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Centre Al Mouna, un centre multidimensionnel

Aoû 25, 2020

Fondé en 1986 par l’archidiocèse de N’Djamena, le centre culturel Al Mouna se veut un centre qui promeut le vivre-ensemble. Ialtchad Presse vous amène à la découverte de cet important centre. C’est le premier article d’une série sur les lieux de culture de N’Djamena, capitale tchadienne. Reportage.

Le Centre culturel Al Mouna (ALM) est situé à Djambal Barh, un très vieux quartier du 3e arrondissement de la ville de N’Djamena. C’est une initiative de l’ancien archevêque de N’Djamena Charles Vandam et de la sœur Nadia Karake, une religieuse libanaise. Al Mouna signifie le désir et l’espoir, en langue en arabe. Il est créé en 1986, au lendemain des guerres successives entre Tchadiens qui ont commencé au nord, ensuite à l’est, à l’ouest, au sud et partout et qui a culminé au cœur de la capitale tchadienne, N’Djamena en 1979 et en 1980. Selon l’actuelle directrice du centre, sœur Aida Yazbeck, c’est pour panser les plaies de ces douloureux événement que le centre a été créé. « Cette guerre a créé beaucoup de divisions entre les Tchadiens. C'est pourquoi l'Église a réfléchi sur ce qu’il faut pour vraiment refaire l'unité du pays. C'était sur cette idée que les initiateurs se sont dit que la meilleure chose à faire serait de créer un centre culturel dans lequel les Tchadiens viendront s'asseoir, réfléchir et travailler ensemble », dit-elle.

Un centre multidimensionnel

Au début de l’aventure, le centre Al Mouna n’était qu’une modeste bibliothèque, dit la directrice. Mais cela n’a pas exclu le caractère éducatif qu’ont voulu les créateurs. « Le centre rassemblait des gens pour parler, tenir des conférences, des colloques. Et petit à petit, il a grandi », explique sœur Aida. Cependant, il y a quelque chose qui manquait à la bibliothèque : les livres sur l’histoire du Tchad écrits par des Tchadiens. Et comme la nature a horreur du vide, les responsables du centre ont décidé de lui adjoindre une maison d’édition. « C'était toujours les étrangers qui écrivaient sur l'histoire du Tchad. Ainsi le centre est devenu une maison d'édition, spécialisée sur l’histoire du Tchad écrit par les Tchadiens », insiste la directrice.

Fidèle à sa mission de rebâtir l’unité nationale, le centre Al Mouna fait de la formation sa pierre angulaire. Plusieurs types de formations sont offerts. Il y a les langues : le français, l’arabe et l’anglais y sont enseignés. « Les langues sont des moyens de communication, ce sont les véhicules de la communication. C'est important de l’enseigner », martèle sœur Aida Yazbeck. Il y a aussi des cours de musique. Le centre Al Mouna accompagne les artistes en donnant des cours de perfectionnement. D’ailleurs, un second forum des artistes est en cours de préparation, selon la directrice. Et ce n’est pas tout. Pour aider à la cohabitation pacifique, le centre Al Mouna a initié une formation en continu sur le vivre-ensemble, le leadership, la gestion de conflit. Cette formation qui est à sa 7ème année s’adresse à la jeunesse, aux religieux, aux associations, aux chefs coutumiers et aux administrateurs. Sœur Aida Yazbeck souligne l’importance de cette formation, « comme nous vivons ensemble, ne vivons pas en parallèle. Cohabitons ! Il faut trouver les biens faits de la cohabitation, les expliquer, sensibiliser les Tchadiens sur cela. Bref, recréer notre citoyenneté. Qu’on s'identifie en disant « je suis Tchadienne, je suis Tchadien », je ne suis pas de telle ethnie, de telle religion. C’est important. » Ce programme n’est pas offert seulement à N’Djamena. Il est aussi disponible dans les villes telles que Sarh, Abéché, Moundou, Mongo.

Dire du Centre AL Mouna, centre multidimensionnel n’est ni un slogan ni une vaine qualification, le centre fait aussi dans la promotion des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un cours en Informatique est offert pour lutter contre l’analphabétisme technologique. Pour ses activités, le centre dispose de tous les conforts pour leur réalisation. « Dans ce centre, on a la possibilité d'accueillir beaucoup de gens dans notre grand auditorium. On a aussi des grandes salles », assure la directrice. En plus de ces services, le centre dispose d’un service de traduction avec des matériels performants. Tout cela permet au centre de générer des recettes et de couvrir certaines de ses charges.

Interrogée sur le niveau de fréquentation de son organisation, la directrice s’est montrée satisfaite. « Le taux de fréquentation dépend des périodes et des activités que nous menons. À la bibliothèque, nous avons 80%, un taux assez élevé. Quand nous offrons des formations, nous sommes à 100% », se réjouit-elle. La sœur directrice donne un exemple sur le rôle joué par les jeunes dans la prévention du coronavirus. « Les jeunes sont très réactifs. Nous avons formé 200 bénévoles qui ont fait des porte-à-porte, dans nos différents arrondissements et quartiers. Ils ont formé et appris à leurs compatriotes comment se prévenir de la Covid-19 avec les moyens simples », dit-elle.

Difficultés

Le travail qu’abat le centre est énorme. Et les difficultés n’en manquent pas. « Une des grandes difficultés, c’est le financement de ce centre », affirme la sœur Aida. Elle précise, « nous dépendons du ministère de la Culture, mais il n'offre pas aux centres culturels que nous sommes un appui financier ». Cela ne permet pas au centre de supporter certaines charges. Mais ce qu’apprécie la sœur directrice, c’est la facilité avec laquelle les autorisations pour les activités du centre sont délivrées par les responsables du Ministère. « Quand on fait une demande, les autorisations nous sont données facilement, parce que le centre est connu. Sur ce point, la collaboration est bonne », se félicite sœur Aida Yazbeck.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

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