vendredi 29 mars 2024

Canicule et délestage, ça recommence…

Mai 02, 2021

Les mois de mars, avril et mai ne sont pas toujours tendres avec les N’Djamenois à cause de la forte chaleur. La capitale tchadienne, N’Djamena, devient une fournaise. Et l’électricité manque. Reportage.

Les prévisions météorologiques font grincer les dents. La température passe de 37 à 40 jusqu’à atteindre les 45° Celsius à l’ombre en mars et avril. La chaleur atteint son pic. Et l’électricité fait défaut. La Société nationale d’électricité (SNE) peine à alimenter la capitale en énergie électrique. Dans certains quartiers, l’électricité est fournie pour quelques heures seulement. Dans d’autres, elle est stable. Dans d’autres encore, elle est permanente faisant. Les N’Djamenois ont le sentiment de vivre une grande injustice.

12h 45min au quartier Moursal dans le 6e arrondissement de N’Djamena. La météo indique 43°. Sous cette chaleur écrasante, tout est calme. Saleh est assis devant sa boutique, éventail en main, l’air nerveux. À la question comment ça va avec cette chaleur ? Sa réponse est sans équivoque : « on vit l'enfer sur terre dans cette capitale. » Il affirme que cela fait 3 jours déjà que son secteur est sans électricité. Ce n’est pas sans conséquence pour le jeune boutiquier. Ses produits frais pourrissent.  « Aujourd'hui j'ai jeté 5 bouteilles de yaourt et 10 autres bouteilles de yaourt fabriqués localement », regrette-t-il. « Je ne peux pas continuer par tout jeter », rougit Saleh qui dit trouver une alternative. « J’ai trouvé une solution, j'achète chaque jour une à deux barres de glace pour conserver mes produits périssables », fait-il savoir.  Cette solution se généralise de plus en plus. Les boutiquiers l’utilisent pour préserver leurs produits de la décomposition.

À Mardjandaffack, sur l’avenue Maldom Abbas, Oumar, est détenteur d’une alimentation générale. Il se plaint du délestage quotidien dans son secteur. « Dans la journée, l’électricité est coupée. Ce n’est que la nuit que le secteur est alimenté », dit-il. Pour pallier au problème, Oumar achète de l’essence quotidiennement pour 2 000f pour alimenter son générateur et de la glace pour 3 000f pour la conservation de ses produits.

Saleh n'est pas le seul à vivre cette situation difficile, Achta, une veuve avec 6 enfants, habitant dans le premier arrondissement de N’Djamena, vendeuse d’eau glacée et de yaourt. Le délestage quotidien est un problème majeur pour elle.  « Passer 2 ou 3 jours sans électricité, c'est vraiment une perte pour moi », se lamente-t-elle.

Les vendeuses de poissons ne sont pas du reste. La chaleur et le délestage impactent négativement leurs commerces. Madame Geneviève est une prospère commerçante des poissons. Elle exerce dans ce métier depuis plus de 6 ans. « En période de chaleur, je n'arrive pas à conserver les poissons à cause du manque d'électricité. Alors je fais fumer les restants pour éviter qu'ils pourrissent ou encore je fais sécher ceux qui commencent par se décomposer », explique la vendeuse.

C’est un autre son de cloche chez les vendeurs de glaces et des appareils électroménagers. Ils se frottent les mains en cette période de forte chaleur et de délestage. « À chacun son temps », lance tout joyeux Brahim, un jeune vendeur de glace sur l’avenue Taiwan dans le 7e arrondissement. Avec la canicule, la consommation de glace est élevée et la demande est forte. Ce qui fait l’affaire des vendeurs. « En période de froid, c’est la galère pour nous. Mais là avec la chaleur, Dieu merci, les affaires sont florissantes », se réjouit-il. La barre de glace est livrée à 1 000f à l’usine et se revend entre 1 250 à 1 500f. « Je peux vendre jusqu’à 100 barres par jour », estime-t-il.

Dans les magasins d’électroménagers, c’est le sourire des beaux jours. Pour atténuer les effets de la chaleur, les riches N’Djamenois se ruent sur les ventilateurs et les climatiseurs. Djibrine tient une boutique sur l’avenue Pascal Yoadimnadji. Son commerce ne manque de clients. Et il s’en réjouit. Les clients, eux, se plaignent à la fois du prix de vente et du problème d’électricité. Un client se lâche « Le prix, même s’il est augmenté, n’est pas un problème. Le problème est que tu achètes le ventilateur et à la maison tu n’as pas d’électricité pendant des jours pour l’alimenter. » Finalement l’appareil acheté sert d’ornement. Et la chaleur règne en roi et maître.

Christian Allahadjim
Orthom L’Or

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