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Oudouma accueille plus de 10.000 déplacés camerounais

Aoû 20, 2021

Le village Oudouma, situé au bord du fleuve Logone dans le département du Logone Gana à environ 50km de N’Djamena, accueille depuis le 11 août dernier des milliers de déplacés camerounais qui ont fui le conflit intercommunautaire qui a opposé les arabes missériés, éleveurs et les massa mousgoun, pêcheurs. Des autorités tchadiennes et l’agence onusienne HCR sont à pied d’œuvre pour une assistance. Reportage

Des milliers de déplacés camerounais qui ont fui le conflit intercommunautaire ont reçu l’accueil au village de Oudouma, situé au bord du fleuve Logone, environ 50 km de N’Djamena. Ces déplacés sont constitués majoritairement des enfants, des femmes et les personnes âgées. Pour les prendre en charge, le gouvernement tchadien et l’agence onusienne HCR et autres institutions humanitaires se mobilisent pour les identifier et les enregistrer sur la base des données. C’est dans une cour d’une école publique et sous une pluie fine que cette opération d’identification et de fixage de bracelets a eu lieu ce mardi 17 août. Ce premier travail qui consiste à vérifier l’identité et la provenance de ces déplacés a été réalisé par la Commission nationale d’accueil, de réinsertion des réfugiés et des rapatriés (CNARR) et le haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Pour l’administrateur principal adjoint de la CNARR et chef de mission à Oudouma, Mahamat Abderamane Yacoub, le premier travail consiste à pister et identifier les déplacés afin de faire un préenregistrement et l’enregistrement afin de prendre en charge correctement les déplacés. Avant ce travail de pistage et d’identification, il est important de rappeler la générosité des chefs de villages qui ont favorablement bien accueilli les réfugiés en leur donnant les premières assistances. M. Yacoub estime que la CNARR et le HCR s’activent pour faire le nécessaire afin de répondre aux besoins de ces déplacées.  Selon lui, les partenaires et le gouvernement veulent savoir qui sont-ils exactement avant de les prendre en charge.

Oudouma, un petit village des pêcheurs d’environ 1500 habitants, accueille plus de 10. 000 réfugiés qui ont fui le conflit intercommunautaire entre les éleveurs arabes missériés et les pêcheurs massa Mousgoun du Cameroun. Le représentant de l’État affirme que c’est une population qui est à cheval, et que cela demande un travail pointu afin d’éviter d’enregistrer les Tchadiens au détriment des déplacés. « Avant de faire le fixage des bracelets, nous causons avec eux pour avoir les premières impressions afin de comprendre le motif de leur déplacement et de savoir de quoi ils ont réellement besoin », explique ce dernier.

Première assistance humanitaire

Pour faciliter la tâche, le responsable d’enregistrement et de la base des données des réfugiés du HCR au Tchad, M. Gires Mayala, parle d’un travail préalable qui consiste à faire le fixage des déplacés pour les distinguer des populations locales. « Le fixing est une opération qui consiste à aussi poser les bracelets sur les mains des personnes déplacées et en leur délivrant un numéro », précise le responsable des enregistrements et de la base des données du HCR. A son avis, c’est la première étape du processus de pré enregistrement et que la semaine prochaine, ce serait le pré enregistrement et l’enregistrement proprement dit, via les tablettes. Selon lui, la collection de ces données de base va leur permettre à mieux répondre aux besoins des déplacés. Au sujet du nombre des déplacés, le responsable onusien des bases de données estime à plus de 10 000 déplacés. Le pré enregistrement qui est en cours est le seul moyen qui va permettre de connaître le nombre exact de ceux qui ont fui le conflit. « On disposera des chiffres fiables qu’après le pré enregistrement et l’enregistrement au niveau 2 », ajoute M. Mayala, qui argue aussi que cette activité est déjà la première assistance donnée à ces personnes. Avant l’arrivée des autorités tchadiennes et les humanitaires, c’est d’abord les habitants du village Oudouma qui se sont organisés dès le début pour accueillir et assister les déplacés. Le président du comité d’organisation pour l’accueil des réfugiés du village, Moudoubé, affirme qu’au début, les réfugiés étaient accueillis dans un petit village du nom Libéria avant de faire appel aux autorités qui ont jugé utile de les installer à Oudouma. Ce vieil infirmier à la retraite souligne que la situation était très difficile au début et que les villageois étaient obligés de les accueillir dans leurs maisons, mais que peu après, ils étaient tous débordés par le nombre des déplacés. Il a révélé qu’une femme réfugiée a même accouché, grâce à son soutien sous une tente des agents de sécurité des frontières.

Pour mener normalement le travail, le gouvernement de transition du CMT a, dès les premières des arrivées des déplacés, envoyé les forces armées nationales, la gendarmerie et la police sur les lieux. Il faut noter aussi que c’est grâce à l’armée qui a promptement aidé à sortir certains véhicules embourbés qui apportaient des premières aides aux déplacés. Sur ces pistes difficiles d’accès, l’armée a également amené les journalistes qui se rendaient dans le village qui accueille les réfugiés et qui ont connu de difficultés à s’y rendre.

Pour le moment le village Oudouma, ouvre ses bras à des milliers de ces déplacés qui ont fui le conflit intercommunautaire. En attendant l’opération de fixage, les réfugiés peinent à manger à leur faim. Dans cette école élémentaire, située au bord du fleuve, l’on entend les cris des enfants sous le regard vide de leurs mères.

Jules Doukoundjé

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