Kouran Djabo, une start-up lumineuse

Déc 27, 2020

Pour juguler le délestage quasi quotidien au Tchad, Youssouf Ali Mbodou crée la start-up dénommée Kouran Djabo qui signifie l’électricité est revenue. Reportage.

Son bureau n’a pas d’électricité ce 16 décembre en début d’après-midi. Il y a délestage. Porte et fenêtres sont ouvertes pour illuminer la pièce grâce aux rayons solaires. Youssouf est assis autour de la table avec trois membres de son équipe. « Vous n’avez pas d’électricité à ce que je vois ? », lui ai-je lancé. Il me répond, « tu connais le pays », d’un air rigolo. 

Situé au quartier Diguel dans le 4e arrondissement de la ville N’Djamena, Kouran Djabo est une entreprise sociale fondée en 2017 par Youssouf Ali Mbodou. Il ambitionne rendre l’énergie solaire accessible aux ménages à faible revenu à travers un paiement échelonné. Mais Kouran Djabo en arabe local tchadien qui signifie « l’électricité est de retour » veut être une solution aux délestages quasi quotidiens subis par les ménages au Tchad. 

L’idée de créer cette start-up est venue, selon le promoteur Youssouf Ali Mbodou, du fait des délestages et du difficile accès à l’électricité de ménages tchadiens. « Quand j’étais petit, j’utilisais la lampe tempête pour réviser. Plusieurs années après je me rends compte que l’accès à l’électricité demeure encore un problème pour les ménages », dit le fondateur.

Bientôt 4 ans que Kouran Ddjabo contribue à illuminer les ménages grâce à ses dispositifs d’éclairage constitué de kit solaire individuel. Le kit est composé de trois lampes, dont deux fixes.

Si l’acquéreur choisit de payer comptant, c’est 50 000 FCFA. Si au contraire, le client opte pour un paiement échelonné, il paie 60 000 FCFA. Cependant, le promoteur de Kouran Djabo préfère le paiement échelonné. Car, dit-il, en cash beaucoup de ménages ne seront pas à mesure d’acquérir le kit. « Mais avec le système de paiement échelonné sur six mois, tout le monde de pouvoir acheter le kit », mentionne M. Youssouf. 

Le paiement initial se fait à 10 000F pour une durée de 30 jours. Après cela, l’utilisateur peut payer selon ses possibilités : 2 500 FCFA pour une semaine, 5 000 FCFA pour deux semaines. Après 6 mois, le kit revient à l’utilisateur. Tout cela avec des conditions. « Si le client ne verse pas la redevance mensuelle jusqu’à 2 mois sans justification, nous retirons le kit ».

Bien que le système fonctionne avec de l’énergie solaire, le promoteur de Kouran Djabo a pris la précaution d’installer un dispositif de sécurité dans le kit. La technique est simple, chaque fois que le client ne paie pas à terme échu, le dispositif ne fonctionne pas. C’est exactement comme le système prépayé de la Société nationale d’électricité (SNE) où quand l’utilisateur épuise son crédit, il n’a pas d’électricité. « Ce dispositif est notre seule garantie pour obliger nos clients à verser régulièrement ce qu’ils nous doivent ».

Éviter que les clients ne soient insolvables, notre solution est financièrement inclusive. Il faut faire un paiement échelonné.

Cela fait 3 ans. La première année, c’était la phase pilote avec plus de 100 kits. Cette stratégie nous a permis de nous adapter en nous au marché et au besoin des ménages. Notre objectif global est de contribuer aux objectifs de développement durable (ODD).

Le problème d’accès à l’énergie est un dossier sérieux. Au Tchad, le taux d’accès aux énergies renouvelables avoisine 6% alors que la moyenne africaine est plus élevée. En même temps, l’Afrique centrale est la sous-région la moins électrifiée de l’Afrique. Il y a 125 000 000 de personnes qui vivent sans électricité.

La demande d’énergie au Tchad est de 10% par an. Il faut donc trouver des solutions alternatives. Il faut se tourner vers les énergies renouvelables qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie.

« Aujourd’hui il faut dire que nous sommes très sollicités. On est actuellement dans 7 villes du Tchad », fait savoir Youssouf Ali Mbodou. Mais l’ambition, il ne faudra pas s’arrêter là. « L’idée c’est de couvrir l’ensemble du territoire tchadien. C’est énorme ». Selon l’équipe de l’entreprise, les demandes viennent d’un peu partout jusqu’aux frontières camerounaises et centrafricaines, des endroits, très difficiles à atteindre. « On va travailler pour y arriver et on mettra le paquet qu’il faut. L’idée n’est pas aussi de rester seulement dans les grandes villes, mais de desservir les villages ».

Youssouf Ali Mbodou attend de l’État la création des conditions favorables aux entreprises Verts par exemple la baisse de la fiscalité pour attirer les investisseurs au pays. Ce qui est positif est la prise de conscience au niveau de l’État qui a défiscalisé les taxes sur les matériaux des énergies renouvelables et la mise à disposition d’un fonds pour l’entrepreneuriat des jeunes.

« Notre vision à long terme est de donner l’électricité dans toute la sous-région Afrique centrale. Avec le solaire, on va beaucoup innover. Pas seulement dans l’électricité, mais aussi dans d’autres secteurs. »

Christian Allahdjim

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