jeudi 28 mars 2024

CHÔMAGE : y a-t-il une réelle politique d’emploi au Tchad ?

Written by  Fév 25, 2004

« Le capital est seulement le fruit du travail et il n’aurait jamais pu exister si le travail n’avait tout d’abord existé. » Abraham Lincoln.

Grande préoccupation pour l’ensemble de la population tchadienne, le travail a toujours constitué un enjeu vital, voire une nécessité omniprésente dans notre vie quotidienne. En plus de favoriser l’épanouissement humain, le travail est le symbole de la dignité. Une valeur qui sous-tend et maintien les liens sociaux. Malheureusement, nos dirigeants ne l’entendent pas de cette oreille.

Mais qu’en est-il exactement de la situation de l’emploi au Tchad ? Existe-t-il réellement une politique d’emploi au Tchad ? Si oui, ces politiques sont-elles efficaces ?

D’abord, il faut observer le résultat du travail de la population tchadienne par le biais du produit intérieur brut (PIB) pour s’en apercevoir que notre État ne gère pas vraiment le système d’emploi en tant que tel.

D’une part, selon RGPE (recensement général de la population électorale) de 1993, le taux de chômage atteint les 36%, le PIB en valeur nominale (2001) équivaudrait à 1089 milliards de F CFA. Le PIB par tête (1000 F CFA) 142 mille et le revenu par habitant, 126 mille. Ces données moins compliquées à analyser nous amènent à voir que le non-emploi, le sous-emploi, l’emploi atypique sont la cause essentielle de la mauvaise situation économique, politique et sociale que nous connaissons.

D’autre part, le chômage, la précarité des emplois et l’augmentation considérable de la population non active exige de nous à nous poser cette question : il y a une réelle politique d’emploi au Tchad ?
En effet, la politique d’emploi qui existe aujourd’hui est obsolète et inefficace à en juger les données statistiques. De plus, les bouleversements socio-politiques que connaît notre pays sont à n’en point douter un des signes de la fragilité et de l’inadéquation de la politique actuelle. La conjecture économique peu favorable vient compliquer davantage la création des entreprises et par voie de conséquence, des emplois.  Alors que faut-il faire dans ces conditions ? Il est urgent que le gouvernement prenne ses responsabilités.

Le président de la République en s’adressant à la nation lors du traditionnel message du nouvel an, a placé l’année 2004 sous le signe de l’espoir et du travail.

Par ce discours d’espoir doit-on entendre qu’enfin le Tchad mette des moyens pour palier à l’infrastructure économique ? Doit-on penser que le gouvernement tchadien va se pencher sérieusement sur les effets que l’ajustement structurel a causés en ce qui a trait à l’emploi ? Peut-être que l’avenir va mieux nous éclairer sur ces interrogations.

Toutefois, malgré la présence des grands travaux à haute intensité de main œuvre, force est de constater que le taux de chômage reste élevé et la main d’œuvre demeure quelquefois sous exploitée à cause des mauvais choix politiques et de la jungle qui sévit sur le marché du travail où les entreprises les plus opportunistes règnent sans lois et sans scrupules, laissant ainsi les travailleurs dans l’appauvrissement continuel. Et même s’il y a un besoin de main d’œuvre dans certains secteurs, il n’existe pas une vraie politique capable de créer des emplois stables et durables.

Même avec le projet pétrole qui, à notre sens est l’un des projets les plus importants de la sous-région en termes de revenus et de création d’emplois, on est en droit de se demander si les « pressions globales » cautionnées par certains dirigeants politiques nationaux ne vont pas saboter la pérennité des milliers d’emplois au détriment de leurs intérêts mercantilistes. N’ayons pas peur de le dire, l’entreprise privée n’est pas là pour aider les pauvres travailleurs. Au contraire, les compagnies privées ne sont soumises à aucune réglementation tendant à pallier au chômage. À cela s’ajoute le manque de stratégie efficace, de volonté et de détermination de nos autorités  à créer non seulement des conditions favorables aux investissements nationaux et étrangers, mais aussi inciter les compagnies à embaucher plus du monde en absorbant par exemple le tiers des charges sociales des entreprises.

Mais d’autre part ce n’est pas de la faute des entreprises privées, elles sont confrontées aussi à d’énormes difficultés. Parmi celles-ci, on peut noter entre autres l’insécurité, les coupures permanentes d’électricité, les tarifs très élevés d’électricité que les entreprises ont l’impression de travailler que pour payer les charges d’exploitation et les coûts de main d’œuvre. Les tarifs douaniers très élevés (protectionnisme insensé), l’absence de politique stimulante freine l’action des entreprises à embaucher la main d’œuvre. Cela est valable surtout pour les PME, car les grosses multinationales peuvent dans certains cas s’en passer du travail humain à cause de la technologie (la robotisation).

Bref, le chômage résulte d’abord d’un choix politique. La lutte contre le chômage n’est pas une chose facile certes, mais avec une certaine volonté et détermination des pouvoirs publics, on peut endiguer le phénomène. Pour ce faire, nous estimons qu’il faudrait d’abord recenser les causes du chômage, car ce qui manque ce n’est pas le travail, mais l’emploi. Il faudrait aussi se demander si le gouvernement tchadien maintient le chômage pour avoir à payer des salaires plus bas ? Stratégie politique ? Mais la vision du partage de la richesse nationale oblige que le gouvernement place la lutte contre le chômage parmi ses priorités.

La question du chômage n’étant pas fondamentalement économique, il faut voir la question sous d’autres angles. Ainsi, il faudra également s’engager dans la lutte contre les inégalités sociales, contre les injustices, contrôler les mouvements de capitaux, les paradis fiscaux. Pour y arriver, une véritable politique de l’éthique sociale s’impose. Autre démarche possible et non la moindre, c’est de contrôler si ce n’est arrêter l’hémorragie de la privatisation des secteurs clés tels que la société d’eau et d’électricité, les télécommunications, etc. Enfin, les nombreuses mutations que connaît l’organisation du travail nécessitent une réelle adaptation des politiques de plein emploi. Le marché du travail va en dépendre énormément. Il sera donc judicieux de mettre sur pied des vraies lois du travail pour l’ensemble des opérateurs économiques et particulièrement des grosses entreprises privées.

Lona Ouaidou, Ramadan

 

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