Mariam Djimidaga, une jeune femme battante

Nov 14, 2020

Le décès de sa maman en 2018 lui a procuré le sens de l’entrepreneuriat. Entre ses études universitaires et la vente des criquets frits, elle se prend en charge. Portrait d’une jeune femme battante.

Mariam Djimidaga à 24 ans. Elle est étudiante en 3e année de Droit à l'université de Dschang, au Cameroun. Fille aînée d’une fratrie de 2 filles et 1 garçon, Mariam Djimidaga est une fille battante. 

Après le décès brusque de leur maman, Mariam a décidé de pérenniser l’activité de sa défunte mère : vendre les criquets frits. D’ailleurs elle aidait déjà sa défunte mère dans cette tâche. « Je faisais cette activité depuis mon enfance avec ma maman alors rien n'est nouveau pour moi », raconte-t-elle, joyeuse. Au Tchad, voir une jeune fille, de surcroît étudiante s’exposer à la fumée et aux rayons solaires toute la journée relève de l’extraordinaire.

Malgré les études à l'étranger, rien ne l’empêche de faire prospérer sa petite entreprise. « J’étudie au Cameroun, mais cela n’est pas une entrave pour moi. Chaque congé et vacance, je viens à N'Djamena pour le commerce et à mon absence, je confie tout à la petite sœur de maman », rapporte-t-elle. Aucun métier n'est facile, mais Mariam est loin d'abandonner cette activité qui lui génère des revenus. « Les bénéfices que régénère mon commerce allègent un peu les parents dans notre prise en charge et surtout pour nos petits besoins ».

Pour s'approvisionner, elle se rend au marché de Dembé situé dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Pour cela, elle doit être matinale chaque jour. Dès 6h, Mariam quitte son domicile à Ardep-djoumbal pour se rendre à Dembé. Et ensuite, aller à son stand de vente à Sabangali devant le Lycée Technique Commercial (LTC).

Les N’Djamenois sont des grands consommateurs en cette période. Les criquets sont vendus cher chez les grossistes. « En début de saison, la petite bassine coûte 10 000f. Lorsque la saison est bien entamée, on achète le même bassin à 8 000 f parfois 7 500f », dit-elle.

Avec son commerce, Mariam achète les criquets en fonction de l'argent qu'elle gagne. « Au début, je ne préparais pas beaucoup, mais depuis que les clients de ma maman ont su que je continue à faire malgré son absence, ils viennent chaque jour acheter et cela m'a permis d'augmenter le chiffre de mon commerce », se réjouit-elle. Elle ajoute qu'elle a commencé avec 20 000F. « Avec ça, je prenais les criquets pour 10 000f mais aujourd'hui, j'achète pour 30 000f et avec les condiments et d'autres besoins pour la préparation, parfois je dépense plus 35  000f ».

Elle affirme que le jour où elle a beaucoup de clients, elle réalise de gros bénéfices. « Je peux faire 10 000f ou plus de bénéfice par jour ». Mais comme chaque jour n'est pas dimanche, il arrive des jours où son fonds de commerce prend un  coup. « De fois je me retrouve avec 30 000f ou moins et avec le restant de ma marchandise à la fin de la journée ».

Entreprenante, Mariam Djimindaga a embauché quatre femmes pour l’aider. Elles sont les ex-employées de sa maman. Elle a décidé de les garder. Elle les paie par jour et en fonction de leur travail. Ces aides ont pour travail de nettoyer les criquets et les frire. Mariam se charge juste de les assaisonner et les servir au client.

M Madji est l'un des clients satisfaits. « J'achète les criquets ici depuis des années. Après le boulot, je passe ici pour acheter à mes enfants et à ma femme », dit-il.

Mme Solange, mère de 5 enfants, est aussi une fidèle cliente. Elle est venue accompagnée de ses enfants. « Après avoir récupéré mes enfants à l'école, on passe par ici pour acheter. Le jour où elle ne fait pas, je l'appelle comme j'ai son numéro, pour savoir ce qui ne va pas. Elle prépare tellement bien qu'on aime manger chaque jour », affirme Mme Solange.

Orthom L’Or

 

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