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Enseignement Supérieur : « le Tchad a de l’avenir », Prof Madjindaye Yambaïdjé

Sep 22, 2021

37 sur 65 enseignants chercheurs de l’université de N’Djamena ont été gradés par le conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). Selon les résultats de la 43e session des comités consultatifs interafricains (CCI), les 37 sont issus de toutes les spécialités. Ce résultat va galvaniser davantage la recherche scientifique et aider les universités tchadiennes à mieux s’organiser. Reportage.

L’université de N’Djamena vient d’avoir de nouveaux gradés dans son corps professoral. 37 enseignants chercheurs de différentes disciplines : maîtres assistants, et maîtres de conférences, lors de la 43e session des comités consultatifs interafricains (CCI). Pour le Professeur Madjindaye Yambaïdjé, maître de conférences, secrétaire général de l’université de N’Djamena, spécialiste de la littérature africaine francophone, 65 candidats sont présentés et parmi les 65 candidats, il y a une candidature pour le grade de professeur titulaire, quelques candidatures pour la maîtrise de conférences, et de candidats pour la maîtrise d’assistanat, c’est-à-dire le grade de maître-assistant.

Au résultat, il y a eu échec du seul candidat tchadien pour le grade de professeur titulaire. Pour le chercheur, les résultats sont bons. En ce qui concerne le maître de conférences, le Tchad a totalisé 13 maîtres de conférences. « Par rapport aux années passées, c’est encourageant. Il y’a également les maîtres assistants, et là encore, l’université de N’Djamena, compte 24, c’est intéressant », se réjouit-il du résultat encourageant. Il estime que les comités techniques spécialisés (CTS), CTS lettres sciences humaines ont de la nouveauté. C’est encourageant. Il déclare qu’il y a un tout premier maître de conférences en philosophie au Tchad, un tout premier maître de conférences en lettres, et c’est lui-même, et enfin un tout premier maître de conférences en histoire. « Comme ce sont les tout premiers maîtres de conférences dans leurs domaines, cela peut donner un espoir. Cela peut conduire à l’ouverture des unités de formations doctorales dans ces domaines et permettrait d’éviter que les étudiants que nous formons, auxquels nous délivrons des masters, puissent aller se chercher à l’extérieur. », dit le professeur.

Il faudra un engagement politique

Parlant de l’impact d’avoir les enseignants chercheurs, il ajoute qu’il faut regarder chaque année le nombre des étudiants tchadiens qui partent à l’extérieur à la cherche du savoir. À son avis, c’est parce qu’il y a un problème de ressources humaines au pays. « Le problème n’est pas seulement financier », dit-il. Pour lui, à l’enseignement supérieur, il y a le capital humain, le capital financier et le capital matériel. Pour l’homme de lettres, les finances, il y en a, même si c’est insuffisant. Il reconnaît aussi que le matériel, l’enseignement supérieur en possède, mais que c’est insuffisant. Le professeur affirme que tant que l’on n’a pas le capital humain en place, on ne pourra rien faire à l’enseignement supérieur. « Beaucoup de nos institutions fonctionnent justement sans des enseignants chercheurs qualifiés. Cela fait déjà 3 ans que des résultats sont encourageants, parce que chaque année, il y a des gens qui passent maîtres-conférences, des professeurs titulaires », note le SG de l’université de N’Djamena.

Pour édifier ses propos, il a pris l’exemple de la faculté de médecine de l’université de N’Djamena. Pour lui, il y a quelques années, la faculté a toujours eu recours aux pays étrangers pour pouvoir organiser des soutenances des doctorants en médecine. Aujourd’hui on peut compter 9 enseignants de rend A, c’est-à-dire, les maîtres de conférences et les professeurs titulaires. Il y a aussi 3 professeurs titulaires à la Faculté de Médecine. Le professeur Madjindaye Yambaïdjé estime qu’avec ces résultats, au bout de 4 ou 5 ans, les autres facultés pourraient être autonomes et former des docteurs sur place. «  À ce rythme, il faut être optimiste pour le pays ».

La recherche scientifique a de l’avenir

À la question du retard du Tchad en matière de ressources humaines, surtout dans l’enseignement supérieur, l’enseignant chercheur précise que le pays a connu des moments de guerres. Cette période des guerres a perturbé  l’appareil académique. Il a évoqué aussi les grèves des enseignants chercheurs et des étudiants qui empêchaient l’enseignement supérieur de s’épanouir. Toutefois, il ajoute qu’il y’a un changement. « Il y’a quelques années, beaucoup d’enseignants chercheurs pensaient que quand on a le doctorat, on est arrivé, mais aujourd’hui, les titulaires de doctorats pensent qu’en ce moment qu’ils commencent et ce réveil est un stimulus qui commence à remodeler la mémoire de chercheurs », souligne le littéraire. Il assure que la relève est en voie d’être assurée et qu’avec ce réveil, l’on peut oser croire que le Tchad a de l’avenir. Concernant les critiques à l’endroit des chercheurs tchadiens qui ne produiraient pas, le chercheur affirme que les preuves sont là. Selon lui, les résultats du CAMES sont là pour justifier le travail des enseignants chercheurs du Tchad. Pour l’enseignant chercheur, on ne peut être évalué par le CAMES sans avoir produit des résultats de recherches, et que ce sont ces résultats qui sont évalués. Le SG de l’université de N’Djamena précise que le CAMES regroupe 19 pays et qu’une telle évaluation est crédible, objective et incontestable. Pour lui beaucoup de gens ne comprennent pas le système de recherche scientifique, mais osent critiquer ce qu’ils ne comprennent pas. « Ce n’est pas une bonne évaluation, les enseignants chercheurs produisent. Parce qu’ils produisent qu’ils obtiennent de grades » dit-il.

Au sujet de grèves dans les universités tchadiennes le chercheur soutient qu’il faut une politique de l’enseignement supérieur. Selon lui, la politique de l’enseignement supérieur ne peut venir que des gouvernants et des décideurs. « Il faut accorder une priorité à l’enseignement supérieur ». À son avis les universités tchadiennes ont de problèmes. Il ne faut pas les contourner. Il note qu’il y a des universités qui fonctionnent péniblement « il va falloir régler ces problèmes. » Il a révélé que le pays a 10 universités publiques et plusieurs universités privées, et qu’il faut développer une politique pour maintenir ces étudiants dans nos universités.

Jules Doukoundjé

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