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Charbon de bois : le ministre Lazina saisi des tonnes

Fév 25, 2022

Le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable Mahamat Ahmat Lazina, accompagné du commandant de la garde forestière et d’une forte délégation de son département ont sillonné plusieurs marchés de N’Djamena, la capitale tchadienne, pour saisir le charbon du bois vendu illégalement. Cette saisie a fait réagir plusieurs vendeuses de charbons qui ne vivent que de ce commerce. Reportage.

La vente du charbon de bois est interdite sur toute l’étendue du territoire national depuis presque 10 ans. Mais ces dernières années, cette loi interdisant la vente du charbon de bois ne semble pas être respectée. Dans les marchés de la capitale tchadienne, on constate au vu et au su de tout le monde, cette vente. La vente du charbon de bois semble être l’une des affaires les plus lucratives sur les marchés. Certains commerçants et surtout les personnes handicapées avec leurs motos tricycles vont chercher du charbon de bois à Kousseri, de l’autre rive du fleuve Logone au Cameroun pour le revendre dans les marchés de N’Djamena. Certains pratiquent la coupe illégale dans les alentours de la capitale, mais aussi dans les provinces pour apporter à N’Djamena.

Mais pour mettre fin à cette pratique illicite et illégale, le ministre tutelle, accompagné d’une forte délégation sont allés dans les marchés de la capitale tchadienne pour saisir du charbon.

Pour le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina, la vente du charbon de bois est interdite par une loi. Il faut que les gens prennent conscience et changent de comportement. Il exhorte les femmes vendeuses de charbon de bois à arrêter cette activité et d’investir d’autres secteurs d’activités. « Nous sommes aujourd’hui responsables de la destruction de l’environnement et l’histoire nous rattrapera. Tout doit s’arrêter, car nous faisons face à l’avancée du désert et de changements climatiques », a affirmé le ministre de l’Environnement. À son avis, la protection de l’environnement doit être l’affaire de tous les Tchadiens.

D’après M. Mahamat Ahmat Lazina, tous ceux qui croient défier l’autorité de l’État doivent cesser. Sinon, ils risquent de se retrouver en prison. Il promet de mener une guerre sans merci pour retrouver ceux qui s’adonnent à la coupe abusive de bois pour en faire du charbon.

Mais cette sortie musclée et inattendue n’a pas du tout été du goût des femmes vendeuses qui qualifient la sortie du ministre Lazina d’hasardeuse. Elles estiment, être victimes d’une machination politique visant à plaire ses supérieurs. Les femmes vendeuses de charbon de bois rencontrées dans quelques marchés de la capitale affirment qu’elles achètent le charbon de bois chez les personnes handicapées qui s’adonnent au trafic de cette source d’énergie de façon légale à Kousseri aux vues et au su des autorités frontalières.

Pour cette femme handicapée qui vend du charbon de bois depuis 5 ans, c’est grâce à cette activité qu’elle élève seule ces 7 enfants. Elle ajoute qu’avec son tricycle, elle va chaque matin à Kousseri au Cameroun pour se procurer du charbon de bois. Toujours selon elle, c’est grâce à la vente de charbon de bois qu’elle parvient à payer son loyer et à inscrire ses enfants à l’école. Selon elle, si le ministre doit lutter contre la désertification, il doit plutôt instruire les agents des eaux et forêts qui sont dans la plupart corrompus de bien contrôler ceux qui coupent des arbres pour en faire du charbon de bois. Elle souligne que les vendeuses du charbon de bois ne sont qu’un maillon faible de la chaîne et qu’elles sont victimes de la loi du plus fort.  Même argument chez cette vendeuse rencontrée au marché d’ardepdjoumbal, appelé communément « marché Ndombolo ». Elle affirme que les éléments du ministre de l’Environnement ont saisi ses sacs de charbon hier mercredi. Sous couvert de l’anonymat, elle explique qu’elle a fait face au ministre Lazina et lui a dit ses quatre vérités. Selon elle, les vendeuses de charbon de bois ne sont pour rien. Elle promet de continuer cette activité, car dit-elle, c’est de cette vente qu’elle vit.

Après le tour dans les marchés de N’Djamena, le ministre de l’Environnement a aussi fait une descente surprise dans la nuit du 23 au 24 février dans la province du Chari-Baguirmi. Cette sortie surprise a permis au ministre et sa délégation de saisir plusieurs camions transportant du charbon de bois et de bois verts.

Jules Doukoundjé

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