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Wenaklabs, un incubateur rayonnant

Jui 08, 2020

Est-ce un laboratoire d’idées ? Est-ce un incubateur numérique ? Est-ce les deux à la fois ? Un fait demeure, Wenaklabs fait rayonner le numérique et le Tchad. Reportage.

C’est dans un bâtiment anodin, sans véritable signe distinctif, situé sur l’avenue la plus passante que Wenaklabs a choisi de s’installer. Pour la petite histoire, c’est l’une des vieilles avenues de la capitale tchadienne. Une des plus connues. La plus populaire. Elle est à la fois une avenue commerçante et d’habitation. Elle a marqué des générations des Tchadiens, à tel point qu’ils rechignent à l’appeler par son nouveau nom : avenue Maldom Bada Abbass, un compagnon du président Idriss Deby Itno. Les Tchadiens appellent toujours cette incontournable avenue, « Chari Nimery » comme pour marquer leur désaccord.

Il est 16h. La chaleur semble calmer les ardeurs des motocyclistes et des automobilistes. Quelques piétons traversent nonchalamment l’avenue. Nous traversons le portail du bâtiment. En face au fond un agent de sécurité est assis derrière une table. Il fait un peu obscur. Il nous fait signer le registre. Nous nous exécutons. Il nous indique les escaliers qui mènent au compartiment de Wenaklab.

Salim Azim Assani, co-fondateur et Directeur des opérations nous attend. Jovial, taille courte, physique de lutteur, il nous fait le tour de la propriété tout en nous présentant son organisation, « Wenacklabs est créé en avril 2014 par moi et Abdelsam Safi, qui est le Directeur exécutif. C’est une organisation à but non lucratif ». C’est dans le but de donner une nouvelle image du Tchad à l’international à travers le numérique qu’est née l’idée Wenaklabs. Un nom original, composé de 2 mots. Le premier mot « wenak » signifie en arabe local « où es-tu ? ». Le deuxième mot « labs » est le diminutif de laboratoires. C’est un espace convivial à cheval entre la maison et un lieu de travail. C’est un laboratoire d’idées. Une des idées majeures de Wenaklabs a été concrétisé par la réalisation du « Mois du numérique ». Une initiative reprise par plus de 50 pays au monde à travers l’Institut Français. La pandémie du Coronavirus a ralenti un peu les activités de l’organisation. L’espace est pour l’instant fermé au public, mais ouvert en ligne.

Le numérique tatoué au cœur

Wenaklabs accompagne beaucoup d’acteurs y compris l’Etat tchadien. Depuis l’arrivée de la pandémie du coronavirus, l’organisation est en partenariat avec le Ministère des Postes, des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication à travers l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP). C’est dans le cadre de ce partenariat que la gestion du Centre d’appel 1313 de lutte contre la pandémie a été confiée à Wenaklabs. De plus, une application, création de Wenaklabs, informe sur l’évolution de la pandémie au pays. Mieux, il y a la conception du CO-Robot, un robot distributeur de gel hydro alcoolique pour éviter de toucher le dispositif de la main. En 2016, Wenaklabs a formé 900 jeunes pour la compagnie Tigo. Et une cinquantaine de jeunes en cartographie numérique pour le compte de l’INSEED (Institut National de la Statistique, des Études Économiques et Démographiques).   

Wenaklabs est-il à son aise ? Pas toujours selon ses fondateurs, « les difficultés on en rencontre. On vit au jour le jour, mais nous sommes souvent sollicités pour nos compétences pour effectuer certaines missions pour nos partenaires. Cela reste dans le cadre du partenariat. D’un point de vue légal, nous sommes une organisation à but non lucratif donc nous ne pouvons pas soumissionner pour les avis d’appel d’offres. C’est une grosse contrainte ».

Labo du numérique

« Le Lab Innovation, est un laboratoire de fabrication. Il est aussi un endroit  qui accompagne les porteurs de projets, les enseignants-chercheurs pour les aider à concrétiser leurs projets », dit Fadoul Hissein Abba, le responsable de Lab Innovation. Dans l’espace de travail partagé, Christian Béssita un jeune innovateur travaille sur un projet de respirateur explique, « le respirateur est fabriqué à base de matériaux recyclés. Nous travaillons sur ce projet depuis 3 semaines. Présentement nous sommes en phase de test. Notre but est de fabriquer un respirateur qui sera accessible à tous ».

Il est 17h passé. La lumière du jour commence à faiblir signe que couvre-feu se rapproche. Il est temps de laisser ces jeunes furies ou geeks technos dans leur bulle. Ils sont les vrais chercheurs d’aujourd’hui, pour les solutions de demain. Nous prenons congé d’eux. Dehors au croisement de l’avenue Nimery et Zezerti la circulation est dense. Les N’Djaménois sont pressés certains sur leurs motocyclettes, d’autres à pied, à vélo ou encore au volant de leurs voitures, masque Covid-19 au visage. Ils forcent le passage sous le regard des policiers qui régulent la circulation dans une mêlée indescriptible au son des engins. Chacun cherche son chemin pour arriver à bon port avant l’heure fatidique du couvre-feu.

Gamy Ngardiguina
Christine Tapra

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