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Intention d’exclure Erdimi du dialogue : Koulamallah critiqué

Fév 22, 2022

Les propos du ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, parlant de la disqualification du chef rebelle Timane Erdimi du pré-dialogue des politico-militaires de Doha, au Qatar, fait réagir de nombreux analystes et leaders de la société civile. M. Timane Erdimi aurait échangé avec un ex-conseiller politique centrafricain de sa volonté de s’allier au groupe paramilitaire russe Wagner pour renverser le régime du Conseil militaire de la transition (CMT), dirigé par le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby. Reportage.

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, avait exprimé la semaine dernière, l’intention du CMT d’une probable exclusion de Timane Erdimi du pré-dialogue des politico-militaires prévu pour le 27 février prochain à Doha, au Qatar. Le ministre avait réagi suite à la fuite d’un document sonore où l’on aurait entendu Timan Erdimi faire part de sa volonté de coopérer avec le groupe paramilitaire russe, Wagner pour renverser le président du conseil militaire de la transition (PCMT) et ses alliés français.

Mais, ses propos ont fait réagir plusieurs analystes et certains leaders de la société civile tchadienne. Beaucoup qualifient la position du porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah de va-t’en guerre. Ils estiment que le ministre devrait adopter une position de rassembleur. Pour eux, le ministre devrait se retenir.

Critiquant les propos de Abderaman Koulamallah, l’enseignant chercheur de l’université de N’Djamena, le Dr Évariste Ngarlem Toldé estime que l’interception de cette communication ne peut pas être à l’origine d’une exclusion. Pour lui, même s’ils n’avaient pas intercepté cette communication, ils savent que tout mouvement politico-militaire a des alliés ou il est à la recherche des alliés. « À ce que je sache, cette interception ne doit pas pousser le gouvernement à prendre une telle décision », ajoute, l’analyste.  Selon lui, il n’y a aucun accord avec le politico-militaire et le gouvernement, moins encore avec le comité technique spécial. À son avis, le fait de chercher à suspendre Timane Erdimi du dialogue va pousser les autres politico-militaires à lui apporter leur soutien. L’enseignant chercheur de l’université de N’Djamena estime que la position du ministre porte-parole du gouvernement pourrait faire rétracter plusieurs de politico-militaires. Evariste Ngarlem Toldé explique qu’il devait avoir lieu le 15 février dernier à Doha, une rencontre entre Timane Erdimi et les autres groupes politico-militaires, mais c’est reporté. Mais, précise-t-il, le CMT avait appelé les responsables qataris à ne pas abriter cette rencontre. Pour lui, si les gens prennent les armes, c’est pour conquérir le pouvoir. Selon l’analyste, s’il n’y a pas de dialogue avec les politico-militaires, il n’y aurait pas de dialogue national inclusif. « Il faut éviter de prendre des décisions sur un coup de tête, ce n’est pas important », dit-il.

Abondant dans le même sens, le coordonnateur de la plateforme des organisations de la société civile Wakit Tama, Me Max Loalngar, souligne que c’est une opinion, mais provenant du Ministère de la Communication, qui s’avère être celle du gouvernement, c’est grave. Selon lui, on dialogue avec les personnes qui ont une opinion contraire à la nôtre. L’avocat estime que dans le cadre de la recherche de la paix au Tchad, personne ne doit être laissé sur le quai. Pour le coordonnateur de Wakit Tama, quelle que soit la position de Timan Erdimi, en tant que membre d’une faction rebelle, devrait être convié à ce dialogue. Selon lui, la position de ce politico-militaire ne devrait pas surprendre les autorités, puisqu’il a pris les armes pour s’opposer. De l’avis de l’avocat, le gouvernement devrait jouer le rôle de conciliateur en appelant tout le monde à la table de négociation, quelles que soient les positions des uns et des autres. « C’est irresponsable de la part du porte-parole du gouvernement de faire une telle déclaration », dit-il.  Me Max Loalngar souligne que personne ne sait absolument rien des autres groupes politico-militaires et de leurs partenaires. Il précise que le plus important, c’est de faire asseoir tout le monde autour de la table pour trouver des solutions durables aux problèmes tchadiens. Selon lui, ceux qui sont là et qui ne parlent pas sont en train de dîner avec Wagner, mais personne ne le sait. Le coordonnateur de Wakit Tama exhorte le porte-parole du gouvernement à se ressaisir et maintenir la dynamique pour la tenue d’un dialogue inclusif et sincère pour tourner la page noire du pays.

Jules Doukoundjé

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