vendredi 29 mars 2024

N’Djaména, les quartiers sud boudent les urnes

Avr 11, 2021

Les Tchadiens ont voté pour la présidentielle ce dimanche. Comment s’est passé le déroulement des opérations de vote ? Reportage.

Dimanche 11 avril 2021. Jour de vote pour la présidentielle au Tchad. Une élection que l’opposition et la société boudent.

7h10mn. Quartier Atrone, carré 19. Six bureaux de vote sont en cours d’installation. Quelques électeurs s’impatientent. D’autres fouillent leurs cartes d’électeur dans les lots déposés sur une table. Aux bureaux de vote n°3 et 6, des membres sont absents. Seuls les deux rapporteurs, présents, se démènent pour installer les bureaux en attendant. Pendant qu’on y était, une équipe de patrouille du Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) passe par là. Un jeune s’énerve.

20 mn plus tard, le bureau de vote n°2 finit enfin de s’installer. Le président du bureau Djawé Youssouf demande l’attention des électeurs présents. L’urne vide a été présentée avant d’être scellée. Les électeurs peuvent maintenant voter. Djawé Youssouf explique la procédure du vote : « L’opération commence par la vérification de l’identité de l’électeur sur la liste, ensuite la remise du bulletin de vote, puis l’isoloir et enfin le dépôt du bulletin dans l’urne et le tampon de l’encre sur l’index. »

Une mauvaise organisation

Un partout dans les bureaux de vote que nous avons parcourus, il y a un problème d’organisation. À commencer par le retard des membres des bureaux de vote et le manque de certains documents.

Au bureau de vote n°3 du carré19 d’Atrone, par exemple, les membres du bureau de vote sont là, mais il manque l’urne. Une dame fatiguée de patienter pour voter dans ce bureau nous lance : « Monsieur le journaliste, vous avez vu que je suis là depuis, mais comme il n’y a pas les urnes, je rentre. Voilà comment on nous empêche de voter même quand on est motivé. » Puis elle s’éclipse. L’autre matériel qui manque est la liste des inscrits. Tous les bureaux du carré 19 n’en disposent pas. « Nous sommes obligés d’aller vérifier la liste qui est au tableau chaque fois qu’un électeur se présente », nous explique un des présidents des bureaux de vote. Résultat, les opérations sont lentes.

Dans un autre bureau de vote logé chez le délégué du quartier Atrone, l’absence des membres du bureau a failli créer un scandale. Une déléguée d’un parti a voulu s’improviser en présidente du bureau pour lancer les opérations. Heureusement que les agents de sécurité l’ont empêché.

Selon M. Djawé Youssouf, le problème d’absence de certains membres dans plusieurs bureaux de vote s’explique par la publication tardive de la liste électorale. « La liste a été affichée hier dans la soirée. Beaucoup ne sont pas au courant », dit-il. Il soutient également que c’est difficile de localiser les bureaux de vote. « Certains ne savent pas où ils sont affectés. Le temps de retrouver leur lieu d’affectation conduit au retard », fait-il savoir.

Le manque d’engouement

Même chez le délégué du quartier Atrone, il n’y a pas affluence, au carré 12 du quartier Boutalbagar, l’ambiance est pareille. Le carré compte près d’une dizaine de bureaux. Mais les électeurs se comptent au bout des doigts. Pourtant en 2016, l’affluence était de taille dans ce carré dit le délégué. « Il n’y a pas de comparaison à faire. Vous-même vous voyez », nous dit un électeur rencontré sur les lieux.

À une des stations des mototaxis, un d’eux nous rétorque : « je dois aller voter pour voter qui ? ». D’autres électeurs disent voter pour des raisons de sécurité. Le cas de Adoum qui a voté, mais l’encre indélébile dans laquelle il a plongé son doigt n’est pas visible. Il est revenu pour replonger son auriculaire. « On ne sait jamais si après cette élection, les policiers vont nous contrôler », suppose-t-il.

La sécurité

L’élection présidentielle de cette année se déroule sous haute sécurité. Il y a des militaires partout sur les lieux stratégiques et les grands carrefours de la capitale. L’opposition et la société civile ont appelé au boycott actif. Certains ont promis de perturber le déroulement de cette élection en saccageant les bureaux et les matériels de vote. La menace était prise au sérieux, le gouvernement a déployé des centaines de policiers et gendarmes pour sécuriser le déroulement de ces opérations. Chaque bureau de vote est sécurisé par 2 agents armés. À Boutalbagar, un gendarme interpelle un jeune homme : « si tu ne veux pas voter, il faut rentrer. Ne nous provoque pas. »

Les éléments du GMIP sillonnent les différents quartiers sud de la capitale réputés bastion de manifestation. Tout l’arsenal de cette police spéciale a été déployé. Ce qui aurait peut-être dissuadé certains électeurs de sortir. Jusqu’à cet après-midi, aucun incident n’est signalé. 

Les bureaux de vote ferment à 17h00. Ensuite, c’est la phase du dépouillement. Les procès-verbaux seront acheminés au siège des cellules de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) communale.

Il faut rappeler que c’est pour la sixième fois, sous la présidence de Deby Itno, les Tchadiens sont appelés à voter.

Christian Allahdjim

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