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Révision du fichier électoral : l’heure du bilan

Oct 27, 2020

La révision du fichier électoral a pris fin le 20 octobre. L’heure est au bilan. La question de la prorogation du délai fait débat. Reportage.

La révision du fichier électoral, lancée le 1er octobre par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a été bouclée le 20. Cette première phase du processus électoral visait à enrôler les jeunes en âge de voter, ceux n’ayant pas pu se faire enrôler en 2015 et ceux qui ont changé de circonscription électorale.    Dès la fin de cette opération, des partis politiques se relayent pour faire leurs observations. Déroulement de l’opération, la maintenance des kits d’enrôlement, le niveau des agents recenseurs sont passés au crible par les différents partis.

Dans le camp du Mouvement patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, le bilan de l’opération est, disent les ténors, satisfaisant. C’est ce qu’a fait savoir Me Jean-Bernard Padaré, porte-parole du MPS, « nous avons atteint notre objectif. Nos chiffres indiquent qu’il y a environ de 1 300 000 personnes recensées. Ce qui est largement positif », dit-il. Pour M. Padaré, c’est grâce à la campagne de sensibilisation effectuée par les membres du Bureau Politique National (BPN) du MPS dans les différentes provinces du pays. Toujours selon lui, les estimations de la CENI avoisinent 2 millions de personnes recensées.

Pour Me Bebzouné Bongoro Théopile, président du Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad (PRET) et porte-parole de la Coalition des Partis insoumis (CPI), coalition modérée cette révision du fichier électoral est biaisée et bâclée. « L’opération a été faite dans la précipitation et l’exclusion. Et c’est à dessein », dit-il. Pour lui, tout est orchestré par le parti au pouvoir. Il est souhaitable d’associer tous les acteurs de la scène politique tchadienne pour qu’il y ait un seul message à délivrer aux futurs électeurs. Mais, dit-il, « le MPS a confondu sensibilisation au recensement à la précampagne. » Au lieu de la révision du fichier électoral, Me Bongoro préférait plutôt un recensement général de la population. Idée soutenue par François Djekombé, président du parti Union sacrée pour la République (USPR).

Toujours selon l’opposition, des irrégularités dans le processus ont été relevées. La mobilité et le niveau des agents recenseurs, les problèmes techniques du kit d’enrôlement, la période choisie de l’opération ont porté préjudice au fichier. « La période (octobre) est mal choisie. La population est rurale. On devrait tenir compte du calendrier agraire », reproche le président du PRET. 

Me Jean-Bernard Padaré rejette les arguments de l’opposition, « faux, le choix de la période était opéré par la CENI qui est composée à parts égales de la majorité et de l’opposition. » Toutefois, le porte-parole du MPS reconnaît que certaines zones du pays sont en ce moment inaccessibles par voie terrestre et qu’également la période retenue correspond à la saison des récoltes. « Malgré cela nous estimons que c’est un succès », soutient-il. 

Un plaidoyer pour la prorogation du délai

L’Opposition est vent debout. Elle réclame la prorogation du délai de l’enrôlement. Pour l’Opposition, le choix de la période de l’opération et l’inaccessibilité de certaines zones dues aux aléas climatiques suffisent. Le PRET de Me Bongoro Théophile propose un décalage au mois de janvier 2021 pour la suite des opérations d’enrôlement. « Entre-temps les agents traitent les informations déjà reçues et les complètent avec la suite. C’est cela l’idéal et ça nous sortira d’affaire », dit Me Bongoro. Selon lui, les chiffres sont sacrés et doivent être pris en compte pour l’expression du suffrage universel. « Vaut mieux faire les choses bien que de les bâcler et avancer des chiffres fantaisistes », conseille-t-il.

Entre temps, le MPS estime que la question de prorogation n’a pas raison d’être. Selon Me Jean-Bernard Padaré, c’est le délai légal prescrit par le code électoral. « Si on proroge, de facto ça va jouer sur le chronogramme de la CENI », fait-il savoir. Le porte-parole du MPS explique qu’après la révision viendra le délai pour la publication des listes électorales, de la contestation et de la saisine des juridictions compétentes. « Donc c’est quasiment impossible », conclut-il. « Non c’est possible », rétorque Me Bongoro qui propose la formation d’un gouvernement d’union nationale ou de transition si le calendrier électoral glisse.

A la Céni, il n’y a rien d’officiel. Des sources disent qu’il n’est pas du ressort de la Céni de décider de la prorogation du délai. La tâche revient au Cadre national de dialogue politique (CNDP).

Chistian Allahdjim

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