jeudi 28 mars 2024

« Il n’y a pas de dialogue, c’est un monologue », Dr Masra Succès

Sep 28, 2021

Suite à la publication de la liste des 93 membres du Conseil National de Transition (CNT), le Président du Parti des Transformateurs, Dr Masra Succès critique la mise en place de cet organe et souhaite un dialogue sincère pour sortir le pays de sa léthargie. L’opposant compte organiser une marche le 02 octobre prochain pour contester les agissements du CMT. Entrevue. 

Le président du parti Les Transformateurs, opposition, Dr Masra Succès ne change pas de fusil d’épaule. Il dit non à cette manière, selon lui, d’organiser la transition. Le jeune politicien souhaite qu’on mette tout sur la place publique et on redéfinit les règles du jeu pour organiser des élections libres, transparentes et crédibles. Pour lui, ce qui se fait maintenant n’est pas un dialogue, mais un monologue. Il explique le fond et la forme de la situation politique actuelle du pays.

La première chose, c’est d’abord l’opportunité de la mise en place du CNT avant le dialogue ou la conférence qui est demandée. Pour lui, ce n’est pas le nom qui est la chose la plus importante, mais le contenu. Pour le jeune politicien, aujourd’hui, personne n’a la légitimité du peuple, il faut une juste représentation de tout le monde. C’est au niveau de la conférence que vont sortir des résolutions et des décisions qui ne doivent faire l’objet d’aucune modification. Pour le président des Transformateurs, ces décisions doivent être souveraines. Il estime que tel que les choses vont, on a vidé le futur dialogue de son contenu et de sa pertinence. Selon lui, les gens pourront venir de bonne foi débattre, discuter et faire de propositions, mais ces propositions ou ces résolutions vont être soumises à un CNT qui a été mis sur pied par une volonté unilatérale d’une seule personne, « elle peut être de bonne foi, mais la confiance n’exclut pas le contrôle », dit Masra Succès.

À son avis, le rôle du CNT doit être un contre-pouvoir pour contrôler l’Exécutif, pour veiller à l’application des résolutions qui seront prises par ceux qui vont débattre dans le cadre de la conférence du renouveau pour notre pays. « Si tel n’est pas le cas, nous aurons des députés qui sont les députés nommés. Donnez-moi un seul exemple au monde où un député nommé est indépendant. Donc leur indépendance serait mise en cause », explique l’opposant qui refuse de participer au CNT si les règles du jeu ne sont pas bien définies. Pour le président du parti les Transformateurs, l’on se retrouvera dans une situation où peu importe ce que les gens vont dire au DNI, ce serait ces conseillers ou « députés décrétés » qui vont être ceux qui vont décider de la suite. « Cela ne servirait pas à grand-chose. Ça ressemblait exactement au dialogue de 2018 et de 2020. Vous vous souvenez, certaines résolutions ont été toilettées et élaguées » affirme Masra Succès.  Il rappelle que les mêmes personnes qui étaient là et qui ont conduit le pays dans cette situation, un certain nombre sont encore là.

La représentativité, une coquille vide

Parlant de la forme, l’homme politique évoque le problème du nombre de 3 députés par province. Pour lui, le découpage des 3 provinces a été un découpage politique. Il souligne que le pays comptait 14 préfectures et c’est passé à 23 provinces. Pour le jeune Masra, c’est une volonté de créer une majorité automatique qui va permettre de contrôler l’Assemblée nationale (AN) dans l’avenir. À l’en croire, c’est un calcul arithmétique qui ne fait que s’adosser aujourd’hui sur ce découpage, qui est un découpage totalement injuste. Selon lui la question n’est pas le nombre des provinces, c’est la proportion démographique de chaque province. Pour lui, il y a de provinces qui représentent 0,5% de la population tchadienne qui vont avoir 3 députés et d’autres provinces qui ont entre 10 à 14% de la population qui vont avoir aussi le même nombre de députés. Dr Masra Succès dénonce ce déséquilibre et affirme que tous les tchadiens ont remarqué que les provinces les plus peuplées auront le moins des députés, sans compter l’absence des diversités.

Au sujet de la répartition, là encore, l’économiste critique le plan macabre mis en place par un système qu’il faudrait démanteler. « Si vous dites que vous avez 33% des jeunes et que ces jeunes sont à 90% issues d’une seule province, est-ce que c’est juste ? Vous avez 33% des femmes, si elles sont issues pratiquement de 2 familles, c’est juste ? Quand vous dites qu’il y a la diversité, qu’il y a un renouvellement avec 60% qui sont des nouvelles personnes. Si ces nouvelles personnes sont issues d’un seul parti politique et de ses alliés, est-ce équitable ? » s’interroge l’opposant. Pour lui, on part sur des bases qui ne sont ni équitables ni représentatives et l’on met sur pied à un moment où il ne faut pas.

On peut encore sauver la situation.

Le président du Parti Les Transformateurs est sûr qu’on a encore une chance et qu’on pourrait faire marche en arrière et sauver la situation. Pour lui, rien n’est perdu, il faut juste une volonté de faire bien les choses pour permettre au pays de se développer. « Il y a encore de moyens de revenir en arrière. Nos propositions sont sur la table, pour peu qu’on veuille nous entendre. Nous avons dit cela en 2018, on nous a tapés dessus en disant que nous voulions empêcher le pays d’aller de l’avant, ils sont revenus à la raison. On a encore dit en 2020, ils nous ont tapés dessus », rappelle Dr Masra Succès. À son avis, si aujourd’hui, ils sont obligés de parler de réconciliation nationale, d’obligation de dialogue, de jeter la Constitution dont ils avaient défendu becs et ongles et de revenir sur les institutions qu’ils avaient supprimées, cela montre qu’ils ont pris un mauvais chemin. Et qu’il est encore temps de se ressaisir. Il estime que l’on peut encore corriger le tir, s’ils veulent un dialogue sincère. Il ajoute que ce qui se passe maintenant n’est pas un dialogue, mais un monologue. Selon lui, le comportement des autorités de la transition ne ressemble pas à un dialogue. « Aujourd’hui, on demande aux gens de se taire et de prendre ce qui est là ou alors on vous considère comme extrémiste, comme illégitime, vous êtes considérés comme celui qui n’a pas sa place », explique-t-il. Pour l’opposant, au bout, ce que l’on est en train de faire, doit permettre au Tchad d’arriver à quelque chose qui n’a jamais eu lieu dans ce pays et qu’enfin l’urne portée par le peuple soit plus puissante que l’arme portée par quelques individus. « Nous devons arriver à un Tchad où enfin les Tchadiens vont choisir réellement de façon démocratique leurs dirigeants. Nous devons arriver à un Tchad où on aura défini ensemble quel est le type de Tchad dans son organisation centrale, dans son organisation décentralisée, dans son administration centrale et locale qui vont permettre aux Tchadiens de vivre ensemble », dit le président des Transformateurs.

Pour lui, si on commence par définir unilatéralement une charte par une dizaine de personnes et par définir un gouvernement par une personne et ensuite de définir unilatéralement le CNT, c’est la dictature. Il affirme qu’un système basé sur un mécanisme totalement dictatorial ne peut pas aboutir à un système démocratique. A son avis, si l’on refait la même chose qui nous a conduits aujourd’hui, ce serait du surplace et qu’il y a un autre chemin pour permettre de tirer notre pays vers le haut.  Le présent du parti les Transformateurs appelle les Tchadiens à sortir massivement le 02 octobre prochain pour dire non à ce système qu’on leur impose. Il souhaite marcher du rond-point doubles voies au stade Idriss Mahamat Ouya.

Jules Doukoundjé

  • AIMEZ / PARTAGEZ AUSSI LA PAGE IALTCHAD PRESSE
    1. Arts & Culture
    2. Musique
    3. Mode-Beauté

    -Vos Annonces sur le site Ialtchad Presse-

    1. Divertissement
    2. Sports
    3. Mon Pays