vendredi 29 mars 2024

Insécurité : Des mesures jugées insuffisantes

Déc 17, 2021

Insécurité : Des mesures jugées insuffisantes

La décision du ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration d’interdire la détention et l’utilisation illégale d’arme légère et de petit calibre pour lutter contre l’insécurité grandissante est jugée insuffisante. Plusieurs intellectuels et leaders de la société civile estiment que cette mesure n’est pas la bonne solution. Ils réclament des actions concrètes contre l’impunité pour instaurer la justice et la paix. Reportage

Pour lutter efficacement contre l’insécurité au Tchad particulièrement dans la capitale, N’Djamena, tous les moyens sont bons, pourvu qu’ils soient efficaces pensent les Tchadiens. Les autorités en charge de la sécurité publique ont pris le 11 décembre dernier des mesures interdisant la détention et l’utilisation illicite d’arme légère et de petit calibre. Cette décision a fait réagir. Certains intellectuels et leaders de la société civile estiment que cette mesure est insuffisante pour permettre de lutter contre l’insécurité.

Pour le vice-président de l’association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH), Djékourninga Kaoutar Lazare, la Constitution du Tchad dit clairement qu’on ne doit pas porter atteinte à l’intégrité physique ni morale d’un individu. Toutefois, le défenseur des droits humains estime que ce qui se passe ce dernier temps au Tchad est une anarchie. Selon lui, l’ insécurité ne doit pas en principe être un problème. C’est le rôle régalien de l’État d’assurer la sécurité de sa population.  À propos des mesures prises, il estime que les autorités ont, plusieurs fois dans le passé, pris ces mêmes mesures, mais que personne n’avait respectées. Pour lui les agressions et l’attaque de la semaine dernière contre le domicile de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Ahmat Khazaly Acyl sont inacceptables. M. Djékourninga Kaoutar Lazare exhorte les autorités à assumer leur responsabilité.  « On connaît ces gens. Il faut appliquer la loi, il faut qu’ils soient interpellés et jugés par rapport à leurs actes », dit le vice-président de l’ATPDH.

Pour lutter contre l’insécurité, il affirme que le pays a des institutions chargées de la sécurité publique : la police nationale, la gendarmerie nationale et la garde nomade sont bien formées pour assurer la sécurité sur toute l’étendue du territoire national. Au sujet des fouilles corporelles organisées par les agents de la sécurité, il ajoute que c’est normal.  Toutefois, il déplore que cette fouille ne concerne malheureusement pas tout le monde. M. Lazare estime que c’est surtout tard la nuit que certains Tchadiens refusent d’être fouillés et cela peut avoir des conséquences pour tout le monde.

Abondant dans le même sens, le président de l’Alliance tchadienne universelle pour la défense des droits de l’homme (ADH), Acheikh Ben Seid estime quant à lui que le port d’arme est suspendu depuis 1991, mais n’a pas résolu le problème récurrent d’insécurité, surtout à N’Djamena.  Il précise aussi que les militaires vont de maison en maison pour arracher les armes des citoyens qui ont l’autorisation de port d’arme. Selon lui, pour éradiquer l’insécurité dans la capitale, il faut désarmer les citoyens qui ne respectent pas la loi (les intouchables). Il soutient que ce sont les militaires et les hommes et les femmes qui gravitent autour du pouvoir qu’il faut indexer. « Il faut que le ministre de la Défense prenne sa responsabilité, les armes sont avec les colonelles et les généraux. Ce sont eux qui sont les intouchables », dit-il. Acheikh Ben Seid souligne que le ministre de la Sécurité publique doit chercher ailleurs et non chez la population civile. Pour lui, ceux qui empêchent la population civile de vaquer normalement à ses occupations sont des militaires, les officiers de l’armée et leurs enfants. Il estime que les autorités en charge de la sécurité savent où se trouvent les armes. Il demande aux autorités d’avoir le courage d’aller chez les officiers pour les désarmer et la ville de N’Djamena va retrouver la paix.

Selon Me Djomia Germain, notaire et président de la chambre nationale des notaires du Tchad, le port d’arme est réglementé pour les civils. Il affirme que ceux-ci doivent avoir un permis pour porter une arme. Au sujet des mesures prises par le gouvernement, Me Djomia Germain estime que les magistrats ont des raisons légitimes de porter les armes. Mais il souligne que les armes portées par des citoyens honnêtes sont un moyen dissuasif contre les criminels. « Nous demandons à l’État de réglementer strictement la détention et le port d’arme. Nous constatons que ces armes pullulent en ville », dit le notaire. Au sujet de l’impunité, le notaire affirme qu’elle est l’une des causes de l’insécurité. Il faut, selon lui, que les délinquants soient réprimés, et sanctionnés conformément à la loi. Et qu’ils purgent leur peine. Il ajoute que cela serait dissuasif pour ceux qui sont tentés de commettre de crimes.

Jules Doukoundjé

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