L’économiste Kébir soutient affirmé du CMT

Jui 20, 2022

Difficile de le mettre dans une case tellement il est partout. Il porte plusieurs casquettes : est-il un influenceur? Un leader d’opinion? Un libre penseur? Il préfère le titre de spécialiste des politiques publiques. Il ne se lasse jamais de débattre même lorsqu’il est attaqué de toute part. Il est fonctionnaire de métier. Il rejette le droit à la réserve du à son statut de fonctionnaire avançant des arguments juridiques de la Fonction publique qui l’autorise. Il a été le plus jeune candidat à l’élection présidentielle de 2016 avant de se faire recaler. Il a été membre du cercle de réflexion stratégique pour la réélection, en avril 2021, du défunt président Deby Itno. Il est président du Think Tank « Tchad, notre patrimoine ». C’est un soutien du Conseil Militaire de Transition. Nous recevons Kébir Mahamat Abdoulaye pour échanger sur l’actualité, sur ses prises de position, sur la transition, etc.

Vous êtes fonctionnaire, M. Kébir, vous êtes partout dans les médias et sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent Kébir est un fonctionnaire, il est tout le temps dans les médias en train de parler ?

C’est une question qui revient de façon récurrente, pour moi c’est normal, les gens posent cette question pour pouvoir comprendre. Effectivement un fonctionnaire est un travailleur qui a un contrat avec l’État, il a des droits et des obligations. Il faut rappeler que nous sommes dans un système démocratique et la liberté d’expression est garantie par la Constitution. Nous avons la loi 17 en son article 7 qui reconnaît que le fonctionnaire jouit de la liberté comme les autres citoyens. Plus loin, l’article 8 et 9 disent que les fonctionnaires peuvent se constituer en association, en organisation syndicale pour garantir leurs intérêts. Cependant certains fonctionnaires sont tenus à l’obligation de réserve, ce qu’on appelle la neutralité politique selon leurs statuts. Il s’agit des magistrats, des policiers, les militaires, les gendarmes, etc. Dernier point important tous les fonctionnaires sont tenus à respecter le secret professionnel qui est différent de l’obligation de réserve.

Vous êtes président d’un Think Tang (groupe de réflexion), cela fait partie de la société civile ?

Think Tank est une appellation anglaise. C’est un groupe de réflexion. J’aime être dans ces genres d’organisation.

On peut-être fonctionnaire et être dans un Think Tank, être dans un parti politique, etc. sans problème ?

Oui cela ne pose pas un problème. La loi le permet.

Vous avez suggéré la baisse de la bonbonne de gaz à 1000. Il y a depuis quelques jours une pénurie. Vous l’économiste, qu’est-ce qu’on fait ?

Oui j’ai constaté aussi. Jusqu’aujourd’hui je ne sais pas les causes de cela. Est-ce que c’est une spéculation ? Est-ce qu’il y a un problème de spéculation, est-ce que c’est au niveau de l’apprivoisement ?Au niveau de la production ? Au niveau des prix ? Est-ce que la demande et plus forte ?C’est un phénomène nouveau qui se répète. Bref la production est suffisante pour couvrir les besoins de la population. Maintenant par rapport au prix, nous au niveau du Think Tank Tchad, notre patrimoine nous avons fait 100 propositions qui correspondent aux 100 jours de l’avènement du Conseil Militaire de Transition (CMT). C’est dans ce document que nous avons fait la proposition de baisser le prix de la bouteille de gaz de 2000 à 1000 pour donner accès aux ménages les plus démunis.

On est carrément dans la pénurie. Pas de solution, vous l’économiste ?

Est-ce qu’on parle de pénurie ? Je crois qu’il faudra attendre pour voir la réaction du ministère du Commerce ou de l’Autorité de régulation du Secteur Pétrolier Aval Tchad (Arsat) ou un communiqué de société nationale du raffinage.

M. Kébir vous êtes un soutien affirmé et assumé du CMT. La transition se déroule depuis plus d’un an. Tout va bien ? Il y a quelque chose à améliorer ? À corriger ?

Comme toute transition il y a des moments difficiles. Lorsque le CMT a été mis en place, au début les gens n’avaient pas compris. Et disaient pourquoi le CMT a été créé ? Certains réclamaient le retour à l’ordre constitutionnel ? Aujourd’hui la transition fonctionne. Elle fonctionne sans grande difficulté, sans grand obstacle et sans crise majeure même s’il y a eu quelques couacs.

Quels couacs ?

Par exemple certaines manifestations organisées. Des manifestations qu’il faut au bénéfice du CMT. Le droit de manifester est devenu une réalité effective dans notre pays. Plus de 20 manifestations ont été organisées soit le nombre le plus élevé depuis 1960. C’est une avancée. Les partis politiques continuent de fonctionner normalement, la presse et les libertés d’association aussi marchent bien.

Est-ce que vous êtes en train de nous dire que c’est un cadeau fait aux Tchadiens par le CMT ? Les Tchadiens ont le droit de manifester, non ?

Ce n’est pas le CMT qui donne, mais le CMT assure. Malgré le contexte sécuritaire et le décès du Maréchal, le CMT a assuré. Vous avez vu depuis un an le Conseil national de transition (CNT) fonctionne, il y a un gouvernement d’union nationale et la continuité de l’État.

M. Kébir. Non pour rétablir un peu la vérité ce n’est pas un gouvernement d’union nationale pour préciser à nos téléspectateurs. C’est issu d’un coup d’État.

Non je récuse votre terme de coup d’État. Ce qui s’est passé n’est pas un coup d’État.

C’est quoi selon vous ?

Le gouvernement n’a pas été renversé, le président est mort au combat, aucune arrestation, les membres du gouvernement étaient là. Donc un coup d’État est quelque chose de prémédité.

M. Kébir c’était des civils qui ont pris le pouvoir ?

Non ce ne sont pas des civils. Ce sont des généraux lorsqu’on parle de CMT. Ils ont pris leurs responsabilités historiques.

Vous ne répondez pas à ma question. C’était un coup d’État oui ou non ?

Non ce n’était pas un coup d’État. Le président de l’Assemblée nationale a décliné l’offre de prendre le pouvoir.

Il y a eu des manifestations contre la France, vous étiez contre. Vous avez qualifié les manifestants d’enfants et d’idiots. Pourquoi vous dites cela?

Je vais un peu préciser l’expression que j’ai utilisée. Les téléspectateurs peuvent aller lire mon texte qui est encore disponible. J’ai employé l’expression « les idiots utiles ». Une expression utilisée par Lénine, dirigeant de l’ex-URSS pour qualifier les gens instrumentalisés, manipulés.

Par qui ?

On a vu des gens instrumentalisés, des enfants, des gens qui ne connaissent même pas la cause. Moi-même je suis allé rencontrer les manifestants pour échanger avec eux. La plupart étaient des adolescents, des enfants, il y avait aussi des adultes, mais « c’est quoi France barra ? »

Pour l’équilibre M. Kébir, les manifestations du 14 mai étaient contre l’ingérence de la France dans les affaires tchadiennes.

Il y a un autre objectif aussi, c’est demander le départ de l’armée française du Tchad et des bases militaires françaises.

Vous êtes pour ou contre ?

Ce n’est pas la France qui a décidé d’envoyer ses troupes ici. Ce n’est pas aussi la France qui a décidé d’avoir des bases ici. Ce sont les anciens chefs d’ États tchadiens qui ont fait appel à la France. Vous savez les bases militaires étaient justifiées à l’époque.

Est-ce vous êtes en train de dire que les Tchadiens n’ont pas le droit de manifester chez eux contre la présence d’une force étrangère ?

Pas les Tchadiens. Ceux qui sont sortis manifester le 14 sont des Tchadiens. Ils ont le droit de manifester contre le CMT combien de fois contre la France. Ils ont le droit de manifester contre la France, mais ils n’ont pas le droit d’aller au-delà du but, de casser, de vandaliser les biens d’un ami historique du Tchad. Il faut réviser les accords entre le Tchad et la France pour un nouveau partenariat entre les deux pays. Ces accords doivent être votés par l’Assemblée nationale pour qu’ils soient transparents et accessibles.

Et les arrestations des leaders ?

 Ils sont les responsables en cas de débordements, de casses et de morts. Ils sont les premiers responsables. Ils doivent assumer, c’est ainsi qu’ils ont étés arrêtés conduits à Moussoro et jugés. C’est une décision de justice qu’il faut respecter. Je pense que la justice a même été clémente. 1 an avec sursis. Je dis cela par rapport à la gravité des faits. Personnellement je ne veux pas de cela, mais malheureusement on est arrivé à cela.

Le Dialogue national (DN), qu’est-ce que vous en pensez ?

Le DN n’est pas mené au rythme qu’on souhaitait. Le pré dialogue au niveau national c’est fini depuis longtemps. Maintenant, il y a le pré dialogue avec les politico-militaires qui prend du temps, cela fait 3 mois qu’ils sont à Doha. Qu’ils arrivent à un accord pour que le grand dialogue puisse se tenir rapidement sans aucun tabou.

Justement question sans tabou, le fédéralisme va-t-il faire partie des débats ?

Oui. Le fédéralisme est aussi l’une des thématiques. Il y a d’autres sujets plus importants.

Le sentiment de beaucoup des Tchadiens ce que l’État unitaire a échoué. Ils ont le droit de tenter le fédéralisme non ?

 Nous avons commencé avec l’État unitaire puis nous sommes arrivés à L’État unitaire décentralisé. Puis dans les années 2000, nous sommes passés à l’État unitaire fortement décentralisé qui n’a pas connu une application effective.

Vous avez suivi la sortie de celui qu’on appelle le grand-frère national Daoussa Deby qui disait en gros que la transition va mal, le pays va mal. Il appelait la jeunesse à plus de compétence. Plus de patience lorsqu’on sait qu’il faisait partie de ceux qui ont géré bien ou mal géré ce pays. Qu’en pensez-vous de sa sortie sur l’état de la nation?

J’ai suivi l’entrevue. C’est l’un des oligarques de l’ancien régime. Lorsqu’il qualifie les climats des affaires de dégueulasse voire très dégueulasse, je suis étonné. Il jette des accusations, surtout des accusations qui concernent le CMT.

Il dit que tout va mal  

Est-ce que ce qu’il a dit s’est passé en une année ? Je ne pense pas. Donc sans se rendre compte, il rappelle les années ou lui-même faisait partie intégrante, l’épine dorsale du régime. De toutes les façons, c’est un Tchadien il a le droit de s’exprimer.

Vous comme soutient du CMT, vous n’avez pas senti qu’il réglait ses comptes ? Qu’il est mécontent ?

Qu’est-ce qu’il vise derrière cette entrevue, mais tout ce qu’il a dit n’est pas justifié. S’il n’est pas content est-ce qu’il faut qu’il le dise à travers une entrevue ? Je constate qu’il retrouve sa liberté d’expression.

C’est juste une liberté d’expression ?

Il ne pouvait pas dire cela quand le Maréchal était vivant.

Est-ce qu’il n’a pas dit la vérité sur le CMT ?

J’ai dit qu’il a le droit d’exprimer son avis. Je ne partage pas entièrement son avis.

Vous êtes aussi comme dit plus haut président du Think Tank Tchad, notre patrimoine. Vous avez été reçu par le président de la transition. On ne rentre pas à la président sans sortir avec une enveloppe, dit-on. Avez reçu un appui financier du président de la transition ? Dites aux Tchadiens clairement qu’est qui s’est passé ?

Depuis l’arrivée du CMT au pouvoir, le président de la transition reçoit régulièrement les partis politiques, les associations, des Tchadiens de la diaspora, etc. C’est dans ce cadre et à notre demande que nous avons été reçus. Nous l’avons rencontré le 12 janvier et lui ont remis un document qui contenait 100 propositions. Nous lui avons présenté nos vœux du Nouvel An. Et nos activités. Nous sommes dans une phase importante de notre, nous n'avons rien reçu. Aucune enveloppe. Aucun centime. S’il faut demander ou recevoir quelque chose du président de la transition, est-ce que c’est à travers une rencontre publique ? Je ne pense pas. Il y a plusieurs autres moyens.

Non c’est parce qu’il y a eu beaucoup de bisbilles dans votre organisation.

Je voulais que tous les membres soient reçus par le président de la transition, mais le protocole exige un maximum de 5 personnes, pas plus. C’est comme cela que j’ai choisi 5 personnes pour cette rencontre. Certains ont mal interprété.

Comme vous êtes proche du CMT, le président de la transition Mahamat Idriss Deby Itno ne se présentera pas ?

Moi j’ai une autre approche, c’est-à-dire que tout Tchadien qui souhaite se présenter à une élection présidentielle il faut lui accorder ce droit. Il ne faut pas accorder ce droit à certains et empêcher d’autres.

Parce qu’il assure une transition. Il ne faudra qu’il reste juge. Non ?

En 1990 il y a eu une période de transition, jamais on n’a soulevé un problème.

30 ans plus tard, est-ce que c’est faisable ? C’est acceptable ? Il n’est pas mieux d’être arbitre ?

La décision lui appartient. Ce n’est pas à nous de décider à sa place. S’il estime que non moi j’assure la transition jusqu’à la fin sans me présenter c’est son droit. S’il souhaite se présenter à l’élection présidentielle, c’est aussi son droit. On ne peut pas accorder ce droit aux autres et le lui refuser.

Parce que les autres n’ont pas assuré la présidence de la transition

Est-ce que c’est la première fois qu’on organise une transition et que ceux qui sont à la tête de cette transition ne se sont pas présentés. Vous savez en 2016, on a commis la grosse bêtise en relevant l’âge de candidature à la présidence de 35 à 45 ans. Cela a cristallisé l’année 2017, 2018 jusqu’au second forum de 2021 pour encore pour relever l’âge de 35 à 40 ans. Il faut laisser les Tchadiens choisir leurs dirigeants.

Bello Bakary Mana

 

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