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Fistule obstétricale : 700 cas en attente de traitement

Oct 28, 2021

La fistule obstétricale au Tchad touche pour la plupart des jeunes femmes. Ces jeunes femmes tombent dans la fistule suite à des accouchements difficiles. La fistule constitue aussi l’une des causes principales de la mortalité maternelle. Les femmes fistuleuses sont souvent victimes de rejets et de stigmatisation dans leur milieu. Malgré des efforts fournis par le gouvernement du Tchad dans la prise en charge, le défi reste immense. Reportage.

Selon le médecin, Dr Achta Saleh, la femme en travail lorsqu’elle n’arrive pas à accoucher 2 à 3 jours et s’il y a une compression, elle risque de faire la fistule. Cette compression, dit-elle, peut occasionner un petit trou à l’entremise de l’organe sexuel. « La femme ne pourra plus faire des urines et cette accumulation dégage des odeurs insupportables. Cette mauvaise odeur est la source de stigmatisation et de rejet social », explique-t-elle. Le médecin ajoute que la fistule obstétricale est une forme sévère de morbidité maternelle. D’après Dr Achta, ce sont souvent des jeunes femmes pauvres, non scolarisées en milieu rural avec des revenus et statuts faibles qui sont les plus touchées. « On estime à 1000 cas de fistule obstétricale par an au Tchad. De 2011 à nos jours, 2973 cas sont opérés et réparés soit 200 ou 300 cas de réparation par an. Ce qui montre que chaque année, 700 cas de fistules attendent toujours la réparation. Raisons, soit par manque des chirurgiens spécialisés soit par défaut de partenariat », soutient-elle.

Pour éclairer l’opinion publique, Dr Achta affirme que la fistule obstétricale existe dans toutes les provinces du Tchad. « C’est un profil épidémiologique que le programme a établi après des études. Lorsque la fistule obstétricale est diagnostiquée, il faut attendre 3 mois pour commencer le traitement », dit-elle.  Face au long temps d’attente, les victimes sont désemparées, soutient Dr Achta.

Le médecin affirme que les facteurs favorisants sont les mariages précoces, les mutilations génitales féminines, la faiblesse du statut de la femme, la faible utilisation des produits contraceptifs (causes des grossesses non désirées et des grosses précoces) et l’inaccessibilité aux soins obstétricaux. Dr Achta précise que le Tchad ne dispose que 2 centres de prises en charge des cas de fistule. Elle cite le centre d’Abéché, province du Ouaddaï et celui de N’Djamena la capitale.

Pour résoudre ce problème, elle propose, « une mobilisation des ressources additionnelles, l’application effective de la loi interdisant le mariage des enfants et la réduction de l’inégalité sociale entre les hommes et les femmes (promouvoir par exemple la scolarisation des filles). »

Dr Achta, appelle aux soutiens des bonnes volontés et des partenaires techniques et financiers. Elle affirme qu’un acte positif et humaniste va redonner le sourire aux 700 femmes fistuleuses qui attendent désespérément des soins.

Moyalbaye Nadjasna

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