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Des commerçants au marché moderne de Dinguessou déguerpis

Mai 11, 2022

L'espace réservé au marché moderne de Dinguessou dans le 8e arrondissement de la capitale tchadienne a été déguerpi par les agents de la mairie de cette commune il y a quelques jours. Reportage.

Une dizaine de boutiques construite et occupée par des ateliers de soudures, de quincailleries, des vendeurs de gaz butane et aussi de quelques occupants sur la partie sud aux abords de la route de Gaoui a été déguerpie. Selon les témoignages recueillis sur place par Ialtchad Presse, la commune de l'arrondissement n'aurait pas averti les propriétaires moins encore les occupants de ce lieu avant de procéder au déguerpissement.

L'espace qui était dédié au marché moderne qui n'a jamais vu le jour jusqu'à là serait aujourd'hui attribué aux hauts gradés de l'armée nationale. Selon Daoud, locataire d'une boutique déguerpit « les agents de la commune du 8e arrondissement étaient passés sur le lieu il y a de cela dix (10) jours environs en mettant des croix sur les boutiques, mais sans nous informer où nous avertir qu'il s'agit d'un déguerpissement ». Toujours selon M. Daoud, à la grande surprise au lendemain de cette opération, ils se sont présentés pour nous dire de quitter le lieu et le samedi matin ils étaient venus pour déguerpir nos boutiques. « Cet espace réservé au marché moderne est actuellement attribué aux généraux », affirme-t-il.

Sur le lieu déguerpi, c'est désarroi. Une handicapée, mère de 5 enfants, dont 3 fils biologiques et 2 orphelins qu'elle élève, propriétaire d'une boutique où elle loge s'est retrouvée sans abris avec tous ses effets exposés dans la rue. Elle donne sa version de fait « à 3 jours de la fin du mois de ramadan, des individus sont venus mettre des croix sur les murs sans nous avertir de quoi s'agit-il exactement, un samedi matin, ils se sont débarqués avec leur bulldozer Caterpillar, accompagné des forces de l'ordre, ils nous ont obligés à faire sortir nos effets avec brutalité et violence (verbale et physique) et procédé au déguerpissement. Lorsque nous voulons filmer, ils nous ont arraché nos téléphones. Le lieu est attribué aux généraux, c'est dommage », lance-t-elle. Selon un autre propriétaire d’une dizaine de boutiques, présent sur le lieu, affirme, « comme nous n’habitons pas loin d'ici, le samedi matin en passant j’ai constaté que la Mairie procédait au déguerpissement, nous sommes approchés pour demander les raisons. Leur réponse était surprenante. Ils ont affirmé que c'est un ordre qui d'en haut ». Selon eux, ils ne sont que de simples exécutants. Lorsque nous avons voulu photographier, ils nous ont interdits en saisissant nos téléphones et ceux des autres qui filmaient la scène. Nous avons appris que ce lieu a été attribué aux généraux. Nous n'acceptons pas cela dit la victime.

Quant à la mairie du 8e arrondissement, elle n'a pas voulu se prononcer sur l'affaire et nous a orientés vers le service de cadastre.

Abderamane Moussa Amadaye

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