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Plaidoyer pour un don volontaire de sang pour sauver de vies

Juil 04, 2022

Le don de sang est un acte qui permet de sauver de vies. Mais au Tchad, ce geste salvateur n’est pas encore ancré dans les habitudes. Pour comprendre le rôle et l’importance du don de sang, la rédaction Ialtchad Presse est allée  au centre national de transfusion sanguine (CNTS) qui est un centre de production de produits sanguins, pour échanger avec le directeur sur les difficultés que rencontre cette institution dans la production et la conservation du sang. Reportage.

Créé par une loi en 1996, et a son décret d’application en 2000 qui définit son statut. Le CNTS a pour objectif de produire du sang. Dans ce centre, on prélève du sang chez des personnes supposées être en bonne santé qu’on appelle donneur.

Pour le directeur du CNTS, Dr Mbanga Djimadoum, quand on prélève le sang, on fait un certain nombre d’examens immuno hématologiques, c’est-à-dire le groupage sanguin qui permet de classer les poches de sangs en groupe A, B, AB et enregistre le positif et le négatif. Il explique qu’on fait de dépistages qui permet aussi de rechercher les principales maladies transmissibles par le sang. Selon lui, au Tchad et dans la région Afrique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), c’est le VIH1 et 2, l’hépatite b, c et la Syphilis. Dr Mbanga Djimadoum souligne que ce sang est dans les banques de sang. C’est quand les demandes leur parviennent qu’ils remettent le sang pour administrer aux malades qui en ont besoin.

À la question épineuse, des Tchadiens qui refusent de donner leur sang, le directeur du CNTS estime qu’on met le doigt sur la plaie. Le directeur fait un petit recule en expliquant que vers les années 1972, quand la première banque du sang était créée, la transition sanguine était basée sur le don volontaire à 100%. Mais c’est après les évènements qu’on a constaté qu’il y a un recul du nombre de donneurs volontaires. Il ajoute que cette situation a permis l’apparition des donneurs familiaux et c’est eux qui ont pris le pas sur les donneurs volontaires. « Jusqu’aujourd’hui nous avons de difficultés à avoir suffisamment du sang en stock pour faire face aux éventuelles urgences », dit-il.  Le directeur affirme que le don volontaire de sang vient de quelqu’un, qui volontairement décide de venir faire un don pour un malade qu’il ne connaît pas. Les études ont montré que le don volontaire du sang permet d’éviter les maladies transmissibles, donc quand quelqu’un vient volontairement donner son sang, c’est quelqu’un qui a conscience de son état de santé. Selon lui, quand un membre de la famille est malade, les gens sont forcés de venir pour se proposer de donner leur sang et que les donneurs familiaux sont moins fiables. C’est dans ce sens que, dit-il, l’OMS insiste sur la transfusion basée sur les donneurs volontaires.

Au centre de la transfusion sanguine du centre hospitalier général de référence, les donneurs familiaux sont à majorité à plus de 85%. Le directeur relève seulement 14 à 15% de donneurs volontaires, il y a 4 ans. Il précise que les données de 2021 ont mis en exergue un don volontaire de seulement 7,13 % pour la ville de N’Djamena.  

Au sujet du sang qui serait vendu par les employés du CNTS, le directeur de ce centre national est clair. Au Tchad tout le monde sait que la poche du sang est gratuite jusqu’à preuve du contraire et l’institution qu’il dirige, ne vend pas de poches de sang. Il soutient qu’il faut distinguer deux cas, et cela n’est spécifique au Tchad, ça se passe de la même manière un peu partout dans le monde. Le Dr reconnaît qu’il y a de brebis galeuses dans toute société et au CNTS, il n’en manque pas, surtout que le sang est un produit précieux. Il soutient que quand un produit est rare, il donne lieu à une spéculation. « Nous avons eu de plaintes que certains de nos collaborateurs vendent du sang, mais quand nous demandons à ceux qui se plaignent de nous aider à mettre la main sur ceux-là afin de les sanctionner, ils se rétractent », explique le directeur du CNTS.

La conservation du sang est coûteuse

 Le sang humain est tellement précieux que pour le conserver dans de bonnes conditions, afin qu’il puisse être utile aux éventuels, il faut de moyens pratiques. À son avis, les poches dans lesquelles on prélève du sang sont importées, les réactifs aussi sont importés, et la conservation a un coup. Le chercheur insiste en soulignant que les produits sanguins sont l’une des matières les plus coûteuses quant à leur production et à leur conservation.

À propos de la durée de la conservation du sang, Dr Djimadoum dit que cela dépend du produit, parce que quand on prend une poche du sang, on peut fractionner en plusieurs composants dont on peut en faire un concentré de globules rouges, un concentré de plaquette standard et du plasdon frais congelés. Il ajoute que les différents composants ne se conservent pas de la même façon. Selon lui, les globules rouges peuvent être conservés à 4 degrés et peuvent durer pendant 35 jours. Les paquettes ne vivent que 5 jours et il faut avoir une salle climatisée avec une température et le plasdon, une température de 35 degrés et peut durer un an.

Le directeur lance un appel aux Tchadiens de donner leur sang pour sauver de vies, car le sang humain, quel que soit les avancées de la science, on ne peut pas le fabriquer de manière industrielle. Il exhorte aussi les bonnes volontés à se mobiliser pour mettre à la disposition du CNTS ce produit pour les éventuels malades.

Jules Doukoundjé
Nadège Hountinto

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