Coton Tchad, mamelle de l'économie ou vache à lait ?

Written by  Mai 08, 2009

En ce début de saison de pluies où les cotonculteurs s’apprêtent à sarcler leurs champs, il nous est semblé utiles de nous faire une réflexion sur la Coton Tchad et la vie des producteurs.

Après plusieurs années de gloire et de fierté pour l’économie nationale, la COTON-TCHAD, ex COTON-FRANC ne semble plus avoir les mêmes renommés qu’autrefois. Il y a de cela encore quinze ans, les cotonculteur Tchadiens étaient fiers du coton qu’ils cultivaient et ont toujours eu à faire leurs projets en fonction du jour de payement de l’argent du coton. « Quand l’avion viendra (avion amenant de l’argent pour payer les cotonculteurs), je vais, acheter un charrue, une houe, je vous donnerai chacune une étoffe Wax, je doterai ma deuxième femme, j’organiserai la cérémonie de mariage de mon fils aîné…etc. ». C’est par ces genres d’expressions que les paysans expriment leur foi en ce que peut leur rapporter le coton. Dans les marchés hebdomadaires qui alimentent le monde rural en produits de première nécessité, le simple fait d’être un cotonculteur est une garantie qui te permet d’avoir une dette auprès du commerçant car il sait que, « Quand l’avion viendra… ». Ainsi le coton faisait vivre ses travailleurs qui étaient fiers tant de leur activité que du fait qu’ils participent à l’économie nationale.  

Mais aujourd’hui la done semble changer, car le cotonculteur a oublié l’expression « quand l’avion… » Et découvre un nouveau vocabulaire difficile à maîtriser qu’à admettre. Ces termes sont entre autres, « Impayé, Baa Mani, taxe, commerce équitable, AV … » ces termes compliqués pour l’homme rural créent des situations souvent difficiles à vivre. Avec la nouvelle terminologie, impayé signifie que ton argent a été retenu en remboursement à la dette d’une autre personne dont les récoltes n’ont pas été bonnes. Une chose bizarre, ce que bien qu’on soit dans une économie libéralisée, le producteur de coton n’est pas à mesure de fixer lui-même le prix de son coton. Pourtant, quand la COTON-TCHAD lui donne ses engrais en dette, c’est elle qui fixe le prix. Baa-Mani quant à lui est un terme utilisé dans la région de la Tandjilé pour désigner le fait de ne rien gagner de ses récoltes, c'est-à-dire que le prix du coton vendu est égal au prix de l’engrais donné en crédit par la COTON-TCHAD. Bref la vie du cotonculteur a changé avec la nouvelle terminologie. Plus de Wax après les récoltes, les jeunes ne peuvent plus espérer sur le coton pour se marier, le père de famille ne peut plus prendre une deuxième femme car même si « l’Avion viendra », il repartira avec ce qu’il a amené. Le cahier des enfants à la rentrée n’est désormais possible que par la grâce de l’argent du charbon produit en détruisant l’environnement.

Mais si le coton ne donne plus le bonheur à ses producteurs, le constat n’est pas le même chez les employés de la société cotonnière. Un tour à Moundou permet de le constater. Des grosses Cylindrés, des villas climatisées avec bouquet Satellite…ne sont pas des choses qui manquent aux agents de la maison mère. On serait certainement tenté de savoir comment le niveau de vie des agents de la COTON-TCHAD va grandissant alors que celui des paysans ne fait que se détériorer. Autre chose ce qu’on va nous faire croire que le prix du coton au marché mondial a baissé et que la maison ne fait plus de bénéfice donc pas d’augmentation de salaire. Mais par quel moyen sont sorties les « bagnoles dernier cri » qui sont garés chaque jour devant la direction et les usines avec des immatriculations de type Particulier ? Certainement il y a des choses à savoir pour lesquelles, le gouvernement, l’assemblée nationale ainsi le contrôle d’Etat ont intérêt à agir. Car, le Tchad est un pays à 80% rural.

NDakmissou GEDEON

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