Les avocats suspendent leur grève

Jui 08, 2022

Les avocats tchadiens viennent de suspendre leur grève déclenchée il y a quasiment un mois suite à l'arrestation des personnes et surtout leurs confrères lors de la marche autorisée, le 14 mai dernier. Une décision commune prise à l'issue d'une Assemblée générale organisée ce mercredi, 8 juin 2022 au centre culturel Al-Mouna de N'Djamena, Tchad. Reportage.

Le Bâtonnier Me Dionro Laguerre Djerandi à la sortie de l'Assemblée générale, déclare qu'ils ont cessé le travail suite à l'arrestation des personnes après la marche du samedi 14 mai dernier. « L'audience foraine a fini par une condamnation d'un an avec sursis. Nous nous sommes retrouvés en Assemblée générale pour évaluer tout cela. Unanimement, nous avons décidé de la suspension de la grève en espérant que la Cour d'Appel qui sera saisie et qui a un pouvoir d'évocation entende le droit et que cette décision de condamnation soit purement et simplement annulée », dit le Bâtonnier. A son avis, cette condamnation n'a pas sa raison d'être. Il estime que même si c'est une condamnation avec sursis, c'est une condamnation. Autrement, le problème n'est pas entièrement résolu, insiste-t-il.

Me Laguerre soutient qu'ils reprennent leurs activités en attendant d'attaquer cette affaire-là à la Cour d'Appel pour son annulation. « De notre évaluation, il se dégage que notre revendication ultime n'a pas été prise en compte. Nous avons demandé une libération pure et simple de ces personnes, car un procès ne devait pas avoir lieu, mais il a fini par avoir eu lieu », dit l'avocat. Il déplore les conditions d'arrestations de ces personnes et toute la procédure qui a suivi jusqu'au procès en audience foraine à Moussoro.  Pour le Bâtonnier  ce n'est pas une surprise. D'après lui, ils ont eu plusieurs échanges, mais si au niveau du parquet ils apprennent que les instructions leur venaient d'un haut niveau, rien de surprenant.

Toujours selon Me Laguerre, ce sont les juges de siège qui sont indépendants  qui ont rendu cette décision. Au regard du droit  dit-il, ils auraient pu faire autrement. « Mais la question de leur indépendance, vous le savez que l'indépendance du pouvoir judiciaire pose problème. C'est un problème réel dans ce pays. Notre lutte de chaque jour est que le pouvoir judiciaire soit véritablement indépendant de l'exécutif et du législatif. A l'égard des juges, nous disons que l'indépendance judiciaire s'arrache », affirme l'avocat. Les magistrats, soutient-il, doivent eux-mêmes  être déterminés afin de faire œuvre utile, d'être plutôt esclave de la loi et non de quelqu'un ou d'une institution. Le Bâtonnier pour se résumer affirme que tous les acteurs judiciaires doivent s'impliquer dans cette lutte pour faire rayonner la justice tchadienne. « Pour nos confrères avocats, en attendant que la décision ne soit appréciée par la cour d'Appel, ils peuvent effectuer normalement leurs activités d'avocats », clarifie-t-il.

Moyalbaye Nadjasna

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