Print this page

Justice : Lary jugé non coupable pour infraction non constituée

Mar 04, 2022

Au cours d’une audience publique ce matin 3 mars 2022, le tribunal de grande instance de N’Djamena, statuant en matière correctionnelle de simple police déclare l’activiste Ahmat Haroun Lary, non coupable pour infraction non constituée. Il condamne la partie civile aux dépens. En janvier 2022, le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun, a déposé une plainte contre sieur Lary pour diffamation, injures et outrage. Reportage.

L’activiste tchadien monsieur Ahmat Haroun Lary poursuivi pour diffamation, injures et outrages contre le maire de la ville de N’Djamena M. Ali Haroun est désormais libre. Il vient d’être déclaré non coupable pour infraction non constituée. Une décision judiciaire rendue suite à une audience publique ce 3 mars par les juges de 1ere première instance, statuant en matière correctionnelle de simple police. Ce matin vers 9h30, plusieurs dossiers ont été parcourus par les juges. L’affaire Ali Haroun contre Lary a été abordée à partir de 13h et close vers 14h et demie. Des parents, amis et sympathisants ont rempli la salle d’audience.

Du côté du prévenu comme du plaignant, les avocats ont plaidé en collectif. Ils ont fait la démonstration de leur talent en matière de la défense. De temps en temps, le président du Tribunal maintenait le calme dans la salle d’audience. Un procès accrochant, les avocats se reliaient au fur et à mesure pour défendre leurs clients. Le collectif des avocats du maire de la ville de N’Djamena, citant les articles 143, 340 et suivants du Code pénal, note deux éléments matériels de l’infraction reprochée au sieur Lary. Ils évoquent les vidéos incriminées pour lesquelles ils ont fait une analyse séquentielle d’une part, et d’autre part, le procès-verbal prélevé. Selon eux, sieur Lary accuse le maire d’être à l’origine de l’arrestation du maire déchu Foullah, d’un détournement d’un fonds, etc. ils énoncent que c’est à force de répétition des vidéos que M. Ali Haroun a déposé une plainte. Ils disent qu’ils réclamaient le rétablissement de l’honneur de leur client, en tant que père de famille, commis de l’État. Les défenseurs du maire ont demandé aussi une condamnation pécuniaire modeste d’une somme à hauteur de seulement 1FCFA.

A leur suite, la parole a été remise à Mme le procureur. Dans sa réquisition, elle a signifié que tout ce qui a noté est au conditionnel. La parquetière a souligné que le conditionnel n’est pas une affirmation, mais une supposition. A son avis sieur Lary n’a pas diffamé, le travail d’un activiste c’est de soulever les débats autour d’un intérêt public. Le maire étant une autorité publique et a de compte à rendre aux publics, car l’argent de la mairie est généré par les contribuables. Selon elle, l’activiste n’a pas diffamé. « Nous sommes dans un pays démocratique et la dénonciation est une arme de la démocratie », a soutenu Mme le procureur.

Pour Me Djatto Aimé, un des avocats de sieur Lary, les juges ont dit le droit et ont relaxé leur client pour infraction non constituée. C’est la chose la plus normale à son avis. « Je pense qu’on ne doit pas utiliser la justice pour rendre compte. La justice est là pour réglementer la vie en société dans le bon sens. Il n’y a pas de super citoyen, ils sont tous égaux devant la loi. Ce que les juges viennent de faire c’est un message fort envoyer à l’intention de ceux qui se croient être au-dessus de la loi », a confié l’avocat.

Pour Me Djatto, nous sommes en démocratie et rien ne va empêcher à sieur Lary de dénoncer, car il a une carte rose. Selon lui, il faut critiquer pour qu’il y ait la bonne gouvernance et une gestion saine des choses publiques. C’est une mission de tous, mais si très peu le font, il faut les encourager. Il estime que leur client n’a pas des excuses à demander, ce sont de chantages il ne se reconnaît pas fautif. Il souligne que la parquetière était à la hauteur de son travail, c’était loyal.

Moyalbaye Nadjasna

  • AIMEZ / PARTAGEZ AUSSI LA PAGE IALTCHAD PRESSE