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Transition : le flou comme règle

Avr 14, 2022

La transition tchadienne entre dans son 12e mois. Plus que 6 mois pour arriver au dialogue. Jusqu’à là, rien n’a fondamentalement changé. Le flou comme méthode de gouvernance fait son chemin. Plus ça change, plus c’est pareil. « Mahamat Kaka » doit se débarrasser de cette méthode d’exercice du pouvoir qui va sans doute vers l’abime.

Il cherche à confisquer la transition. Pourquoi ?

Regardez bien les agissements de celui qu’on croyait être un agneau. Il s’est « loup sifié » au fil des jours. Il hameçonne tous ceux qui depuis des années ont entrepris de combattre la fausse démocratie du père Maréchal. À part quelques rares, ils sont tous dans la sauce : le PLD de Mahamat Ahmat Alhabo est dedans, l’Undr de Kebzabo a envoyé des seconds couteaux pour tromper la vigilance des Tchadiens. Wakit Tama a tenté « l’entrisme » cher à un grand roublard de la vie politique. Cette plateforme tente ces derniers jours de se défaire de sa tentation. Étonnement, Les transformateurs se sont tus. Ce silence semble conforter la thèse de ceux qui gravitent autour de la junte. Et qui lâchent toujours ces petites phrases « les Transfos sont dans la sauce avec le retour du blanchi ministre du Pétrole Le Bemadjiel, proche des Transfo. ». Les Transfos transformés? En tout cas, leur ardeur diminuée étonne. Interroge. Mais passons…

Le quotidien des tchadiens aux oubliettes

Parce que les Tchadiens en cette période de ramadan manquent d’eau et d’électricité pour ne pas dire de tout. Manquer d’eau et d’électricité en 2022 et être ignoré par celui qui dit vouloir changer le pays en assurant une transition apaisée n’est pas rassurant. Surtout qu’il a gardé toutes les vilaines méthodes et les vilains copains du vieux système. Même les adversaires d’hier et les alliés d’aujourd’hui sont presque tous confondus : les camelots soi-disant activistes, les opportunistes politiques passent désormais leur temps pour dire aux Tchadiens que Kaka est un gentil. Et que c’est même une chance pour le pays. Les Tchadiens ne veulent ni des gentils ni des veinards, ils veulent des gens sérieux qui ont des solutions pour leur quotidien. Et qui leur donne des gages pour changer profondément ce pays.

Le désordre jusqu’au palais rose

Parce qu’au flou s’est rajouté le désordre administratif partout dans le pays. Même le Palais n’y échappe pas. Ces derniers jours les luttes intestines à la présidence ont connu leurs apogées avec la démission du Directeur de cabinet civil du PCMT. Sa démission en soi n’est pas le problème, mais le spectacle qui s’en est suivi est ahurissant. Le Dircab argumente dans sa lettre de démission  comme quoi elle n’est pas un acte politique. C’est plutôt, dit-il, pour des raisons institutionnelles et interpersonnelles. Il enfonce le clou et désigne l’origine de son départ par une certaine « irrationalité administrative » dont le PCMT serait victime. Cette démission est bel et bien un acte politique.

Pour l’argument interpersonnel, tous les regards sont tournés vers le secrétaire particulier du président de la transition. Par ses agissements, il mettrait en péril la transition. Lui. Tout seul serait responsable. Alors que le PCMT  serait encore cet innocent agneau que Dieu doit guider dans le bon chemin. Ces arguments sont non seulement infantilisants, mais inexacts. Le secrétaire particulier du PCMT dans la stratégie du flou entretenu par la junte, joue pleinement son rôle. Celui du « méchant » pour que le PCMT s’enracine contre la volonté des Tchadiens.

Enfin, le flou, toujours le flou pour proroger l’échéance des 18 mois. Techniquement, il n’est plus possible de respecter ce délai. Et personne n’est disposé a enduré pour 18 mois supplémentaires, le PCMT, ses amis et ses alliés de circonstance.

Bello Bakary Mana

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