Justice en grève, l’étonnant silence des autorités

Avr 05, 2022

Les magistrats en grève illimitée protestent contre les agressions et des actes de violence perpétrés contre eux et sur les acteurs judiciaires par les forces des défenses et de la sécurité et certains individus mal intentionnés. Le Droit de l’Homme sans frontière et les avocats dénoncent le silence des autorités. Reportage.

Selon Me Djonkissam Kalandi, secrétaire général des Droits de l’Homme sans frontières (DHSF), c’est une grève qui est légale. Il précise que les magistrats incarnent le pouvoir judiciaire malheureusement, ils sont violentés par les justiciables et les forces de l’ordre. À son avis, les gens oublient une chose, lorsqu’on va à la justice on peut gagner ou perdre le procès. « C’est déplorable, lorsqu’on perd le jugement au Tchad, on s’acharne contre les magistrats. Bien dommage encore, tout le corps judiciaire est menacé ce dernier temps. Nous faisons un travail transfrontalier de protection des droits de l’homme, mais seul au Tchad, des pareilles choses se passent », dit-il. Ces actes sont inhumains et dégradants, affirme le SG des DHSF. Le défenseur des droits de l’homme affirme qu’ils avaient récemment dépêché une mission sur le terrain vers le sud du pays pour constater un autre cas d’agression des magistrats. C’est triste dit-il. « Nous regrettons le silence des pouvoirs publics face ce qui se passe et à la grève des magistrats. Notre position au niveau de droits de l’Homme sans frontière est claire. Nous condamnons ces agressions physiques perpétrées chaque fois contre les magistrats », confie le SG des DHSF.

Pour lui, le pays est sans justice actuellement et les conséquences sont notoires. Les détentions provisoires surtout en pénal et les gardes à vue se prolongent, remarque-t-il. D’après le SG des DHSF lorsque c’est la grève, les parquetiers ne peuvent pas vérifier et constater les arrestations dans les cahots des commissariats et brigades. Or s’inquiète-t-il, certaines personnes sont arbitrairement gardées. Les justiciables qui ont leurs dossiers en instance ne sont pas non plus fixés sur leur sort, ajoute Me Djonkissam.

« Si les plus hautes autorités étaient attentives aux revendications des magistrats, la grève n’aurait pas lieu. L’appareil judiciaire est à terre par la faute du gouvernement. Il faut que le gouvernement soit prêt à écouter les magistrats et répondre à leurs doléances », plaide-t-il. À son avis, les conséquences de la grève relèvent de la responsabilité de l’État.

Au nom du barreau du Tchad le Bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro affirme : « dans un pays lorsque la Justice ne fonctionne pas et est aux arrêts, cela doit émouvoir les autorités. Elles doivent le plus rapidement trouver de solutions pour la reprise des activités. » Selon lui, l’indépendance de la justice et la sécurité des acteurs judiciaires sont en jeu. Le Bâtonnier doigte le manque de professionnalisme des forces de la défense et de la sécurité. Il suggère au gouvernement de réagir d’une manière prompte et efficace afin de montrer l’intérêt accordé au pouvoir judiciaire. Me Djerandi, exprime que les avocats sont solidaires avec les magistrats. Il soutient que la primauté du droit est en cause et aucun acteur judiciaire n’est indemne. Le barreau du Tchad appelle les plus hautes autorités à instruire des mesures fortes qui s’imposent pour garantir la sécurité des acteurs judiciaires. Les auteurs et complices doivent être arrêtés et jugés conformément à la loi, conclut-il.

Moyalbaye Nadjasna

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