vendredi 29 mars 2024

Les sinistrés de Walia vivent dans le dénuement

Nov 07, 2020

Les sinistrés de crue du fleuve Chari vivent dans la précarité sur le site d’accueil des victimes de Walia. Comme un malheur n’arrive jamais seul, même le site est menacé d’inondation. Reportage. 

Walia, 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Un air tempéré accompagné d’une brume de poussière souffle en cette matinée du 6 novembre sur cette commune située au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. À l’intersection de la route nationale et de celle menant à la frontière camerounaise, deux véhicules de la Police sont stationnés. Le long de la voie nationale, vendeurs à la sauvette de pains, de carburant, de cigarettes, voyageurs, citoyens lambda faufilent entre véhicules et motocycles. Un peu devant, le lycée de Walia, vide, se dresse. Plus loin dans la même direction, le site d’accueil des sinistrés du débordement du fleuve Chari apparaît avec des tentes bleues et des abris de fortune. Deux types de sinistrés nous accueillent. Les anciens sinistrés installés sous des tentes construites par le HCR et les nouveaux sinistrés qui dorment sous les abris de fortune et à la belle étoile. 

Assis devant sa tente construite aux normes requises, Nondjé Rachel converse avec ses voisines. Elle s’est installée sur le site il y a un mois avec son mari et leurs 11 enfants. Elle se réjouit d’avoir trouvé un toit (même si c’est une tente) où loger avec sa famille. Le même sentiment est partagé par les 100 familles logées sous ses tentes bien disposées et aménagées. Elles offrent un minimum de confort et de protection. 

Sur le même site sont installées des victimes de crue du fleuve Chari. Leur camp est un véritable désordre d’abris de fortune. Faute de prise en charge adéquate, les victimes vivent dans une précarité indescriptible. Certaines dorment sous des tentes de fortune faites des rideaux, des pagnes, des draps, des nattes, etc. D’autres encore à la belle étoile sous les moustiquaires. Femmes et hommes ne sont désemparés. « La situation est alarmante. Regardez, nous sommes entassés comme des animaux », dit M. Yalengar Fulbert, enseignant retraité et victime de la crue du fleuve Chari.

Protection et alimentation

Si les victimes des inondations vivant sur le même site n’ont pas les mêmes logements, elles partagent par contre les mêmes conditions de vie. Pas de protection de police ou de l’armée ni d’alimentation sur ce site. Et les victimes sont en colère. « Nous sommes ici depuis cinq jours. La Mairie devrait s’occuper de nous, mais elle en est incapable », dit M. Djimasdé Djimadoum qui ne dissimule mal sa colère.

C’est la question de l’alimentation qui préoccupe le plus les sinistrés. Anciens et nouveaux disent avoir reçu de l’aide alimentaire qu’une seule fois. « Depuis le 6 octobre jour de notre installation ici, nous avons reçu des vivres une seule fois », insiste Mme Nondjé Rachel.  Le kit était composé d’un sac de maïs de 50Kg, 25Kg d’haricot, 10 litres d’huile, 20 sachets de pâte alimentaire de l’Office national de la Sécurité alimentaire (ONASA). La distribution de ce kit a été source de fortes tensions.  Certains sinistrés crient au détournement. D’autres accusent les responsables de la mairie du 9e arrondissement de verser dans le clientélisme et le népotisme. « Il y a des tickets qu’on partage, mais je ne sais pas comment ils procèdent. De plus, il y a des faux sinistrés couverts par des parents à la Mairie », affirme Djimasdé Djimadoum. « Ce qui m’énerve c’est quand ils commencent le partage, certains ajoutent des noms fictifs pour avoir plus que les autres », soutient un jeune sinistré. Heureux hasard. Le ministère de la Santé et de la Solidarité nationale à travers l’Office national de la Sécurité alimentaire (ONASA) est venu distribuer une deuxième vague de vivres ce 6 novembre. Comme d’habitude sous une forte tension. « Lors de la distribution des vivres, un véhicule de la Mairie plus un camion d’un particulier sont venus prendre une grosse part. Destination inconnue », dit Chem.

La protection n’est pas passée sous silence. En fait, l’harmatan se fait déjà sentir à N’Djamena. Et les sinistrés estiment qu’ils ne sont pas à l’abri faute de moyen de protection. Ils réclament des couvertures et des moustiquaires. « Nous sommes dans la période du froid. En plus il y a les moustiques. Il nous faut de quoi nous couvrir », dit M. Djimasdé Djimadoum.  Des victimes mal équipées, mal-logées, mal nourries, le paludisme a commencé à sévir. Haoua Choum, une mère, est terrassée par le paludisme lors de notre visite. Elle déplore le manque d’une unité de prise en charge médicale sur le site. En plus, les sinistrés demandent la distribution des cache-nez pour éviter la propagation du Covid-19 sur leur site. « En résumé, nous avons besoin des couvertures, des moustiquaires, des couchages et des vivres. Que les autorités y pensent. Ce sont nos besoins les plus urgents », dit M. Djimasdé Djimadoum.

Une nouvelle menace

Le site d’accueil des sinistrés du 9e arrondissement est menacé par les eaux de la crue. Cela inquiète sérieusement les habitants des lieux.  Si le site est inondé, les habitants seront doublement sinistrés. Déjà qu’ils ont abandonné leurs habitations pour trouver refuge là. Mais la Mairie du 9e arrondissement s’active déjà à faire barrage à cette situation. Des bennes de terre sont déposées à différents points comme barrage pour endiguer la menace. « Que Dieu nous épargne de cette deuxième catastrophe », dit M. Yalengar Fulbert. Il interpelle les autorités à venir rapidement recenser les victimes et leur construire en urgence des petites tentes.

Christian Allahdjim

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