jeudi 28 mars 2024

Au Mandoul la « Dia » sème la polémique

Oct 20, 2021

Le gouverneur de la province du Mandoul, Mme Diamra Betolngar a réuni le 15 octobre dernier à Koumra, la capitale provinciale, les chefs traditionnels et coutumiers pour réfléchir sur les problèmes qui minent la province.  Ils ont trouvé un consensus sur les modalités de réparations civiles en cas d’infractions graves. Mais ce consensus ne plaît pas à certains ressortissants et à la société civile qui qualifient la résolution de dia, contraire aux us et coutumes de la province. Reportage.

La province du Mandoul est l’une des provinces du sud où sévit depuis plusieurs années de conflits intercommunautaires qui empêchent le vivre ensemble et la cohabitation pacifique. Pour tenter de résoudre ce mal qui gangrène le Mandoul, la gouverneure, Mme Diamra Betolngar, en poste depuis juillet 2020, a réuni le 15 octobre dernier tous les chefs coutumiers et traditionnels pour trouver des solutions. La gouverneure et les chefs coutumiers et traditionnels ont trouvé un consensus sur les modalités de réparation civile en cas d’infractions graves, surtout sur le conflit agriculteur et éleveur qui fait couler du sang chaque année.  Selon ce consensus, en cas d’homicide volontaire, les parents du mis en cause devront payer 1,5 million de F CFA avec avance de 200.000 F CFA pour organiser les obsèques, accident de circulation et autres infractions, 1 million avec avance. Le comité de recours est composé d’un imam, d’un prêtre, d’un pasteur et d’un représentant associatif.

Pour la gouverneure, c’est après une longue concertation avec les autorités traditionnelles et religieuses qu’ils ont trouvé ensemble bon de mettre en pratique ces mesures envoyées depuis N’Djamena. Selon elle, la raison principale qui a motivé leur décision commune est la réalité tchadienne. « Nous savons tous que dans notre pays, on condamne une personne au sud, mais elle se retrouve libre au nord ou à l’Est et vice versa. C’est pourquoi nous sommes convenus d’adopter des réparations à l’argent pour permettre aux familles de la victime d’organiser le deuil de leur parent tué. Ce n’est pas une affaire de dia ou quoi que ce soit », précise Mme Diamra Betolngar.

Prenant le contre-pied, un jeune de cette province qui s’exprime sous couvert de l’anonymat, rétorque que le complot a atteint un niveau alarmant, celui de sa formalisation officielle, après qu’il fut progressivement mis en place depuis des décennies. Selon lui, le Mandoul est officiellement soumis à des lois iniques qui font des habitants autochtones des sous-hommes et les chefs de cantons et villages contraints de signer ce pacte inique et inconstitutionnel.

La polémique autour de ce consensus considéré par certains intellectuels du pays, les ressortissants de la province et certains membres de la société civile a fait réagir un magistrat. À propos de la dia au Mandoul, un magistrat qui préfère garder l’anonymat, écrit en réponse à ceux qui tentent de justifier le consensus que l’allocation des réparations civiles relève de l’appréciation souveraine du juge. Selon lui, ce sont les personnes qui ont directement souffert du fait dommageable qui ont le droit de solliciter l’allocation des réparations civiles. Il précise par ailleurs qu’il n’appartient pas à un groupe d’individus de se substituer à elles, au nom de la réalité tchadienne pour fixer le montant de la « dia ».

Jules Doukoundjé

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