Le conseil militaire de transition a atteint la barre de 100 jours passés à la tête du Tchad. L’occasion pour le président de l’UNDR, Saleh Kebzabo d’évaluer les actions de la junte militaire.
Tout d’abord, Saleh Kebzabo est revenu sur la décision de son parti, l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), de soutenir la transition. Il est pour lui de souligner que cette décision reste encore incomprise de certains Tchadiens. Cependant, Saleh reconnaît que cette décision du bureau exécutif de son parti est certes difficile, mais salutaire. Car, estime-t-il, si la transition se réalisait, elle marquerait le premier moment du transfèrement pacifique du pouvoir politique dans l’histoire moderne du Tchad. « En mon âme et conscience, j’en suis satisfait et j’estime qu’elle a le mérite d’avoir permis de sauvegarder l’unité et la souveraineté du Tchad », affirme-t-il.
Sur le bilan des 100 jours de gouvernance de la junte militaire, le président de l’UNDR relève que la gestion est nonchalante. « … donnant le sentiment que le CMT et le gouvernement tardent à satisfaire les attentes légitimes du peuple », a noté Saleh Kebzabo.
Au premier titre de ces attentes, souligne le président de l’UNDR, demeure la question cruciale de l’organisation du dialogue national inclusif. Pour lui, ce dialogue est l’occasion pour rassembler tous les Tchadiens, par-delà leurs convictions religieuses, leurs différences politiques et leurs appartenances ethniques et sociales, autour d’une seule et même table pour discuter de notre avenir commun. Ainsi, SK dit réaffirmer son attachement au caractère inclusif de ce dialogue. « J'appelle à un dialogue véritablement inclusif qui permettra aux Tchadiens de tourner résolument le dos aux démons de la haine et de la division, pour jeter les bases d’une communauté politique soudée et fière de sa diversité sociologique. C’est possible et le CMT doit s’y engager avec ardeur et conviction », lance-t-il.
Sur la mise en place des organes de transition, le président de l’UNDR relève aussi qu’il y a de la lenteur. Il évoque notamment la mise en place du Conseil national de transition (CNT), organe législatif. SK d’avertir que sa composition doit être faite de manière consensuelle et refléter la diversité des tendances politiques qui existent au sein de la nation. « La junte doit éviter la tentation de coopter des personnalités uniquement acquises à sa cause », met-il en garde.
Sur le plan administratif, SK se dit aussi écœuré par les nominations controversées faites par la junte au pouvoir. « Il ne devrait plus y avoir de clientélisme et de népotisme quand il s’agit d’occuper de hautes responsabilités d’État », fait-il la remarque. Les seuls critères valables sont la compétence, une solide expérience et une probité à toute épreuve, souligne SK. Pour lui, la géopolitique doit être prise en compte. Sinon, prévient-il, l’on retomberait dans les dérives de l’ancien système tant décriées.
Sur la question de l’emploi, le président de L’UNDR souhaite qu’elle soit une priorité durant cette période de transition. D’après lui, les spectacles de désolation qu’offrent souvent les diplômés sans emploi doivent interpeller les consciences. La solution ne réside pas uniquement dans l’intégration à la Fonction publique, dit-il. « L’État dispose de nombreuses manettes pour occuper les jeunes et leur assurer une certaine autonomie pour préserver leur fierté et leur dignité », croit-il.
Sur la question de la sécurité des personnes et des biens, le président SK s’inquiète de la recrudescence de l’insécurité dans la ville de N’Djamena et d’autres provinces. Mais aussi, il n’a pas passé sous silence le phénomène de conflit agriculteurs-éleveurs.
Sur le volet économique et financier, SK dit inviter le gouvernement de transition à apurer la dette intérieure pour permettre la relance économique. Selon lui le gouvernement de transition ne doit pas s’embarrasser d’ambitions qui ne relèvent pas de son programme.
Pour conclure, le président de l'UNDR insiste sur la nécessité d’organiser des élections couplées (présidentielle et législatives) à la fin de cette transition. D’après SK, il apparaît judicieux que le gouvernement présente une feuille de route pour situer clairement les prochaines étapes importantes de la transition. « Toute autre manœuvre dilatoire ne rencontrera pas notre adhésion. Nous avons opté pour une transition de 18 mois, gardons le cap », rappelle SK.
Enfin, le président de l'UNDR de féliciter la junte au pouvoir pour le maintien de la paix et de la stabilité après le décès brutal du président de la République Idriss Deby Itno le 20 avril.
« 100 jours après, l’on peut considérer qu’une paix relative est assurée dans le pays », affirme-t-il. Toutefois, il invite les Tchadiens à demeurer vigilants pour l’aboutissement de ce processus et la consolidation de la paix. « C’est un acquis évident et nous nous y consacrerons », promet SK.