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Musique : Mawndoé en interview

Written by  Oct 08, 2002

Entretien avec le chanteur Tchadien du Groupe Burkinabé "Yeleen". Le jeune Moundoulais Manwdoé se confie à ialtchad. Il nous parle de lui et surtout de son groupe Yeleen, qui est aujourd'hui considéré comme le nouvel espoir du Rap au Burkina. Ils (Smarty et Mawndoé) sont revenus de la Suisse le 14 avril après une tournée très remarquable et ils ont eu droit à un accueil hollywoodien à leur arrivée à Ouagadougou.

Ialtchad Presse : - Mawndoé, les Tchadiens qui ont entendu parler du groupe YELEEN savent que l´un des deux membres est d´origine tchadienne. Peux-tu te présenter à tes compatriotes?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : Je suis Célestin Mbaïtoubam MAOUNDOUE, 27 ans et je viens de Moundou. Mon complice s´appelle Louis Salif KIEKIETA, alias Smarty et il est du Burkina. Lui il est le rappeur et il est aussi un bon parolier, tandis que moi je suis chanteur et je compose les mélodies de nos chansons ; je le dois un peu à mes origines de griot.

Ialtchad Presse : -  Un mot sur ton parcours.

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : J´ai commencé ma carrière au Tchad et je crois que les gens onteu à me voir avec mon groupe Inchallah. En 1998 je suis parti au Niger et je suis resté quelque temps à Niamey avant de poursuivre au Burkina où je vis depuis mars 1999. Quand je suis arrivé ici j'ai repris le métier que j'avais appris auprès de mon père, c'est-à-dire la sculpture, à la Fondation Oloroun à Ouagadougou. Mais j'ai continué à travailler ma voix et ma musique. Avec ma guitare, je faisais de petites animations ici et là, et j'ai collaboré avec le groupe de rap Attentat. Toute cette expérience m'a permis de découvrir beaucoup de choses et exploiter des talents qui étaient en moi.

Ialtchad Presse : - Comment est né le groupe YELEEN ?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : YELEEN comme vous le savez est composé de deux personnes à savoir Smarty et moi-même Mawndoé. Dans nos prestations live, nous sommes accompagnés par des musiciens de l´orchestre Kalyanga qui ont d´ailleurs fait le voyage de la Suisse avec nous, du 06 mars au 14 avril dernier. Pour le moment, nous n´avons pas encore un vrai orchestre YELEEN.

Pour ce qui est de la genèse du groupe, je peux dire que le groupe est né au hasard des rencontres. Quand j´ai fait la connaissance de Smarty, je préparais la sortie de mon album solo et après bien des péripéties, on a fini par se mettre ensemble et former un groupe qui fait du rap et de l´afro soul. YELEEN signifie « lumière » en langue bambara et ce nom résume vraiment notre parcours à chacun. Le premier album « Juste 1 peu 2 lumière » est sorti en décembre 2001, nous l´avons produit nous-mêmes et on s´est vraiment battu parce qu´on avait rien. Le groupe continue son chemin et on ne sait pas ce que nous réserve l´avenir. On remet les choses entre les mains de Dieu.

Ialtchad Presse : - Vous avez pris part à l´édition 2002 des KORA en Afrique du Sud en novembre passé, comment avez-vous vécu la chose ?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : Je rappelle que notre groupe était nominé dans les catégories « meilleur espoir masculin- 2002 » et « meilleur groupe africain- 2002 ». Nous n´avons pas eu de prix mais ce qui est important ce sont les rencontres que nous avons pu faire. Ici au Burkina les gens ont pris ça vraiment au sérieux parce que pour eux, YELEEN était leur affaire. Nous avons dû parler pour faire comprendre aux gens que c´est pas un match de football, mais il y a un jury qui désigne un groupe sur la base de certains critères, or le jury est toujours souverain : Avec ou sans le prix, on fera la fête ! Je crois que beaucoup ont été déçus quand ils ont suivi la cérémonie de remise de prix mais quand on est revenu, on est passé encore à la télé pour parler aux gens. Je crois qu´ils ont compris. L´aventure continue car nous pensons que nous sommes seulement à nos débuts.

Ialtchad Presse : -  Votre groupe commence à être connu à l´extérieur et vous avez déjà voyagé dans certains pays africains ainsi qu´en Europe. Est-ce le succès déjà ?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : En fait nous avons compris que rien ne sert de rester dans un cadre restreint car la musique est universelle. Si les gens aiment votre musique, même s´ils ne comprennent pas la langue, ils vont écouter ! Je chante dans plusieurs langues du Tchad et d´autres pays africains et c´est curieux, lors des concerts, je suis surpris de voir que les gens connaissent ces morceaux. Nous nous sommes dit qu´il fallait ouvrir nos horizons et c´est comme ça qu´on voyage pour faire connaître notre musique et faire partager le message d´espoir avec des publics différents. Si les gens aiment, c´est bien, mais il ne faut pas dormir sur ses lauriers et se dire que c´est le succès. Nous continuons à travailler nos compositions et à nous perfectionner.

Ialtchad Presse : - A quand YELEEN au Tchad ?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : Je comprends l´attente des gens et je sais qu´on nous pose la question depuis quelque temps déjà. Je veux d´abord rassurer les gens que nous allons venir au Tchad et je serai très heureux de retrouver les miens. Mais nous continuons à préparer le voyage, on trouvera les moyens et le temps de venir et je ne souhaite pas faire de fausses promesses aux gens. Quand nous serons prêts, à ce moment-là nous allons annoncer notre arrivée avec des dates précises.

Ialtchad Presse : - Peux-tu nous dire si la sortie du deuxième album de YELEEN est prévue pour bientôt ?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé: Bien sûr ! L´album sort en décembre 2003 si tout va bien et cela fera exactement deux années après la sortie de « Juste 1 peu 2 lumière », notre premier album. Nous avons enregistré au studio et il reste à régler les problèmes liés à la production et à la distribution du produit. Chaque détail compte et il faut y aller doucement. Pour le moment on ne peut rien dire, les gens découvriront l´album et ils auront le temps d´apprécier.

Ialtchad Presse : - Un message pour les jeunes restés au Tchad ?

Célestin Mbaïtoubam Mawndoé : Mon message est un message d´espoir : il ne faut pas baisser les bras ! Certains pensent quitter le pays pour tenter leur chance. Je leur dit qu’à l´étranger, on peut réussir, c´est vrai mais ce n´est pas toujours évident car les difficultés sont nombreuses. L´aventure peut aussi tourner au cauchemar et on a vu des gens partir et revenir les pieds devant. À chacun sa chance, comme on dit. Mais sur place aussi on peut se donner les moyens de réussir et poser des actes pour donner un sens à sa vie.

Interview réalisée par Brahim Wardougou 

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