Le PCMT taxe la justice de laxiste, le corps judiciaire réagit

Fév 26, 2022

Le président du conseil militaire de la transition(PCMT), le général du corps d’armée Mahamat Idriss Deby a qualifié de laxiste la justice tchadienne.  Il a fait cette déclaration suite à la marche des magistrats pour demander plus de respect des droits humains.  La sortie du PCMT est diversement analysée par les juristes. Reportage.

Le président du conseil militaire de la transition, Mahamat Idriss Deby n’apprécie pas le travail des magistrats tchadiens. Le PCMT s’exprimait à propos de la sortie des magistrats tchadiens pour réclamer la justice et le respect des droits humains. Il a ainsi dénoncé le laxisme et la corruption qui gangrène la justice de son pays. Faisant allusion aux évènements qui ont endeuillé Abéché et Sandan, le général du corps d’armée a rappelé aux magistrats qui dénonçaient le manque de liberté de la justice que certaines personnes arrêtées et jugées ont été libérées par les magistrats. Le général Mahamat Idriss Deby avait évoqué que le problème de Sandanan à l’origine était un problème judiciaire mal géré. En dénonçant cette faille de la justice, le PCMT refuserait de porter seul la responsabilité des conflits qui ont endeuillé des communautés dans plusieurs provinces du pays.

Mais les propos du président du CMT qui est lui-même le premier magistrat sont qualifiés d’une fuite de responsabilité.

Pour le bâtonnier du Tchad, Me Djerandi Laguerre Dionro, la justice tchadienne n’arrive pas à assumer normalement sa mission qui est celle de veiller au respect du droit, au respect des lois par tous et aussi de préserver le droit de chacun. À propos de la corruption qui gangrène la justice, le bâtonnier souligne que ce n’est pas faux. Mais, il précise qu’on doit demander pourquoi la corruption continue à gangrener la justice tchadienne ? L’avocat se demande aussi pourquoi le corrompu et le corrupteur ne sont pas sanctionnés et continuent cette pratique. « Qu’est-ce que les autorités en charge font pour résoudre ce problème. Je pense que le PCMT lui-même le sait. Il faut une indépendance réelle de la justice », propose Me Djerandi Laguerre Dionro.

Le responsable du barreau tchadien suggère que l’État améliore les conditions de travail des magistrats en augmentant par exemple leur salaire et les conditions matérielles. Il exhorte le PCMT à prendre à bras le corps ce problème. Me Laguerre interpelle le PCMT en tant que premier magistrat président du conseil supérieur de la magistrature de poser des actes concrets. Il évoque également les représentants de l’État dans les provinces qui ne laissent pas les magistrats faire leur travail. Selon lui, ces commandants, préfets et gouverneurs qui ne comprennent rien de l’indépendance de la justice font à leur tête. Le bâtonnier estime que le problème de la justice est à différents niveaux, il faut nommer les magistrats compétents et d’une certaine probité morale et faire respecter l’ancienneté des magistrats.

Dans le même registre, l’ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, le professeur Ahmat Mahamat Hassan rappelle que le PCMT a effectivement dit que certains magistrats seraient corrompus en évoquant le problème de Sandanan. Le prof Ahmat Mahamat Hassan souligne que le président a dit que le problème de Sandanan était au début un problème judiciaire mal géré. Selon lui, la déclaration du PCMT décrit certaines réalités du corps judiciaire. À son avis, ses propos ne devraient pas surprendre les magistrats. Tout le monde sait les magistrats sont corrompus. Selon l’ancien ministre de la Justice, la corruption est à tous les niveaux, dans les tribunaux et les cours d’appel. Le Prof Ahmat Mahamat Hassan explique qu’il y a un divorce net entre la population et les acteurs judiciaires, cela depuis des années. Pour lui, il y a des intermédiaires judiciaires, des influences politiques, des interférences des politiques dans le judiciaire. L’enseignant chercheur a l’impression qu’au Tchad tout se règle à coup d’argent. Il note que la République et les lois sont mises de côté par les citoyens et l’État.

Jules Doukoundjé  

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