Koni Sougoudi, l’homme qui lutte contre les scorpions dans le BET

Oct 04, 2021

« Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard face à la situation de piqûres de scorpion et de lutte contre l’avancée du désert vécue par les populations du BET ( Borkou, Énnedi, Tibesti ) », dit M. Koni Sougoudi Coordonnateur de l’Organisation Halt Death Stalker (HDS). Les piqûres de scorpions sont la première cause de mortalité dans les villes de Bardai, Faya, Fada et Amdjarass. On dénombre une dizaine de décès par mois dans certaines régions du grand Nord. Les victimes sont en majorité des enfants, des femmes enceintes et des vieillards. Ialtchad Presse a rencontré l’homme qui lutte contre ses dangereuses bestioles M. Koni Sougoudi. Entrevue.

Pourquoi une association de lutte contre les piqûres de scorpions ?

La création de l’organisation HDS est partie de plusieurs constats faits sur le terrain, des publications faites par des médecins et infirmiers, des études des experts environnementaux exerçant dans ces régions et des plaintes exprimées par les populations locales, les chefs traditionnels et les autorités administratives. Ces constats ont, non seulement, motivé les initiateurs de ce projet, mais ils ont soulevé une question cruciale qui est celle d’agir avant qu’il ne soit trop tard en apportant des réponses adéquates et adaptées aux situations vécues par les populations locales des régions du BET en luttant contre les piqûres de scorpion et l’avancée du désert. 

Quelles sont les différentes espèces de scorpions qui existent ?

On dénombre actuellement dans le monde environ 1400 espèces de scorpions réparties en 9 familles. Parmi elles, les Buthidés constituent la famille la plus dangereuse pour l’homme.

Cette famille de scorpion dangereuse existe-t-elle au Tchad ?

Oui. Elle existe. C’est l’espèce la plus redoutable, le leiurus quinquestriatus. Elle est malheureusement la plus fréquente au BET.  « Le leiurus est de la famille de Buthidés », un arthropode de couleur jaune, mesurant 7 à 10 cm, et se distinguent d’autres scorpions par les deux derniers anneaux de sa queue sombre et surtout par ses fines pinces. Son venin est de loin le plus foudroyant et la bestiole elle-même est hyper agressive.

En quelle période menacent-ils le plus souvent ?

Le pic des piqûres de scorpions est enregistré pendant les mois de fortes chaleurs notamment le mois de mars, avril, mai et parfois juin.

Quel bilan faites-vous de cas de menace par région ?

Les piqûres de scorpions constituent l’une des premières causes de mortalité à Faya. On dénombre 300 cas, dont presque 10 décès, par mois pendant le moment de pic. Les victimes sont majoritairement des enfants et des femmes enceintes. Ces dix dernières années, les régions de l’Ennedi Est et de l’Ennedi Ouest connaissent la même flambée de cas comme dans le Borkou. Notre dernier rapport épidémiologique remonte en 2018 où l’incidence la plus élevée est notifiée dans la région du Borkou. Il s’élevait à 3435 cas, suivis de la région de l’Ennedi Ouest avec 986 cas, de la région de l’Ennedi Est avec 430 cas enregistrés et enfin de la région du Tibesti avec 264 cas notifiés qui le taux d’incidence le plus faible du BET. Le total des cas notifiés est de 4.723 cas. Ce nombre est largement en deçà de la réalité si l’on considère que les populations ont tendance a utilisé des traitements traditionnels sans déclarer les cas les plus graves.

Il y a de remède efficace ?

Le traitement à la base au Tchad est symptomatique, c’est pourquoi les cas de décès sont nombreux. Depuis 2014, date de l’introduction de sérum anti venin au pays à la faveur de plaidoyer faite à l’atelier sur le scorpionisme tenu à Faya dont notre organisation à initier avec l’appui du Ministère de la Santé publique les cas décès ont chuté de 50%.

Quels sont vos Objectifs ?

L’objectif premier est d’apporter un soutien médical, financier, matériel et moral aux populations des régions du Borkou, Ennedi, et du Tibesti, particulièrement aux couches sociales vulnérables notamment les femmes enceintes, les enfants et les vieillards, en matière de protection et de lutte contre les piqûres de scorpions et autres piqûres venimeuses, l’accès aux traitements et aux centres de santé.

L’autre objectif consiste aussi à Informer-Éduquer-Communiquer sur les mortalités liées aux piqûres de scorpion, en particulier celles de l’espèce leiurus quinquestriatus dans les zones endémiques et à risque, sur les moyens, les méthodes de préventions et les actions mises en œuvre par l’organisation HDS.

Réalisation Mahamat Kao Adoum

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