, la cible du programme que sont les jeunes seront informés sur le Programme, ses composantes et ses opportunités. Aussi, le programme offre une tribune de libre expression sur les thématiques liées à l’épanouissement des jeunes. Le point focal de Youth Connect Tchad Outhman Abderahman Hamdane a présenté l’historique du programme.

Pour lui, Youth Connect est une initiative lancée en 2012 par le gouvernement rwandais et le PNUD et se développe aujourd’hui dans beaucoup de pays africains. « Le Programme est un dispositif qui contribue aux nombreuses stratégies pour apporter des solutions aux préoccupations et aux attentes de la jeunesse notamment, les questions de l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la promotion de l’entrepreneuriat, à la responsabilité citoyenne, à l’égalité de chance, à l’innovation technologique et au dialogue intergénérationnel », a-t-il affirmé.

Prenant la parole à son tour, le président du Conseil National de la Jeunesse du Tchad CNJT Abakar Allamine Dangaya s’attaque à la question du chômage des jeunes et jette la responsabilité aux autorités. Pour lui, la jeunesse tchadienne contribue pour une transition réussie, mais avec une résilience inégale, elle se retrouve sur tous les fronts. « L’épineuse question de l’emploi pousse les jeunes par moment à descendre dans la rue pour réclamer leurs droits. Mais le gouvernement est loin de trouver une formule idéale bien qu’il serait un rêve illusoire de penser à une formule magique. Les jeunes ne demandent pas de faveur quand ils disent non à un concours d’entrée à la fonction publique, mais il s’agit de leur droit de citoyen », a-t-il déclaré. Le président du CNJT observe également que la raréfaction des financements en faveur des initiatives des jeunes en dépit de leur inexistence, a rendu incompréhensible le devenir de ces derniers.

Le Représentant résidant du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD Kamil Kamaluddeen souligne pour sa part que le programme permet de porter plus haut la voix des jeunes dans les décisions qui les concernent et qui concerne leur communauté pays. « Youth Connect est donc parfaitement aligné avec la stratégie des Nations Unies pour la jeunesse qui vise à accroître l’efficacité et la portée de l’action menée au niveau mondial, régional et national pour répondre aux besoins des jeunes. J’invite les jeunes à s’approprier cette initiative qui est une fenêtre d’opportunité sur le monde pour de rencontre et de partage d’expériences », précise-t-il. Le représentant annonce en même temps l’intention de son institution à faciliter l’emploi de 1000 jeunes au cours de la première année de mise en œuvre du programme.

Lançant officiellement le programme, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de l’entreprenariat Mahamout Ali Seïd déclare que les jeunes figurent en bonne place dans l’agenda du gouvernement de la transition qui prend en compte leur implication dans les instances de prise de décisions dans toutes les institutions de la République. Il rappelle que le gouvernement continue de fournir des efforts afin de chercher des solutions à l’assiette des préoccupations que les jeunes expriment. Il rassure que son département prendra toutes les dispositions pour que ce programme puisse contribuer à l’amélioration des conditions de vie des jeunes. Le ministre de la Jeunesse invite alors les jeunes à travers leur organe faîtier qu’est le CNJT, à renforcer les capacités de communication entre les institutions dans l’intérêt de la jeunesse tout entier.

Kouladoum Mireille Modestine

Après deux jours d’échange sur les principales thématiques, surtout sur la fondation et la forme de l’Etat qui seront débattues au dialogue national inclusif (DNI) le 10 mai, les acteurs non conviés aux deux pré-dialogues demandent aux autorités de la transition d’organiser un vrai dialogue inclusif qui permettra de redéfinir une nouvelle base pour un Tchad nouveau. Ils préviennent que si ce dialogue n’est pas transparent et inclusif, ils descendront dans la rue pour exiger la tenue d’un vrai dialogue. Reportage.

Rien ne serait comme avant, préviennent certains leaders de la société civile qui étaient réunis pendant deux jours sur la thématique de la refondation et la forme de l’État qui seront discutées au futur dialogue.

 Pour l’ancien ministre et représentant le Groupe de Réflexion de l’Appel du 1er juin (GRA), Hassaballah Soubiane, aux termes de deux jours d’échanges sur les critères de participation, la refondation et la forme de l’Etat ont permis de comprendre les enjeux du dialogue. Selon lui, chaque acteur a pu s’approprier des principales thématiques sans lesquelles le dialogue national inclusif, souverain et apaisé que les Tchadiens attendent de plain-pied ne sera qu’une comédie sans lendemain et de façon imagée comme certains l’ont décrit. Il affirme que le niveau du débat permet de dire que l’ objectif du séminaire est atteint et revient à chacun de s’approprier les pertinentes analyses et recommandations formulées. Hassaballah Soubiane ajoute que cette rencontre est le signe de l’existence d’un large front pour un vrai dialogue qui a le mérite de faire bouger les lignes. « Ce front se dessine progressivement, il inclut plusieurs personnalités ressources », précise l’ancien ministre. Il espère que l’initiative des acteurs de la société civile et de certains partis d’opposition va imposer au dialogue du 10 mai un riche débat contradictoire sincère et apaisé à la recherche d’un nouveau consensus solide et durable jetant les bases d’un Tchad nouveau.

Hassaballah Soubiane prévient au président du CMT qu’en cas d’exclusion du dialogue national, ce front lancera un appel à une vaste mobilisation citoyenne sans égal sur le territoire national pour se faire entendre. « Pacifiquement et avec détermination, nous allons vaincre », ajoute-t-il.

Concernant les pourparlers de Doha au Qatar, il souligne que les forces vives de l’intérieur qui aspirent à un changement tiennent au caractère inclusif du dialogue. L’ancien ministre affirme que la participation des politico-militaires au dialogue est pour ces forces une condition vitale. Il signale que la tenue de deux dialogues concomitamment est une idée incongrue.

Dans la même foulée, le Dr Gali Gata interpelle les autorités de la transition en disant que le pays ne peut plus être gouverné par une équipe, il faut le gouverner avec les propositions de tout le monde. Selon lui, les gouvernants ont tendance à ne pas écouter ce qui se dit et note qu’on ne peut pas gouverner contre l’opinion du peuple.

Pour Dr Sitack Yombatina, il faut un vrai dialogue entre les Tchadiens. L’opposant ajoute que le dialogue entre amis, c’est terminé. Il faut un agenda clair et une représentativité au dialogue et non les gens ramassés. Selon lui, si les 17 millions des Tchadiens ne sont pas représentés, il n’y aura pas le dialogue. « On ne badine plus, où on organise un vrai dialogue ou le Tchad sera sectionné en petit morceau », prévient-il. Dr Sitack estime que les partenaires devraient comprendre qu’il faut un vrai dialogue pour redéfinir le pays ou alors il n’y aura pas de dialogue et on décidera de ce qui va se passer pour la suite.

Jules Doukoundjé

Le défenseur des droits humains l’avocat, Me Maxe Loalngar au cours d’une déclaration faite, ce 22 avril au Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD) de N’Djamena, évoque la détention arbitraire du policier Mekila Élysée Asngar aux renseignements généraux. Selon lui, sa garde à vue est cinq fois au-delà de la prescription légale.

Selon l’avocat Me Maxe Loalngar, il dénonce de la manière la plus énergétique possible la détention arbitraire de sieur Mekila Élysée Asngar. Il rappelle que M. Mekila gardé à vue depuis le mercredi 13 avril, est un agent de la police nationale qui travaille aux renseignements généraux. Pour le praticien du droit, ce dernier est père d’une petite famille de deux enfants. Pour rafraîchir la mémoire, il affirme que M. Mekila est allé au boulot depuis la date susvisée n’est plus revenu chez lui depuis bientôt dix (10) jours. Pour le défenseur des droits humains, c’est une garde à vue au-delà de la prescription légale de la République.

Le comble, dit-il, ce que le malheureux policier ne sait pas la raison de son arrestation. Selon Me Maxe et suivant les investigations menées, il aurait été détenu parce qu’il aurait échangé avec le chef du parti Les Transformateurs, Succès Masra. Pour le défenseur des droits de l’homme, il semblerait que ce dernier et M. Succès Masra ont grandi ensemble et seraient d’un même village. « Alors si échanger avec quelqu’un est une infraction, on devrait au moins le déférer au parquet qu’il soit jugé convenablement et conformément aux textes de la République. Ce n’est pas le cas », dit-il. D’après Me Maxe, il a échangé avec certaines autorités, mais on évoque une mesure administrative. Il trouve inadmissible qu’on considère un membre des forces de défense et de la sécurité comme un ennemi de la nation parce qu’il échange avec un leader politique.

Les policiers, insiste-t-il, qui qu’ils soient doivent être défendus. « Nous lançons un appel solennel aux autorités à l’effet qu’il soit libéré purement et simplement. Le délai de la garde à vue serait dépassé de très loin. Sinon, qu’il soit déféré au parquet et seul le procureur de la République pourra prendre de mesure qu’il y convient », plaide le défenseur des droits de l’homme. L’avocat précise que c’est les dispositions de l’article 282 du code de procédure pénale qui devaient retenues. Selon lui, le délai de la garde à vue n’est de dix jours. « S’il vous plaît, ne donnons pas l’image à ce pays-là à une dictature. Nous vivons une dictature la plus abjecte. On ne peut pas dans un contexte où on parle de dialogue aboutissant à la réconciliation des Tchadiens et arrêter un père de famille et le priver ainsi de l’affection de ses enfants », lance-t-il. Il signe que, la mère larmoyante ne sait comment convaincre les enfants de l’absence injustifiée de leur père.

Me Maxe est aussi le porte-parole du mouvement Wakit Tama. Il rappelle que lorsqu’ils étaient reçus il y a quelques mois par le Président du conseil militaire de la transition (PCMT), il lui avait fait un aveu de lui revenir quand il le faudrait. Ainsi, le juriste signe son plaidoyer à l’intention du PCMT afin que ce père de famille soit libéré pour retrouver l’affection de sa famille.

Moyalbaye Nadjasna

Des acteurs, non conviés aux pré-dialogues organisés par le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) se sont réuni pour discuter sur certaines thématiques liées au prochain DNI prévu pour le 10 mai. Ils ont aussi échangé sur la refondation de l’État, sa forme et la conduite de la transition. Reportage.

Les acteurs non étatiques qui n’étaient pas conviés aux pré-dialogues organisés par le CODNI et le défunt CTS pour ce qui concerne les politico-militaires à Doha au Qatar décident de se réunir pendant deux jours pour discuter sur les thèmes liés au prochain dialogue prévu pour le 10 mai.  L’objectif de cette rencontre est de renforcer les capacités de participation efficace des acteurs non étatiques aux débats approfondis, constructifs et sereins permettant de parvenir à un consensus. Pendant ces deux jours, ces acteurs vont décortiquer les thématiques qui seront discutées au prochain dialogue et feront des propositions en vue de bien concevoir la refondation de l’État et la forme de l’État.

Pour le coordonnateur de Wakit Tamma, Max Loalngar, les attentes du peuple obligent les acteurs et leurs partenaires à une réflexion commune en vue de circonscrire les concepts de la refondation de l’État et de sa forme, de la conduite de la transition, avec un accent particulier sur la gestion économique et financière. Selon lui, il y va de la réussite de ce dialogue et de l’aspiration du peuple tchadien à en faire une véritable opportunité de transformation du pays. A l’issue de cette rencontre, les axes clairs pour la future constitution et les textes y afférents, le projet d’une nouvelle charte de transition, les orientations pertinentes pour le cahier de charge du gouvernement de transition et les profils des dirigeants devront être passés au peigne fin pour que tout le monde ait la même information. Max Loalngar affirme que cet exercice permet de jauger la transition actuelle et d’en mesurer les limites de sa gestion. Il souligne aussi que ce serait la voie royale de mettre à nue les subterfuges mis en place dans le dessein secret de biaiser les vrais débats et de priver le peuple tchadien d’une transition conduisant à une alternance politique fondatrice d’une véritable espérance.

Abondant dans le même sens, le Pr Avocksouma Djona, modérateur de la rencontre estime que la situation est critique et le pays est à la croisée des chemins. Il ajoute que personne ne connaît l’agenda et de quoi on va parler au dialogue, ni les critères de participation. Selon lui, si les choses traînent à Doha, c’est justement parce que nous ne savons pas de quoi on devrait parler. Le Pr souligne qu’il faut s’organiser en tant que société civile et citoyen de ce pays pour pouvoir présenter un certain nombre de choses qui pourrait probablement faciliter le futur dialogue, si jamais ce dialogue est maintenu. Il affirme qu’il y’a deux jours, le PCMT a évité de dire une phrase prononcée le 31 décembre : le caractère souverain du DNI. Selon lui, le dialogue aura lieu le 10 mai et les politico-militaires n’assistent pas, il y’aura encore un autre mot qui va sauter, le caractère inclusif.

Pour l’ancien ministre et représentant le Groupe de Réflexion de l’Appel du 1er juin (GRA), Hassaballah Soubiane, le CODNI serait en train de confectionner une liste pour soumettre à l’appréciation du PCMT qui désigner ceux qui vont participer. Il estime que ce n’est pas en son honneur et en tant que président du CMT, il a intérêt à être à égale distance des forces qui vont dialoguer, que de choisir comme ils l’avaient fait pour le Conseil national de transition (CNT). « Notre démarche est très simple, il y’a des blocs, que chaque bloc se réunit malgré des difficultés qu’il y’aura, les gens vont finir par s’entendre », dit l’ancien ministre. Il souligne que dialoguer, ce sont des idées qui vont être débattues, la forme de l’État. Hassaballah Soubiane ajoute que le pays a besoin d’un dialogue sincère qui permettra au Tchad d’être comme les autres pays.

Jules Doukoundjé   

Le Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif (CODNI) a présenté ce 21 avril au Premier ministre de transition, la synthèse du rapport du sous-comité thématique. Une manière pour le CODNI de mettre à la disposition du public les éventuels contenus du dialogue national inclusif (DNI). Le président du comité technique du CODNI Armand Djérakor Djégoltar nous présente le contenu de cette synthèse du rapport. Reportage.

C’est une synthèse du rapport du sous-comité thématique du CODNI conçu en Arabe et en Français et imprimé en décembre 2021. Elle compte 80 pages et parle de toutes les questions sociétales : les chefferies traditionnelles, les confessions religieuses, la dia, le bilinguisme, les problèmes de migrations et d’exodes ruraux et le trafic d’enfants entre autres. Les contextes de discussions, les recommandations et quelques propositions d’actions sont à lire dans ce rapport. Il présente en quelque sorte le fil conducteur du dialogue aux participants.

Pour le président du comité technique du CODNI Armand Djérakor Djégoltar, ce rapport marque la fin de la  phase préparatoire et le début de la phase de réalisation du DNI. « C’est un rapport de synthèse de tous les travaux des sous-comités thématiques. Ce rapport technique dresse un peu quels sont les éléments que le CODNI à préparer pour mettre à la disposition des participants afin de les faciliter les réflexions pendant le dialogue, mais aussi aider dans la prise de décision », affirme-t-il. Cependant, le président du comité technique tient à rappeler que le CODNI n’impose rien. Les participants au dialogue ont la liberté de s’appuyer sur ce document ou pas le jour j. Seuls les participants vont décider du contenu du dialogue, a-t-il déclaré. Il indique également que le Premier ministre de transition a reçu le document. Il l’a déclaré officiel. Les prochains participants au dialogue peuvent exploiter le rapport qui va les aider à appréhender les différentes thématiques qui seront développées à partir du 10 mai prochain. Le président du comité technique précise que le CODNI dans le souci de mettre tout le monde au courant de l’éventuel contenu du dialogue annonce que le présent rapport est désormais disponible sur le site du CODNI et accessible au grand public. Les cadres du pays qui veulent bien prendre connaissance, peuvent passer au niveau du CODNI récupérer un exemplaire, a-t-il ajouté.

En plus de cette synthèse du rapport, le comité d’organisation du DNI prévoit de faire un rapport final qui va intégrer les conclusions du pré-dialogue de Doha, mais aussi les aspects matériels de la préparation du dialogue national inclusif. M. Djégoltar a fait remarquer que ce rapport final des activités du CODNI va intégrer le rapport technique, le rapport de gestion matérielle et financière et aussi les conclusions du dialogue avec les politico-militaires de Doha.

Kouladoum Mireille Modestine

Le centre d’étude et de recherche sur la gouvernance des industries extractives et de développement durable (CERGIED) a initié une journée de réflexion ce jeudi, 21 avril 2022 à l’auditorium du CERGIED de Gassi à N’Djamena. Cette rencontre de travail a permis aux participants d’échanger sur la planification et la budgétisation sensible au Genre. Reportage.

Une vingtaine de participants de différentes corporations qui a eu part à cette journée de dialogue et de plaidoyer sur la planification et la budgétisation sensible au Genre. Selon M. Mbaïrassem Ismaël, économiste chargé de politique publique du CERGIED, c’est une journée à caractère un peu spécifique de par sa représentation. À son avis, l’exercice nouveau qu’est la budgétisation sensible au Genre est parti d’un constat des nouvelles études réalisées au Tchad. Ces études, dit-il, ont mis en évidence les inégalités sociales au sein de la population. L’économiste précise que ce sont les couches les plus vulnérables qui sont touchées. Il s’agit fondamentalement des femmes, des personnes handicapées et des enfants, a cité M. Ismaël. Il justifie cette affirmation en signifiant que c’est dû simplement au fait que les politiques publiques élaborées ce dernier temps ne prennent pas en compte les besoins spécifiques de cette catégorie de population. D’après l’économiste, les politiques communales sont censées affecter directement les citoyens au niveau local. « L'objectif de cette rencontre c'est de discuter sur les mécanismes susceptibles de conduire les communes et au-delà, l'État à intégrer dans leur planification les besoins spécifiques des groupes vulnérables », assure-t-il. Le représentant du directeur du CERGIED dit être disposé à accompagner les communes qui souhaitent essayer ce nouvel exercice de budgétisation.

L’économiste chargé de politique publique du CERGIED rappelle que, le centre d’étude et de recherche sur la gouvernance des industries extractives et de développement durable est une organisation de la société civile qui œuvre depuis plus d’une vingtaine d’années sur des questions de gouvernances démocratiques, économiques et sociales. Pour lui, le volet de l’activité budgétaire réalisé par l’observatoire de gestion de ressources publiques au sein du CERGIED, a commencé depuis 2004. M. Mbaïrassem Ismaël dit que l’opérationnalisation des activités du CERGIED s’est traduite sur le terrain avec la mise en place des comités de suivi budgétaire dans 17 des 23 provinces du Tchad.

Ces comités selon lui font jusque-là un travail exceptionnel dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques à l’échelle nation ou locale avec les communes. Cette synergie d’action souligne-t-il, a apporté un changement dans la pratique et la mise en œuvre des politiques publiques au Tchad.

Moyalbaye Nadjasna

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