Patronat : embaucher nécessite un accompagnement de l’État

Juil 26, 2021

Il y a quelques semaines, le ministre de la Fonction publique, du Travail et du dialogue social disait que la Fonction publique est saturée. Il a profité pour appeler le patronat, c’est-à-dire au secteur privé, à recruter les diplômés sans emploi. L’un des membres fondateurs du patronat tchadien pose quelques conditions. Reportage.

M. Ali Abbas Seitchi, 60 ans est membre fondateur du patronat tchadien. Cet ancien Consul général du Tchad en Turquie fut aussi un opérateur économique tchadien rodé. 11 heures passées, il nous reçoit dans son bureau d’un air très jovial. Juste le temps de civilité, nous échangeons les propos du ministre in extenso : « la fonction publique du Tchad est saturée, le patronat doit employer les jeunes diplômés. » Selon Ali Abbas Seitchi, partout ailleurs, c’est le secteur privé qui constitue un grand pourvoyeur d’emplois. Mais si cela doit se faire, il faut incontestablement un accompagnement de l’État, dit-il. Cet accompagnement, précise-t-il, n’est pas une simple contribution monétaire ou faveur fiscale, mais dans la perspective que l’État joue son rôle régalien. « Ce rôle tient en trois dimensions fortes : il s’agit d’un rôle de régulateur, c’est-à-dire créer des conditions favorables pour les entrepreneurs légaux, les encourager et frapper ceux qui sont dans les fraudes ou contrebandes, bref ceux qui exercent dans le faux. Donc dans la régulation, l’aspect judiciaire est important pour donner des garanties à un investisseur. Il faut aussi une administration qui assure sa fonction en toute équité», souligne-t-il. Il rajoute que, le deuxième rôle que doit jouer l’État c’est le rôle d’investisseurs structurants. « Construire de grandes et bonnes routes, réaliser des ouvrages adéquats pour permettre une meilleure circulation des biens et personnes, améliorer la problématique de l’énergie, essentielle pour le fonctionnement et la création des entreprises », clarifie-t-il. L’opérateur économique note le troisième rôle qui est la facilitation. D’après lui, la facilitation (alléger la fiscalité) permet de « booster » les activités industrielles, et ceux qui sont dans l’informel vont s’inscrire rapidement dans le formel. « Dès l’instant que ces trois dimensions sont réunies, tout marchera très bien », affirme-t-il.

Pour monsieur Ali Abbas Seitchi, le constat actuel est que le secteur privé ne crée pratiquement pas d’emploi. « L’État nous appelle à employer les gens. Mais on va parler avec l’État et l’accompagner. Au niveau du patronat nous avons arrêté de jeter l’anathème sur l’Administration. Le déficit d’embauche est colossal dans le contexte actuel. La plupart des entreprises sont familiales. Elles ne créent absolument pas d’emplois. Seules les multinationales qui peut-être emploient encore assez », dit-il. Il renchérit en notant que, les entreprises formelles au Tchad malheureusement, le nombre diminue chaque année.

 « Le gouvernement doit faire profil bas. La plupart des décideurs se comportent comme les administrateurs des années 60. Le monde a évolué. Ils pensent être les meilleurs et les opérateurs économiques leurs esclaves », lance-t-il. Ali Abbas Seitchi déclare qu’il n’y a pas un État fort sans un secteur privé fort. Il propose la refondation de l’État. Il estime pour sa part qu’il faut, renforcer les capacités dans les ministères prioritaires en les aidant à avoir des relations avec l’extérieur (OIT, OMS…). « Les maillons de l’Administration doivent être contrôlables. Les nominations rapides sans tenir compte de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut qui tue l’Administration publique tchadienne. Cela doit cesser. Il faut un leadership à la verticale et à l’horizontale, mais en renforçant plus l’horizontale tout en consolidant la verticale. C’est par cette façon qu’on peut construire une économie et faire de politique publique conséquente », indique-t-il.

M. Seicthi relève que, c’est le seul moyen de construire une plateforme et les choses vont se relancer d’elles-mêmes. C’est ainsi que les petites entreprises vont se créer pour résorber le problème de chômages, explique-t-il. Pour Ali Abbas Seitchi, le Tchad n’a pas d’excuses. Celle qui consiste à dire qu’on est pauvre ne tient pas. Les atouts pour créer des emplois sont là et nécessitent une réelle volonté publique. « Une jeunesse ne s’est faite jamais d’elle-même, mais elle est formée par les aînés. Le problème c’est que l’intergénérationnelle n’est pas prise en compte ».

Moyalbaye Nadjasna

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