vendredi 29 mars 2024

Les auxiliaires de justice marchent et dénoncent l’injustice

Fév 22, 2022

Suite aux évènements de Faya, d’Abéché et de Sandana qui a abouti par mort d’Homme, les avocats, huissiers de justice et notaires ont organisé une marche pacifique ce lundi 21 février 2022 pour exiger  le respect des droits humains et la justice au Tchad. La marche est partie de la Cour Suprême pour finir au Ministère de la Justice. Reportage.

Ils sont descendus dans la rue pour dire non à la prolifération des armes. Non à l’impunité. Non à l’esclavage et à la traite des êtres humains. Non à la violence institutionnelle : ce sont les messages écrits sur les pancartes. Ils sont destinés au pouvoir exécutif. Selon les manifestants, tous ces maux ont fait que la balance de la justice n’est plus dans sa position initiale. C’était une marche silencieuse. Elle est partie de son point de départ, la Cour Suprême pour se disperser devant le palais de Justice de la capitale, N’Djamena. Arrivée au ministère de la Justice, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Le portail du ministère est fermé pour empêcher les marcheurs d’entrer. Tout de même, ils se sont tenus debout devant le ministère pour exprimer leur message. Tour à tour, les présidents de la Chambre des Huissiers (CH), des notaires et des avocats disent exprimer leur mécontentement face à l’injustice galopante. Prenant la parole, Maître Eldjimbaye Mbaïhodoum Élysée président de la CH du Tchad, demande une minute de silence en mémoire des concitoyens qui ont perdu la vie de manière gratuite selon ses termes. Pour lui, le Tchadien ne peut pas contribuer à acheter des armes pour qu’elles se retournent contre lui faisant allusion aux tueries de Faya, d’Abéché et de Sandana, Me Eldjimbaye affirme que l’injustice crée l’insécurité. « Dans un État de droit, le règlement de conflit se fait par la justice, quel que soit le degré de ce problème. C’est comme ça que fonctionne l’État de droit. Nous sommes au regret de voir autre chose dans notre pays. Alors nous voulons exprimer notre désaccord total pour ce qui se passe maintenant ». Me  Eldjimbaye d’ajouter que les décisions de justice sont rendues tous les jours, mais ne sont pas traduites dans les faits. Il n’y a que la justice qui élève une nation et l’État doit se soumettre aux décisions de justice. A-t-il souligne. Aussi, il signale que le Tchad tient la queue sur le plan de développement parce qu’il n’existe pas de justice équitable pour tous.

Maître Djomian Germain président de la chambre des notaires lui, explique le contexte de leur marche. Selon  Me Djomian, il est rare de voir les avocats habillés en toge pour réclamer Justice. Ils se disent dépassés par la recrudescence de la barbarie et de la violation du droit à la vie. Et que la noirceur de leur robe ne suffit pas pour exprimer cette douleur. « Tous les Tchadiens ont droit à la vie. Quand leur vie est menacée, ils doivent faire recours à la justice. Mais les auxiliaires de justice ne peuvent pas faire normalement leur travail parce que l’État ne lève pas le petit doigt pour les protéger », affirme-t-il. De son avis, beaucoup d’auxiliaires de justice sont menacés au quotidien. L’État tchadien nous manque de considération poursuit-il, en faisant miroiter la séparation des pouvoirs exécutifs, législatif et judiciaire. Il réaffirme le vœu de tous qui est celui d’exercer librement le métier des professions judiciaires sans l’injonction du pouvoir exécutif.

Le dernier intervenant était Me Djerandi Laguerre Dionro président de la chambre des avocats. Il appelle l’État à assumer ses responsabilités. Il affirme que ce n’est pas une demande, moins encore une prière, mais une obligation pour l’État de prendre ses responsabilités vis-à-vis des situations. « La justice que nous vivons maintenant n’est pas celle que nous voulons. Il y a l’impunité totale, certains Tchadiens se croient supérieurs aux autres. Nous voulons un nouveau Tchad ou tout le monde est égal devant la loi », dit-il. Plus loin, il demande à l’État de prendre ses responsabilités en nommant des administrateurs formés et compétents dans les postes de responsabilités et non des analphabètes et des semi-lettrés. Me Djerandi conclut en disant que quand l’État est faible, nous périssons et nous avons peur de nous retrouver dans l’état de nature. Le ministère de la Justice qui a fermé son portail aux marcheurs a fini par envoyer son secrétaire général et son directeur des ressources humaines à la rencontre des marcheurs. Ces derniers ont reçu de la main des auxiliaires de justice, un mémorandum de 6 pages destiné au président du Conseil Militaire de Transition (CMT) Mahamat Idriss Deby Itno. La marche est suivie de 3 jours d’arrêt de travail.

Kouladoum Mireille Modestine

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